Les ouvrages consacrés à ce genre méconnu étant bien plus rares que les apparitions de John Garcia au Hellfest, on ne peut que chaudement recommander ces 314 pages allumées qui, pour 22 euros, nous ramènent daredare dans le désert des barbares. Mieux qu’un bong !
Philippe Lageat – Rock Hard
Revue de presse
“A priori, quand démarrent les generator sessions dans le désert, à quelques encâblures de Palm Springs, à la fin des 70’s, c’est juste un moyen, dans un lieu à l’écart de tout, de jouer du rock psyché en se rétamant grave la tronche. Oui, mais, nul n’avait prévu que Kyuss ferait autant d’émules. Et que la scène du désert du Mojave allait faire florès et étendre ses ramifications et transformations comme le doom au monde entier… Jean-Charles Desgroux revient avec talent , et une foule de détails, sur la genèse de ce mouvement dans “Stoner, blues for the red Sun “ publié dans une nouvelle édition, ces jours-ci chez Le Mot et le reste. Dans le langage codifié propre à la sous-culture nord-américaine, le mot stoner évoque davantage le lexique de la défonce que celui de la musique – alors qu’il est censé cerner toute une scène, confidentielle, complexe et aux multiples ramifications. Pour simplifier à outrance, le néophyte aurait tendance à réduire sa formule à la juxtaposition de la lourdeur de Black Sabbath et du psychédélisme de Pink Floyd. Une fusion a priori contre-nature qui vient illustrer de manière assez candide l’alliance entre les riffs heavy assénés par les pères fondateurs, et l’idée d’une évasion musicale assumée via le prisme des drogues lysergiques, un terrain qui favorise les digressions artistiques, proches du trip et des ambiances envoûtantes ancrées dans le rock populaire des années soixante-dix. En ayant démarré, pour la plupart, dans des groupes punk avec une pratique instrumentale limitée – et par essence aux antipodes de l’académisme des virtuoses habituels –, certains jeunes musiciens qui évoluent dans le stoner ne se contentent parfois que de suivre l’héritage des pionniers du desert rock, une scène innovante, spontanée et sans le moindre précédent, strictement circonscrite à son environnement géographique: le désert californien. Si Kyuss restera toujours la référence immuable de cette culture, et que depuis le début des années deux mille, les Queens Of The Stone Age – son extension par défaut – sont devenus l’un des plus gros mastodontes rock de sa génération, l’amateur et le curieux applaudissent de concert une vaste sélection d’artistes qui composent eux aussi, à leur façon, cette nébuleuse méconnue du grand public. Et si cette scène de Palm Desert, sacralisée depuis plus de trente ans, vit et vibre toujours avec autant de créativité en multipliant les expériences consanguines et autres entités éphémères entre tous ses acteurs historiques, il existe une myriade d’autres groupes très excitants qui s’épanouissent bien au-delà des limites parfois difficilement pénétrables du désert Mojave.”
“Fulgurance née sous le soleil brûlant de Californie, le désert rock émerge de la rencontre en le doom métal, le rock psychédélique et le punk. Retour sur une révolution stupéfiante qui a donné Kyuss, Queens of the Stone Age et les autres adeptes du stoner. Cela fait longtemps que le désert américain fait naître des mythes rock’n’roll. Enfant, Jim Morrison y aurait vu des Amérindiens ensanglantés et racontera avoir été visité par l’âme de l’un d’entre eux. En 1969, il filme dans le désert Mojave le début de son film HWY: An American Pastoral, où il joue un auto-stoppeur dérangé. Quatre ans plus tard, la dépouille du chanteur country-rock Gram Parsons, pote des Stones, est brulée par son manager dans le parc national de Joshua Tree. Surtout, dans les années 1980, naît à Palm Desert une scène qui, affranchie de toutes contraintes, va inventer un mélange de zoom métal, de rock psychédélique et de punk chauffé au soleil. Créé dans le secret des canyons, ce cocktail explosif sortira de la clandestinité au début des années 1990, concurrençant le grunge de Seattle niveau décibels, avec, cependant, plus de drogues dans sa marmite. Etiqueté “désert rock”, cette musique hypnotique et sauvage a généré sa propre mythologie et intégré une culture plus large, celle du stoner, variation heavy d’une bande-son pour fumeurs de joints. “Il y a aussi des foyers importants dans le New Jersey, à San Francisco ou même à Seattle. D’ailleurs, la frontière avec le grunge est extrêmement poreuse”, estime Jean-Charles Desgroux, journaliste métal et auteur du livre de référence en langue française Stoner-Blues for the Red Sun, tout juste réédité.”
