Revue de presse
“Si l’ouvrage porte le nom d’un groupe devenu culte, il est avant tout une déclaration d’amour au support vinyle et à toute l’esthétique qui l’entoure. Enregistré en 1979 et découvert en 1980, l’album “The Return Of The Durutti Column“, dont la particularité est de posséder un pochette réalisée en papier de verre, sort chez Factory Records. Une particularité que certains verront comme une manière détournée d’abîmer les disques voisins collés à ce dernier dans les bacs des disquaires. La légende est en marche. En partant de ce postulat, Pierre Sauvanet revient bien entendu sur la trajectoire suivie par le groupe anglais, avant de recentrer son propos sur la beauté du vinyle et les incroyables réalisations graphiques qui l’ont accompagné.
“Physical Graffiti“ de Led Zeppelin et ses fenêtres, “Wish You Were Here“ de Pink Floyd et sa pochette recouverte d’un étui qui a contribué à faire sa réputation, et tant d’autres y passent, au même titre que le cérémonial entourant l’écoute d’un vinyle, un temps condamné par presque tous après l’explosion du CD. Pierre Sauvanet revient en détail sur le 33 tours et son écoute sur sillon se faisant de l’extérieur vers l’intérieur du disque (à l’inverse du CD), n’hésite jamais à replacer le groupe à l’origine du titre de son ouvrage entre deux anecdotes sur d’autres albums et leurs visuels ou leur pressage, et délivre un bouquin qui n’a jamais été aussi tendance que ces dernières années. Preuve que l’objet en soi, quand il accompagne un excellent contenu, possède un intérêt hors normes que ne réussiront jamais à offrir les produits dématérialisés.”
“Par exemple, The Durutti Column et leur manière manier l’élégance mélancolique du post-punk. Nom mythique de l’écurie Factory Records, The Durutti Column est bien plus qu’un simple groupe : c’est le projet artistique du guitariste Vini Reilly, un musicien hors-normes dont l’œuvre a tracé un sillon unique dans le paysage du post-punk et de la musique alternative. Né des cendres d’un éphémère groupe punk, le projet a pris une tournure inattendue pour devenir une entité à part, guidée par une approche esthétique singulière. Ce livre retrace très bien tout ça ! Le nom du groupe fait référence à une colonne anarchiste de la guerre civile espagnole, menée par le militant Buenaventura Durruti. Ce choix de nom, à la fois historique et politique, contraste fortement avec la musique que Vini Reilly allait développer. Loin de la rage et de l’énergie brute du punk, sa musique est empreinte d’une délicatesse et d’une mélancolie profonde. Dès le premier album, The Return of The Durutti Column (1980), le ton est donné. Coproduit par Martin Hannett, ce disque est une collection d’instrumentaux de guitare, où le jeu de Reilly, à la fois subtil et aérien, se déploie dans une atmosphère éthérée. La pochette, conçue par le designer Peter Saville et recouverte de papier de verre, est un autre élément emblématique de l’identité du groupe, conçue pour “détruire” les disques de rock voisins. Puis, au fil des décennies, The Durutti Column a continué d’explorer de nouveaux territoires musicaux, tout en restant fidèle à une signature sonore reconnaissable. Vini Reilly a su intégrer des éléments de musique classique, de jazz, de folk et même de musique électronique à son univers, sans jamais perdre de vue la force expressive de sa guitare. Des albums comme LC (1981), Without Mercy (1984) ou The Guitar and Other Machines (1987) illustrent cette diversité et cette ambition créative.”
”The Durutti Column signé Pierre Sauvanet ou l’histoire d’un musicien de Manchester en rupture de punkitude et qui s’éprendra lui aussi, à la même époque, de labels bruxellois.”