Parution : 14/06/2012
ISBN : 9782360540525
248 pages (148 x 210)

20.00 €

King Crimson

Plus qu’un groupe ou qu’un style musical, King Crimson est un état d’esprit. C’est en tout cas ce qu’affirme sa figure emblématique, le guitariste et compositeur Robert Fripp. Une vision artistique qui transcenderait les individualités pourtant fortes (Ian McDonald, Greg Lake, Michael Giles, Mel Collins, John Wetton, Bill Bruford, Adrian Belew et Tony Levin) réunies sous cette dénomination, justifiant ses multiples réincarnations et son évolution musicale au long d’une carrière qui s’est étendue au total sur quatre décennies.
King Crimson reste considéré comme une formation référentielle bien au-delà du cénacle des amateurs de rock progressif, dont il est historiquement l’inventeur mais avec lequel il entretient des rapports ambigus. S’il en présente certains des traits caractéristiques – prédilection pour l’expression instrumentale, propension à la complexité harmonique et rythmique – il n’en demeure pas moins en marge de toute classification limitative.
Objet récemment d’une série de rééditions saluées comme un modèle du genre, l’œuvre de King Crimson mérite plus que jamais d’être (re)découverte. C’est tout l’objet de cet ouvrage qui, en apportant un précieux éclairage biographique, se veut surtout l’exploration, passionnante et précise, du propos musical et littéraire de King Crimson, de ses treize albums studio, et de sa discographie live particulièrement fournie.

Revue de presse

- King Crimson Michel Nicolas Prog-Résiste #80 2e trimestre 2015
- King Crimson Patrick Beaumont La Gazette Nord-Pas de Calais 27 novembre 2012
- King Crimson Denis Desassis CITIZEN JAZZ 5 novembre 2011
- King Crimson Charles Dunajewski ARTPRESS n°393 Octobre 2012
King Crimson Jérôme Pintoux JUKEBOX Octobre 2012
- King Crimson Phaco LE BLOG DE PHACO Septembre 2012
- Rockoscopie spéciale King Crimson David Taugis Judaïques FM 8 juillet 2012
- L'aventure King Crimson, ou par-delà le rock progressif Thomas Dreneau ARES Juillet 2012

- King Crimson

Dans le cadre du festival Prog-Résiste, le magazine du même nom chronique quatre de nos ouvrages qui reviennent sur ce genre musical.

À RETROUVER EN INTÉGRALITÉ ICI :

Partie 1

Partie 2

Michel Nicolas
Prog-Résiste #80 2e trimestre 2015

- King Crimson
Plus qu’un groupe, King Crimson est un état d’esprit selon sa figure emblématique, le guitariste et compositeur Robert Fripp. [...] King Crimson reste considéré comme une formation référentielle bien au-delà du cénacle des amateurs de rock progressif. Objet récemment d’une série de rééditions saluées comme un modèle du genre, l’oeuvre de King Crimson mérite plus que jamais d’être (re)découverte. C’est tout l’objet de cet ouvrage qui, en apportant un précieux éclairage biographique, se veut surtout l’exploration, passionnante et précise, du propos musical et littéraire de King Crimson, de ses treize albums studio, et de sa discographie livre particulièrement fournie.
Patrick Beaumont
La Gazette Nord-Pas de Calais 27 novembre 2012

- King Crimson

Après Pink Floyd, plongée dans l’œuvre d’un groupe paradoxal et Rock progressif, King Crimson est le troisième livre écrit par Aymeric Leroy pour le compte de l’éditeur marseillais Le Mot et le Reste. On peut faire confiance à l’auteur pour nous proposer une approche captivante de ce groupe anglais dont l’identité progressive a été incarnée durant plus de quarante ans (de 1969 à 2003, pour la discographie) par la personnalité plutôt austère de son leader Robert Fripp ; mais une identité également forgée par une volonté de renouvellement fonctionnant par cycles, avec notamment pour conséquence de fréquents changements de personnel.