“Véritable bible du genre, “Stoner – Blues For The Red Sun“ se voit réédité dans une nouvelle version. Son géniteur Jean-Charles Desgroux, journaliste spécialisé dans la presse metal depuis de nombreuses années et déjà auteur de plusieurs livres, nous parle de cette mise à jour aussi précieuse que réussie.
Sorti en 2019, ton livre “Stoner – Blues For The Red Sun“ fait aujourd’hui l’objet d’une réédition, suite à l’épuisement des stocks. As-tu été surpris de son succès ?
Hyper surpris tu veux dire ! Autant, pour être totalement transparent, son successeur “Rock Fusion“ a moins marché que je ne l’espérais, alors qu’il traitait de groupes et d’un mouvement autrement plus fédérateurs, autant je n’attendais absolument pas le moindre succès commercial autour de “Stoner“, écrit sous la pulsion vitale de devoir raconter ma musique préférée. Je savais évidemment que c’était un sujet de niche ultra confidentiel, et qu’au-delà d’un Queens Of The Stone Age qui remplit Bercy, il n’y a pas 20 000 fans qui se précipitent pour applaudir Fu Manchu ou Monster Magnet : ces deux têtes d’affiche du genre remplissent à peine un Trabendo… Bref, pas de quoi générer un best-seller, sachant qu’un livre est quand même ce qui se vend le moins derrière du merchandising, des places de concert ou même une simple tournée de bières entre potes ! Alors oui, qu’il soit sold-out depuis un an et demi m’a vraiment sidéré, comme si la globalité de la communauté stoner francophone était venue se l’approprier… suite, il est vrai, aux très très bon retours critiques lors de sa sortie initiale.
Pourquoi avoir choisi de faire une nouvelle édition pour un style qui, comme tu le dis, reste quand même une niche ? Que peut-on y trouver de différent ?
Tout simplement parce qu’au-delà de cette demande de nouveaux lecteurs frustrés de ne plus pouvoir le trouver en librairie ou de le commander en ligne, il fallait donc profiter de cette réimpression opportune pour le mettre à jour. C’est seulement en janvier 2025 que mon éditeur m’a appelé pour me confirmer qu’il allait le ressortir, et que ça serait préférable que je consacre un peu de mon temps à bosser sur sa mise à jour, nécessaire. Cette scène reste certes confidentielle, mais elle se montre en constante évolution, même si le genre a dramatiquement stagné entre les années 2005 et 2020. Ce n’est pas comme si tu sortais un livre sur les Beatles où tout a déjà été dit et dont le sujet est clôt depuis 55 ans. Là, le stoner s’est retrouvé boosté par une impulsion inespérée et s’est lui-même réinventé, avec l’apparition de nouveaux groupes et de disques incroyables. Donc, depuis 2019, année de sortie du livre initial, il s’est finalement passé un paquet de choses qu’il a fallu documenter, chroniquer et remettre dans un contexte évolutif, tout en devant réévaluer certains sujets avec le recul, et mettre à jour certaines informations. De plus, peut-être avais-je sensiblement surestimé certains disques faisant partie de la sélection originale des 100 albums représentatifs du genre — et il y en a donc sept ou huit qui ont été retirés au profit d’autres, bien plus pertinents et récents. Non pas que ces 100 disques soient les meilleurs de tous (ça, déjà, il faudrait imposer les trois chefs-d’œuvre de Kyuss et au moins autant de Fu Manchu !), mais au moins façonnent-ils le spectre le plus vaste possible de la galaxie stoner, sachant que la ligne éditoriale impose strictement cette sélection de 100 albums, et pas un de plus. En outre, l’introduction du livre a été rallongée et complétée pour témoigner des grandes tendances du genre depuis ces six dernières années, tout en ayant dû rajouter moult détails et infos supplémentaires ci et là. Ça pourra constituer un joli jeu des 777 différences.
La couverture a été changée par rapport à la première version du livre. Et ce n’est pas anodin…
Effectivement, ça ne l’est pas… Pour cette nouvelle version, j’ai voulu marquer un peu le coup : attention ce n’est aucunement une suite, mais bien une version réactualisée, sensiblement différente de la première. La couverture de celle-ci répondait donc à l’esthétique habituelle de la collection, avec son bandeau et ses quatre pochettes de disques représentatifs, iconographiques. Et pour être totalement honnête, j’avais sciemment mis celle du “Songs For The Deaf“ de Queens Of The Stone Age pour attirer le regard, et surtout provoquer un lien entre les amateurs de Josh Homme et cet univers plus codé et underground, qui aurait été susceptible de plaire aux plus curieux (je serais d’ailleurs moi-même curieux de savoir si la démarche a fonctionné pour certains lecteurs potentiels, autres que les fondus de stoner déjà convaincus). Mais ne nous méprenons pas : ce chef-d’œuvre de QOTSA fait bien partie de mes Tables de la Loi : il est l’un des plus grands disques de rock de ces 25 dernières années, doublé d’une porte d’entrée majeure pour la scène desert-rock. Et je ne fais certainement pas partie de ceux qui ont boudé le groupe depuis ou qui snobent Josh Homme maintenant qu’il fait partie de l’élite rock mondiale… Mais pour revenir à ta question, je voulais à la fois marquer une petite différence et surtout réhabiliter Sleep parmi les quatre artistes majeurs du genre, soit le Big Four du stoner. Cette fois, ils sont bien là, alignés, réunis : Kyuss, Fu Manchu, Monster Magnet, et Sleep. De plus (et c’est une idée du graphiste de la maison d’édition), la couleur du bandeau a été modifiée : je détestais le gris terne du premier, alors cette fois, pour unifier le tout, il a utilisé le vert teinte-de-weed du logo de Sleep, justement, sur la pochette de leur monument “Dopesmoker“, un clin d’œil fort judicieux archi approuvé !
Quand et comment est née ta passion pour le stoner ?
Pour faire simple, j’ai démarré assez rapidement mon initiation au metal avec Ozzy et Black Sabbath en 1989, à une époque où le groupe était ringard à mort et où il n’était certainement pas cité à tours de bras par des générations entières de fils spirituels, comme cela a été le cas à partir du grunge quelque temps plus tard. À ce moment-là, je fonds d’ailleurs bien plus pour Alice In Chains et Soundgarden que pour Nirvana, avec lesquels je trouve immédiatement des similitudes avec Sabbath. Et comme l’univers du grunge est assez poreux avec une certaine idée du stoner, de fil en aiguille et en suivant certains fils rouges, notamment à travers une presse qui fait très bien son boulot d’initiateur éclairé, j’en arrive à goûter à mes premiers délices stoner autour des années 95–97, et tombe raide dingue de Kyuss peu de temps après leur split définitif. À partir de là, je me mets à amasser des centaines de CD, qui constituent aujourd’hui, outre autant de vinyles de collection et pas mal de 45-tours, un bon mur entier dédié au genre !
Pourquoi les débuts de ce style sont-ils fortement liés au désert du Mojave ? Le stoner n’aurait-il pas pu naître dans un environnement plus urbain, à New York ou à Washington, par exemple ?
En fait, le stoner est né un petit peu partout : n’oublions pas que parmi les groupes pionniers, il y en a qui vouent un culte absolu à Hawkwind, d’autre aux Stooges, au punk hardcore, et donc pas systématiquement à Sabbath… Le stoner en soit n’est donc pas né exclusivement dans le désert : il est une continuité directe du heavy-rock obscur des années 1968–1971, avec sa myriade de groupes inconnus du grand public, dont Pentagram, qui est d’ailleurs encore plus ou moins debout aujourd’hui ! Le stoner, argot seventies pour désigner un mec un peu hippie qui se défonce, est donc simultanément apparu dans les banlieues du New Jersey, dans le Maryland ou le long de la côte californienne. Mais c’est vrai que j’ai voulu apporter une touche exotique, et même romanesque à mon récit, en décrivant l’univers que je connais le mieux géographiquement : le désert, entre la vallée de Coachella et les hauts plateaux du Mojave du côté de Joshua Tree, où est donc né le desert-rock, l’une des composantes artistiques essentielles de cet univers, tant du point de vue musical que du fantasme, lié à l’environnement, son décorum, le soleil, les drogues, les freaks, etc… Mais Kyuss n’est certainement pas le seul responsable du filon stoner : ce n’était à l’origine que des gamins skaters un peu punks, qui imitaient leurs aînés en branchant leurs amplis déglingués sur des groupes électrogènes au milieu de nulle part, en étirant des compositions punk sous forme de jams, avec ce qu’il faut de drogues hallucinogènes, tout en jouant avec l’écho et la minéralité des canyons. Un peu le syndrome du “My War“ de Black Flag, mais en plein cagnard et pas vraiment straight edge quoi…
Tu as fait plusieurs pèlerinages dans cette région des États-Unis. Quels sont tes souvenirs les plus marquants ?