Voici donc un ouvrage à la fois savant et pédagogique, reflet fidèle de la lucidité et de la méticulosité presque clinique d’un expert en la matière [1]. Aymeric Leroy sait toujours prendre du recul, faire la part des choses et éviter le piège de l’hagiographie finalement peu instructive. Son livre, fruit d’un travail d’analyse rigoureux, presque austère, s’appuie sur les événements qui ont jalonné l’histoire du groupe ainsi que sur un grand nombre d’interviews ; l’auteur y superpose ses observations personnelles, à caractère musicologique. Le résultat est un ouvrage de référence qu’on recommandera à tous : les connaisseurs entendront la musique au fil des descriptions, les autres auront envie d’écouter. Tous seront également heureux de mieux comprendre le sens caché des premiers textes de Peter Sinfield, observations du monde contemporain parfois revêtues d’atours médiévaux.

Impossible de résumer l’histoire de King Crimson en quelques lignes. Dans une remarquable introduction (suivra une narration très documentée de l’histoire de cet énigmatique groupe anglais à partir de sa discographie [2], que l’auteur dissèque à la façon d’un entomologiste), Aymeric Leroy livre les clés d’une formation qu’on a peut-être un peu vite cataloguée dans la mouvance du rock progressif, probablement parce que l’esthétique de sa première mouture, celle du légendaire album In The Court Of The Crimson King, y incitait beaucoup.

En réalité, si King Crimson est bien un des pionniers de ce courant, il en a toujours évité certains travers. Il ne ne sombrera jamais, par exemple, dans la préciosité néo-rhapsodique clinquante façon Emerson, Lake & Palmer, ni dans la théâtralisation excessive de Genesis, mais portera un regard plus grinçant sur le monde en recourant souvent à des couleurs moins consensuelles, voire à la dissonance. Au cours de son histoire, King Crimson partagera avec le rock progressif une certaine complexité dans l’élaboration des compositions et un indéniable raffinement rythmique, mais se détachera de ses codes par un besoin récurrent de minimalisme, par de longues séquences d’improvisations, l’utilisation de technologies de pointe et, petit à petit, la suppression des passerelles vers le classique ou le jazz.

Après un premier cycle à caractère collectif (où Ian McDonald et le parolier Peter Sinfield occupaient une place de premier plan) l’idée se fait rapidement jour d’une musique qui doit dépasser ses interprètes et ses créateurs et où Robert Fripp, désormais maître à bord, exerce avant tout une espèce de contrôle qualité. En 1973 paraît Larks’ Tongues In Aspic, qu’Aymeric Leroy définit à juste titre comme « le symbole de l’éternel crimsonien ». Un acte de naissance pour Fripp en tant que compositeur. Refusant toutes les compromissions à caractère commercial (piège dont Yes ou Genesis furent en leur temps les victimes consentantes), il n’hésitera pas à saborder plusieurs fois King Crimson pendant pour de longues périodes ; le guitariste est habité par une exigence de renouvellement constant, tout en cherchant à perpétuer l’esthétique de la période (souvent considérée comme la plus fascinante) 1973–1974, qui se s’achèvera avec Red, album de feu sombre et urgent, dont l’ultime séquence, « Starless », est à elle seule un fulgurant condensé des cinq années passées.

L’histoire de King Crimson est donc marquée par des éclipses parfois prolongées et d’importants changements de personnel. Citons entre autres le batteur Bill Bruford, présent de 1973 à 1997, soit une « durabilité » exceptionnelle ! En schématisant, on peut parler d’une première époque « symphonique » de 1969 à 1972, puis d’une « électrique » de 1973 à 1974 avant la dissolution du groupe, brutale et présentée comme définitive ; sept ans plus tard, King Crimson revient pourtant avec Discipline, un album majeur, pour une troisième période de trois ans et une identité plus américaine du fait de la présence de Tony Levin à la basse et surtout du guitariste-chanteur Adrian Belew, promu au rang de contrepoids créatif (et ce jusqu’à la fin). Suivirent d’autres éclipses, d’autres expériences, celles des Projeckts, des doubles trios et leurs soundscapes (enfants naturels des « frippertronics » des années 70 et 80), avant un ultime retour à l’aube des années 2000. Puis, silence discographique depuis 2003 et l’album The Power To Believe.