En effet, depuis 2008, je pars en famille dans l’Ouest américain tous les étés. En tout, nous devons en être à quinze ou seize road trips là-bas, et quasiment tous se sont terminés en passant plusieurs jours, voire même plus d’une semaine, en plein désert californien. Nous l’avons découvert en 2010, après avoir descendu tout le long de la côte pacifique, de Seattle à San Diego : nous avons alors bifurqué un peu vers l’est, et nous sommes restés à Palm Desert. Bien sûr, j’avais ma petite idée en tête, puisque je voulais secrètement explorer l’environnement où étaient nés certains de mes groupes de chevet… Mais je ne pouvais pas imposer à ma femme d’aller passer un mois au beau milieu d’un désert parfois hostile, juste pour le fantasme de retrouver des traces des generator parties d’antan (rires) ! Fort heureusement, elle aussi est tombée raide dingue, de la région : nous avons donc systématiquement voulu y revenir chaque été. D’autant qu’il y fait tellement chaud que les prix des hôtels baissent, les touristes n’y restant pas à cause du climat extrême. Mais nous, même pas peur !
Nous nous sommes donc petit à petit familiarisés avec cette région immense où il y a tant à découvrir, et que j’ai donc voulu retranscrire au plus près de la vérité à travers les pages du livre. Tout le monde m’a d’ailleurs dit que ça leur évoquait le Routard du Stoner (ce qui est franchement le cas, ndr) ! Et puis surtout, à l’époque, j’avais développé une amitié très forte avec John Garcia (membre fondateur et voix légendaire de Kyuss, chanteur de Slo Burn, Unida, Hermano, Vista Chino, sans oublier quelques réalisations sous son propre nom, ndr), une de mes idoles qui est donc devenu un proche, et qui m’a initié à pas mal d’endroits dans le coin. Son coin. Outre le fait que nous allions toujours déjeuner chez lui, et que nos enfants jouaient ensemble, il m’a – entre autres – emmené dans son local de répétition. J’ai également assisté au tout premier concert de reformation de Unida… dans une pizzeria locale à Palm Desert, The Hood ! Sans compter les dizaines de soirées que nous avons passé dans la meilleure cantine du coin, chez Pappy & Harriets… Ou encore cette fois où, grâce à mon pote Arthur, nous avons pu visiter le Rancho de la Luna, studio d’enregistrement archi culte juste à côté de Joshua Tree. Sans parler d’un paquet d’endroits flippants, notamment autour de la Salton Sea, où sont d’ailleurs tirées les photos de pochette, recto et verso, du disque “… And The Circus Leaves Town“. Ultra freaky ! En plus de dix voyages là-bas, nous avons accumulé un paquet de souvenirs mémorables… Ah et j’oubliais aussi : le pèlerinage habituel devant le panneau “Welcome To Sky Valley“ ! J’ai même rempli une bouteille de Corona du sable qui se trouve à ses pieds. N’importe quoi, non (rires) ? Mais elle trône devant mes 33-tours de Kyuss…
Aujourd’hui, les frontières entre le stoner et d’autres styles annexes (heavy-rock, psyché, sludge, doom) sont de plus en plus poreuses. En tant que spécialiste du genre, arrives-tu à t’y retrouver ?
J’essaye d’être un passeur honorable, digne et lucide, mais comparé au travail du mec qui gère le site The Obelisk, qui recense et chronique quasiment TOUT ce qui sort, je suis dépassé. Complètement largué même. Autant je pense pouvoir maîtriser l’histoire du genre, son environnement, sa culture, les liens et les différentes passerelles entre ses acteurs clés des origines de la fin des années 80 au début des années 2000, mais après l’explosion est bien trop grande. Et oui, en effet, on ne peut que se perdre entre les différentes appellations plus ou moins consanguines qui forment la nébuleuse stoner. Et puis entre les innombrables labels spécialisés, les sites de vente en ligne dédiés comme Kosmik Artifactz (entre autres !), Bandcamp, et les milliers de groupes, comment s’y retrouver ? C’est impossible. J’avais donc trouvé que le genre s’était un temps essoufflé, avec toujours autant de productions, mais sans de réelles surprises… Depuis le Covid, il s’est opéré un second souffle inespéré, avec notamment l’émergence d’artistes comme King Buffalo ou Slomosa, qui sont opportunément apparus au sommaire du nouveau livre. Mais ce n’est que la mèche hirsute du dernier pingouin de la meute qui se hisse au sommet visible de l’iceberg !
Quel serait ton top des meilleurs albums de stoner ?