Originalité, électricité, modernité, radicalité, intégrité… quelques mots pour cerner les contours complexes de la « crimsonicité » ! Avec ce livre, Aymeric Leroy nous offre un éclairage précieux sur une page assez fascinante de l’histoire récente de la musique. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, le même Leroy a assuré la traduction, toujours aux éditions Le Mot et le Reste, de Bill Bruford, l’autobiographie, un livre très attendu de la part d’un musicien dont on a évoqué un peu plus haut la très longue contribution à l’histoire de King Crimson. Bruford raconte donc sa vie et ses expériences. Crimson bien sûr, mais aussi Yes, Genesis, UK, Earthworks. Une histoire qui part de son enfance et nous fait découvrir un vrai travailleur de la musique, dont l’humour so British n’est pas le moindre des attraits. Un texte alerte (et fort bien traduit, soulignons-le), construit comme autant de réponses aux questions « bateau » qu’il s’est vu infliger à partir du jour où il a choisi ce mode de vie ; un livre qu’on dévore parce qu’il nous plonge au cœur de son quotidien et de ses questionnements, ceux d’un artiste lucide qui peut parfois avoir la dent dure mais n’est jamais pris en défaut de sérieux dans la conduite de ses projets. Même lorsqu’il doit se battre contre les défaillances inopinées de sa batterie électronique ! Bruford, ne l’oublions pas, est un des plus passionnants percussionnistes des quatre dernières décennies. Il s’en faudrait de peu que, tout comme lui, on soit saisi par le besoin irrépressible de se procurer un coussin d’exercice pour s’entraîner chez soi à jouer les apprentis batteurs… Son autobiographie, passionnante, est un vrai plaisir de lecture.

CITIZEN JAZZ

Denis Desassis
CITIZEN JAZZ 5 novembre 2011

- King Crimson

Analysant album par album les quarante années de ce groupe mythique mené par le charismatique guitariste et compositeur Robert Fripp, l’ouvrage fourmille d’informations inédites et de truculentes anecdotes. Ces inventeurs du rock progressif enregistreront pour le meilleur (avec l’apport de Greg Lake, d’Emerson, Lake & Palmer, la maîtrise du Mellotron, les concerts légendaires…) et pour le pire (les conséquences des multiples séparations), treize albums salués par des critiques et des fans du monde entier. C’est sur scène, cependant, que King Crimson fera la démonstration étonnante de sa maîtrise de l’harmonie et du rythme.
L’auteur pousse l’analyse dans les moindres détails, faisant apparaître la philosophie crimsonienne à travers les textes du parolier Peter Sinfield, à qui le groupe doit sa qualité littéraire. Échappant au conformisme commercial, le groupe n’a jamais cessé de suivre sa propre voie, sacrifiant musiciens, présence scénique (durant dix-sept ans), son propre label (EG)... pour se reformer de nombreuses fois – et former ainsi sa propre légende. King Crimson n’a pas subi les modes, au contraire: sa discographie est comme un long regard porté sur notre civilisation, réfléchissant ses contradictions, ses noirceurs et ses espoirs. Visions notamment traduites par les accords inégalés et les mémorables improvisations, tantôt agressives, tantôt romantiques, de Robert Fripp.
Du concert à Hyde Park le 5 juillet 1969 à leur dernière tournée en 2008, King Crimson est un groupe phare dans l’histoire du rock ; nombreux sont ceux qui s’en sont inspirés (parmi lesquels Nirvana). Ce livre est une réussite et Aymeric Leroy nous permet ainsi de (re)découvrir un aspect très important de la culture rock.

ART PRESS

Charles Dunajewski
ARTPRESS n°393 Octobre 2012

King Crimson
Malgré son horrible pochette de décor de fête foraine ou de toile de saltimbanque, le premier King Crimson, en 1969, il y a quarante-trois ans, s’était imposé dès sa sortie comme une des pierres de touche du Rock Prog. Le groupe était devenu d’emblée le challenger du Pink Floyd dans les voies hasardeuses de la recherche des sonorités. Si le nom du groupe avec son roi pourpre ou cramoisi et le titre In the Court of the Crimson King relevaient de l’heroic fantasy, d’autres morceaux s’inscrivaient plus nettement dans le courant SF angoissant (« 21st Century Schizoid Man ») ou dans la poésie bucolique et visionnaire : « I Talk to the Wind », un titre à la Donovan. C’était Greg Lake qui chantait le mélancolique « I Talk to the Wind ». Il devait quitter le groupe dès la fin 1970 pour fonder Emerson Lake & Palmer. La pochette du troisième album (Lizard, en 1970) nous emmenait dans un monde moyenâgeux et celle du second album (In The Wake Of Poseidon) revisitait les dieux de l’Antiquité. Mais la grande réussite de Robert Fripp, le guitariste et l’âme de King Crimson, c’est peut-être sa participation au « Heroes » de David Bowie, en 1977, avec sa guitare lancinante, sinueuse, entêtante. We can be heroes just for one day. Un ouvrage sérieux, bien fait, un peu austère.
Jérôme Pintoux
JUKEBOX Octobre 2012

- King Crimson

King Crimson ? Depuis près de quatre décennies, le groupe anglais – et sa figure de proue Robert Fripp (claviers-guitares-électronique) – séduit internationalement par ses performances musicales. Pourtant, cette formation, dont son leader affirme qu’elle est davantage un état d’esprit qu’un groupe ou un style musical, reste méconnue sur le plan discographique. Sans doute, la musique du Roi Pourpre peut déstabiliser : climat harmonique très sombre, virtuosité déconcertante, perfectionnisme pas vraiment grand public. L’excellent ouvrage d’Aymeric Leroy, auteur de Rock progressif et Pink Floyd, plongée dans l’œuvre d’un groupe paradoxal, nous fait découvrir à travers 13 albums studio/étapes toute la saveur du King Crimson…
« Quoi de commun entre le premier album du groupe, In The Court Of The Crimson King (1969), et son dernier, The Power To Believe (2003) ? Pas grand-chose assurément », avertit d’emblée Aymeric Leroy. Au-delà de ses changements de styles et de musiciens, King Crimson intrigue par son approche musicale, que l’on pourrait classer en simplifiant entre rock, classique et jazz fusion. Tout le mérite du livre de Leroy est de faire ressortir l’aspect foncièrement contradictoire de Crimson, grand amateur de textes métaphysiques parfois redondants, reconnaissable par ses dissonances sonores, géniales ou assommantes (!) et sa prédilection pour l’expression instrumentale. L’auteur de ce King Crimson explore donc, de façon exhaustive, les spasmes créatifs de ce groupe référentiel, plongeant dans les moindres recoins du grenier crimsonien, si riche en genres : chansons au format court, instrumentaux, pièces expérimentales, semi-improvisations, mélodies pop ou free jazz…
King Crimson émerge à la fin des sixties – son premier disque est souvent considéré par les spécialistes comme le premier disque de rock progressif ! En effet, l’époque est friande de pop symphonique, de rock électrique et d’expérimentations jazz. (Et il est intéressant de signaler que bon nombre de musiciens ayant intégré King Crimson – Ian Mc Donald, Greg Lake, Mel Collins, Adrian Belew, Tony Levin, John Wetton, Bill Bruford, Boz Burrel… – rejoindront d’autres formations de premier plan comme Yes, ELP, Bad Company, Steely Dan, Frank Zappa, David Bowie, Peter Gabriel Band, Asia, UK ou Talking Heads.) Le climat musical saturnien de King Crimson, éloigné de l’humanisme naïf d’un Yes, des charmantes circonvolutions symphoniques d’un Genesis ou des lunatiques expérimentations pop d’un ELP s’aligne plutôt du côté d’un Magma ou d’un Van Der Graaf Generator. Le bassiste Tony Levin et le guitariste Adrian Belew contribueront à apporter un nouveau souffle au groupe. Les riffs primitivistes de Belew aux résonnances pop ainsi que de percutantes sonorités électroniques viennent se mêler astucieusement au jeu introspectif de Fripp. Egalement, Leroy se penche sur la riche carrière solo de Fripp.
Ouvrage très documenté, ce King Crimson donne envie de redécouvrir cette formation aux sonorités étranges, qui, bien au-delà du courant prog rock dont elle est issue, constitue depuis près d’un demi-siècle une influence majeure chez bon nombre de musiciens.

LE BLOG DE PHACO

Phaco
LE BLOG DE PHACO Septembre 2012

- Rockoscopie spéciale King Crimson

Dimanche 8 juillet, Aymeric Leroy était l’invité de l’émission radio Rockoscopie pour une spéciale King Crimson.