Très old-school tu en conviendras, mais au bout de 30 années de passion, je n’ai certainement pas envie d’impressionner qui que ce soit avec un name-dropping de trucs de snobs : Kyuss avec “Blues For The Red Sun“ et “Kyuss“ (plus communément appelé “Welcome To Sky Valley“) ; Fu Manchu, “The Action Is Go“ ; Unida, “The Urban Coyote“ ; Monster Magnet, “Tab“ ; Down, “Nola“.
Ton prochain livre, peux-tu en parler ou c’est secret défense ?
Il y a deux livres qui sont prêts à sortir en 2026, deux trucs complètement inédits et très personnels, achevés : l’un signé, qui doit être corrigé et fignolé, l’autre en cours de recherche d’éditeur. Mais la grosse sortie de 2025, qui était précisément top secret défense jusqu’au 12 juin, date de son annonce publique, c’est la biographie de Gojira, qui sortira le 12 septembre 2025 chez la même maison d’éditions, Le Mot et le Reste. J’en suis extrêmement fier, d’autant que je suis originaire du même coin que le groupe, dans la région de Bayonne, et que je connais très bien son environnement, j’y ai grandi pendant près de 25 ans : pas besoin de se taper à chaque fois 10 000 bornes pour essayer de se l’apprivoiser (rires) !”
Dans le cadre du passage de Sleep au MTelus, Le Devoir se penche sur une nébuleuse musicale enfumée à laquelle Black Sabbath a servi de matrice.
Le contraire aurait presque été décevant. Ou bien un chouia moins payant en termes de capital symbolique. « Malheureusement, le management de l’artiste a refusé [votre] demande de billet pour Sleep. Aucun journaliste n’est admis [gratuitement]. » Courriel laconique reçu après un message de l’attaché de presse du groupe indiquant qu’il ne croyait pas que le trio originaire de San José se prêterait au jeu de l’entrevue d’ici son concert du 13 septembre. Qu’il est bon, parfois, dans ce monde chaotique, de se faire ramener à l’ordre, même si l’on n’y croit pas une seconde. Dommage. Une occasion ratée de parler avec une formation dont le son a été décrit par le New York Times Magazine comme l’équivalent d’une toile de Rothko qui vous frapperait sur la tête avec un sac rempli de marteaux. Néanmoins, on dit que l’occasion fait le larron. Et puisque ce larron en connaît quelques autres, il en a donc profité pour creuser le sillon d’un genre musical que les journalistes ont oeuvré à magnifier, en créant une mythologie sur laquelle plusieurs s’appuient avec un brin trop d’aisance. Regard sur le stoner.
Mélasse sonore
Déphasé, le stoner ? Par la presse, oui, qui a souvent utilisé le terme à toutes les sauces. C’est du moins l’avis de Jean-Charles Desgroux, animateur radio sur Heavy1, auteur de biographies d’Alice Cooper et d’Iggy Pop, et plus récemment de l’ouvrage Stoner – Blues for the Red Sun, paru aux éditions Le mot et le reste. « Nous sommes tous coupables d’apposer des étiquettes sur des genres pour tenter de cerner une scène. », explique-t-il, par Skype. Assis devant une muraille de disques, il s’élance : « Ces gros mots réduisent les groupes à une image, une nébuleuse. »
D’après lui, le stoner recoupe avant tout un état d’esprit, une évocation vintage qui renvoie inévitablement à l’imaginaire des stupéfiants. « Le mot générique est stoner, mais on peut dresser une arborescence de sous-chapelles : doom, sludge et autres fusions musicales qui ont donné naissance à un style poisseux, une mélasse sonore. » Une mélasse dont l’influence la plus notoire demeure à ce jour Black Sabbath et l’album Master of Reality, paru en 1971. La matrice du genre ; les Tables de la loi pour une légion groupes allant des Américains de Eyehategod aux Britanniques d’Electric Wizard, en passant bien sûr par Sleep, mais aussi par les Montréalais de Dopethrone.
D’anecdotique à iconique
« Sleep, à l’origine, est un groupe complètement anecdotique qui provient des cendres d’Asbestosdeath, une formation au son poisseux avec un côté morbide et ténébreux », soutient Jean-Charles Desgroux. Curieusement, à l’époque où le trio formé de Chris Hakius, Matt Pike et Al Cisneros (qui allait plus tard se scinder en deux autres groupes : OM et High on Fire) fait paraître son deuxième album, Holy Mountain (1992), on assiste à une résurgence de l’amour pour Black Sabbath.