Emission à réécouter ICI

David Taugis
Judaïques FM 8 juillet 2012

- L'aventure King Crimson, ou par-delà le rock progressif

Auteur déjà d’un ouvrage incontournable sur le rock progressif, Aymeric Leroy récidive en quelque sorte, du fait que ce dernier consacre son dernier livre sur le groupe mythique des années 1970, King Crimson. Le travail de l’auteur est d’autant plus impressionnant qu’il maîtrise le langage musical auquel il fait à maintes reprises référence. D’autre part, Leroy prouve son intérêt pour l’œuvre de la formation du guitariste Robert Fripp ; sans tomber — toutefois — dans l’éloge dépourvu de la moindre réserve. J’ajoute, enfin, que le livre échappe à toute répétition en ce qui concerne le précédent Rock progressif (2010) ; de même que Leroy se permet d’analyser, de manière exhaustive, aussi bien les disques réalisés en studio que l’importante somme archivistique relativement aux expériences live qui s’étendent de 1969 à 2003.

Après une introduction brossant en plusieurs pages une analyse globale de la carrière musicale de King Crimson, le livre traite des débuts modestes de Robert Fripp, lequel joue notamment avec les frères Giles au sein de Giles Giles & Fripp. Puis, la rencontre avec le multi-instrumentiste Ian McDonald va véritablement changer le destin du guitariste ; et aboutir à la première mouture de King Crimson composée de Greg Lake (basse et chant), de Ian McDonald (Mellotron, etc.), de Michael Giles (batterie), de Peter Sinfield (Paroles) et, bien entendu, de Robert Fripp. La réussite du premier album de la formation intitulé In the court of the crimson king (1969) demeure sans lendemain, même si celui-ci est l’acte de naissance du rock progressif et a exercé, partant, une influence considérable sur des groupes comme Yes ou Genesis. Outre le départ de McDonald, Lake qui chante si juste sur cet album ira ainsi rejoindre le claviériste Keith Emerson et le batteur Carl Palmer pour fonder Emerson, Lake & Palmer.

Seul maître à bord, Robert Fripp devra toutefois composer avec le parolier Peter Sinfield durant trois albums, soit In the wake of Poseidon (1970), Lizard (1970), et surtout l’impressionnant Islands (1971). Si cette période mérite donc plus d’attention que pourrait le faire croire une simple recherche de maturité chez Fripp, il n’en demeure pas moins vrai que les disques suivants, Larks’ tongues in aspic (1973), Starless and bible black (1974) et Red (1974), symbolisent sans conteste l’apogée du groupe, puisque Fripp peut compter sur l’ancien batteur de Yes, Bill Bruford, et un bassiste vraiment talentueux, John Wetton. Or, c’est au moment où le groupe paraît proche de remporter la consécration que Fripp décide de mettre fin à l’expérience.

La mise entre parenthèses de King Crimson dure pas moins de sept ans et permet une remise en question radicale, comme le prouve le très réussi Discipline (1981). D’un autre côté, Fripp accueille un élément de poids en la personne du guitariste et chanteur Adrian Belew. Ce dernier, malgré quelques tensions au moment de la réalisation de Beat (1982), ou encore de Three of a perfect pair (1984), poursuivra néanmoins l’expérience avec Fripp — jusqu’au dernier album en date, The power to believe (2003).

The power to believe révèle sans doute une certaine stagnation dans la production discographique du groupe, ainsi que le reconnaît explicitement Leroy, mais n’en démontre pas moins le chemin parcouru depuis In the court of the crimson king. Ainsi, bien que Fripp renoue — finalement — avec le langage propre aux années soixante-dix, l’album The construkction of light (2000) peut être considéré, par exemple, comme une œuvre à la fois futuriste et complexe. À tel point que, contrairement à Leroy qui reproche à cette dernière son caractère artificiel, voire désincarné, je vois en elle l’une des créations majeures de la formation.

En résumé, s’il est permis d’accepter plus ou moins les jugements de l’auteur, King Crimson reste un ouvrage autant sérieux que documenté sur un groupe qui a participé à la plupart des grandes innovations traversant l’histoire du rock. De telle sorte que ce livre est sans conteste indispensable pour mieux constater que la « musique populaire » ne peut se limiter à sa seule immédiateté auditive — comme le veut une tradition défendue encore par nombre de critiques et de journalistes.

ARES

Thomas Dreneau
ARES Juillet 2012
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