« Sabbath était considéré comme des has-beens par la presse. », se souvient Desgroux. « Sleep fait partie des premiers groupes à avoir confessé leur amour pour eux. » L’auteur qui baigne dans le genre depuis plus de 25 ans voit en ces derniers les meilleurs héritiers des interprètes de Paranoid. « C’est en continuité directe avec l’esprit : les mecs écoutent de la musique qui n’est pas cool du tout et fument de l’herbe parce qu’ils apprécient la pièce Sweet Leaf sur Master of Reality ». À cela, on pourrait évidemment ajouter : et ils claquent une avance de dizaines de milliers de dollars de leur étiquette en cannabis et en amplificateurs faits sur mesure pour enregistrer une chronique marijuanienne couchée sur un riff crapoteux répété durant une heure que l’on baptisera Dopesmoker…
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« Les groupes n’avaient rien à prouver à l’origine. L’idée n’était pas d’exploiter une tendance cool. C’était juste une scène de mecs bloqués dans les années 1970. Une scène qui n’était pas régie par les dictats commerciaux de l’époque ; une espèce de mode post-hippie, avec syndrome de la défonce, de l’amour vintage et un refus de la modernité qui dictait le quotidien d’une jeunesse factice. »
Toute la chronique est disponible sur le site du Devoir
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S’il y a bien un journaliste légitime pour écrire le premier ouvrage en français sur le stoner, c’est Jean-Charles Desgroux. Il pousse sa passion pour le genre à fond.
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L’ouvrage se révèle très complet, et apporte de nombreux éclairages, y compris pour l’amateur averti. C’est assurément un livre indispensable pour comprendre ce style musical part entière, toujours aussi actif vingt ans après ses balbutiements.
Liste des ouvrages présentés :
“L’art de ranger ses disques” – Frédéric Béghin et Philippe Blanchet (Rivages)
“Stoner : Blues for the red sun” – Jean-Charles Desgroux (Le Mot et le Reste)
“Cthulhu metal : L’Influence du mythe” – Sébastien Baert (Bragelonne)
- Ces livres sont disponibles dans toutes les bonnes librairies, sur les sites des éditeurs ainsi que sur tous les sites de ventes en ligne ;)
Toute société / communauté secrète ses intellectuels, lesquels formeraient des cercles concentriques selon leurs fonctions / prééminence : les premiers étant les théoriciens et concepteurs, les suivants répercutant et enseignant de façon plus ou moins consciente leurs travaux et avancées. Signant avec « Stoner : Blues for the Red Sun » son quatrième livre en quatre ans, pour un total de cinq à ce jour (Ozzy, Alice Cooper, Iggy…) ; et tentant le difficile exercice consistant à cerner un genre musical composite, Jean-Charles Desgroux appartient de fait au cercle des clercs Metal, l’intellectuel « traditionnel » au sens gramscien du terme. Il avait déjà tenté l’expérience en 2016, avec « Hair metal : Sunset Strip Extravaganza ! », de donner concept et corps à une catégorie musicale tout entière, laquelle pourtant uniquement labellisée par une synecdoque : le Metal « à cheveu » (« Hair Metal »). Il récidive en 2019, tel un Stakhanov de la recherche Hard Rock, avec 307 pages consacrées à une autre sous-mouvance : le Metal « drogué » (« Stoner Metal »). Ordo ab Chao. Et, comme en atteste la bibliographie présente en page 302, infiniment peu de livres ont été rédigés sur ce sujet, aucun d’ailleurs dans la langue du groupe Triangle, et pas moins de trois par un artiste-peintre et Designer culte dénommé Frank Kozic : le premier paru en 1997, année communément acceptée comme celle de l’émergence mondiale du Stoner.
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De la page 94 jusqu’à l’ultime page 294, le narrateur cesse toute approche intégrale. Son naturel de Rock Critic revenant au galop, et reprenant la méthode éprouvée pour la rédaction de son opus sur le « Hair Metal », il décortique par ordre de sortie les cent albums essentiels du Stoner : de l’antédiluvien cryptique « Born Too Late » de Saint Vitus en 1986, au plus estival « John Garcia and the Band of Gold » (janvier 2019… par le cofondateur de Kyuss). Si cette seconde séquence fait quelque peu perdre à l’ouvrage de son dynamisme conceptuel, l’érudition de l’auteur, des prouesses stylistiques faisant mouche (pour les précurseurs du Doom « l’expansion de l’univers s’était arrêtée en 1973 »…) ainsi que sa volonté de transmettre, soutiennent en continue votre attention. Car disparate la galaxie Stoner est. Et comme à la Samaritaine de jadis, le liseur va y trouver de tout, voir tout et n’importe quoi : de Corrosion of Conformity aux Melvins, de Pentagram à Electric Wizard, de Crowbar à Fatso Jetson, Fu Manchu, Mastodon en passant par Down, Acid Bath, Unida, The Obsessed ainsi qu’Eagles of Death Metal ou Eyehategod pour les plus réputés. Oui, puisque la (contre-)culture de Jean-Charles Desgroux étant béton, notre lecteur va également (et peut-être) faire connaissance avec les plus confidentiels (et Dieu sait qu’il y en a) : Leadfoot, Roadsaw, Alabama Thunderpussy, The Men of Porn, Fireball Ministry, Dozer, Sixty Watt Chaman, Gas Giant, Demon Cleaner ou encore Dali’s Llama… Et comme cela ne suffisait pas, un addenda de cent incontournables supplémentaires y est immédiatement adjoint (il y a le premier album solo de Melissa auf der Maur, amusant…). En définitive, et comme on n’en doutait point au moment d’extirper l’opuscule du colis en carton adressé par l’éditeur, « Stoner : Blues for the Red Sun » constitue un des ouvrages Rock / Metal les plus aboutis et captivants de l’année. Un dense grimoire, servi par une parfaite connaissance géographique et socioculturelle des Etats-Unis en général, ainsi que de Palm Springs (et de ses vastes environs) en particulier. Présenté dans un panier lexical bien garni, et qui nous préserve de salutaires distances vis-à-vis du style ainsi que des lieux communs journalistiques, cette précieuse somme pourrait fort bien servir de modèle à d’autres, consacrées à des mouvances contemporaines prospères, mais pour l’instants orphelines de toute réflexion d’ampleur en français (l’Indus, le néo-Metal voire, tiens, le Metal symphonique…). A l’époque où la création Rock Mainstream est asséchée, cette traversée du désert Mojave et voisinages par voie papier s’avère des plus rafraichissantes.
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Le journaliste Jean-Charles Desgroux consacre un ouvrage fascinant au stoner rock, un genre lourd, psychédélique et toujours plus prisé.
A quelques heures de route de Los Angeles par la Highway 10, loin du sea, sex and sun du littoral et du quadrillage irrationnel de l’agglomération : le désert. C’est là, dans cet implacable décor d’apocalypse, de canyons sauvages et de villes abandonnées que naît le stoner rock. Une musique lourde et oppressante. Une réponse au harcèlement permanent de ce soleil anthropophage dont l’agression n’a d’égal que le baiser du crotale tapi dans la poussière au pied des arbres de Josué.
Fin des années 1980, les kids d’une petite ville de la vallée de Coachella, la bien nommée Palm Desert, attendent le crépuscule pour sortir leurs vans et leurs génératrices et improviser des rassemblements au milieu de ce nulle part aride. Des raves désertiques et clandestines dont les carburants principaux sont les guitares sous distorsion et les substances hallucinogènes. A la faveur de ces premières generator parties, va essaimer un nouveau genre de rock fiévreux qui va conquérir la planète: « la juxtaposition de la lourdeur extrême de Black Sabbath et du psychédélisme de Pink Floyd », résume Jean-Charles Desgroux, journaliste et animateur radio spécialisé dans le heavy metal et auteur de Stoner – Blues for the Red Sun, un des tout premiers ouvrages sur le stoner rock, aux éditions Le mot et le reste.
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Il s’essouffle… Et repart « Le style s’est propagé un peu partout, en France, en Allemagne, dans la Scandinavie, au Japon… De nombreux festivals sont aujourd’hui consacrés au stoner rock qui jouit d’une popularité assez incroyable pour une musique de niche au départ », s’étonne presque le spécialiste. Dans son ouvrage qui propose, outre une histoire méticuleuse de cette musique, une sélection d’albums incontournables, on mesure l’étendue du spectre : des forêts nord-américaines (les inapprivoisables Melvins) aux bayous de Louisiane (les tenants du sludge metal Acid Bath ou Down) en passant par l’Angleterre et le doom écrasant d’Electric Wizard, héritiers directs de leurs aînés de Black Sabbath. « Dès le milieu des années 2000 on observe hélas un essoufflement créatif. Les puristes se désolidarisent du succès de la locomotive Queens Of The Stone Age et pas mal de groupes tombent dans la caricature. Mais depuis quelques années, des formations telles que Elder ou All Them Witches osent aller plus loin que l’étiquette. » Une renaissance qui ne peut que s’accentuer sous l’effet du réchauffement climatique.
Le livre commence comme un guide du routard consacré au désert Mojave et ses environs, une région aussi belle et pleine de mystères qu’austère, à l’aridité implacable. Le décor, pièce maîtresse quant aux prémices du mouvement, une fois planté, l’auteur nous plonge dans les méandres du stoner, d’abord en dressant une liste fort bien détaillée des principaux acteurs (groupes, labels, salles de concert et festivals). Ensuite en sélectionnant les 100 albums majeurs estampillés stoner, au sens très large du terme, pour les décortiquer avec précision. Et comme toute sélection, aussi judicieuse qu’elle soit, elle alimentera forcément des débats passionnés pour souligner si telle formation méritait de figurer dans ladite sélection et non dans un impressionnant addenda (tout aussi riche et intéressant que le reste du livre) en guise de bouquet final. Mais laissons aux forums spécialisés les querelles de clochers, les cloisons entre certaines familles musicales étant parfois aussi fines qu’une feuille de papier à rouler, du stoner au doom, en passant par le desert rock, le space rock, le sludge… « Stoner : Blues For The Red Sun » – titre en hommage au second album studio de Kyuss – est un ouvrage dense et complet sur le sujet (peut-être manque-t-il juste quelques propos rapportés et/ou témoignages d’artistes…), parfois même complexe, surtout pour un néophyte, et pourtant terriblement prenant. Du coup, l’envie d’aller faire une virée dans le high et low desert est plus que tenace tout au long de la lecture de cette véritable bible du stoner, tout comme celle de compléter (ou de commencer) une discothèque consacrée à ce style plus riche qu’on ne pourrait le croire. Et l’*on ne peut que saluer le travail passionnant d’un vrai passionné*, Jean-Charles Desgroux, journaliste spécialisé dans la presse metal depuis des années et déjà auteur de plusieurs livres. Un livre certes copieux, mais un régal pour les amateurs du genre.
Stoner-Blues For The Red Sun, le premier ouvrage sérieux sur le stoner-rock et sa galaxie.
Le stoner-rock a toujours été considéré comme une forme de sous-genre de la sphère Metal. Seul le canadien Martin Popoff, journaliste spécialiste du Heavy-Metal et du Hard-Rock, avait suffisamment pris le mouvement au sérieux pour y consacrer un ouvrage complet, en anglais. En France, quelques rares journalistes spécialisés y virent l’avenir d’un rock alors moribond, alors que le grunge n’a pas encore explosé à la face du monde. Le regretté Cyril Deluermoz de Rock&Folk, et Jean-Charles Desgroux furent de ces pionniers au nez fin. Comme il l’explique par ailleurs dans cet ouvrage, grunge et stoner étaient les deux pendants d’un même mouvement de la scène rock en rébellion contre l’establishment musical, mêlant Black Sabbath et punk hardcore.
Jean-Charles Desgroux étant de ces journalistes sur la brèche du stoner depuis ses balbutiements discographiques, sa légitimité à écrire un ouvrage sur le genre est donc totale. La première partie est consacrée à une explication des origines du mouvement. Et elles sont capitales. Passionné, Desgroux a parcouru la Californie, enquêtant sur les traces de cette musique : la région, sa population d’hier et d’aujourd’hui, les lieux emblématiques, studios, sites de generator parties. Il a rencontré de nombreux musiciens, producteurs… Sa vision est donc très complète pour expliciter le stoner dans son contexte : celui du désert de Mojave, des alentours de Palm Springs, irradiés de soleil, mais aussi carbonisés de misère sociale. Comme à Seattle, les jeunes en rupture et les marginaux se sont retrouvés dans cette musique acide et violente dont les racines remontent au milieu des années 80.
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Pour l’adolescent fan de stoner que je fus dès 1992 avec « Blues For The Red Sun » de Kyuss, il aura été l’occasion de me replonger dans tous ces disques, parfois un peu délaissés sur une étagère. Cet ouvrage, le premier sur le genre en français, très complet et passionné, sera une très bonne lecture accompagnant vos écoutes d’albums.
Lisez la chronique intégrale sur La planète du stoner
Ce rock né du désert s’est imposé aujourd’hui toutes catégories confondues parmi les genres les plus courus du metal.
Et de Kyuss aux Queens of the Stone Age, de ces raves punk quelque part perdues du côté des ravins et des canyons du désert de Joshua Tree en Californie, comme le signale le journaliste et écrivain Jean-Charles Desgroux, et grand spécialiste de la question stoner, jusqu’aux plus grands stages “mondialisés” désormais, ce style continue de gagner des adeptes, depuis sa fondation dans les années 80. Si au nord-ouest des États-Unis, les musiciens inventaient le grunge, au dus, le psychédélisme hardcore prenait forme. C’est cette sage née de fan ode ce qu’on appelait alors le hard rock, et qui qualifièrent leur création de stoner rock – donc du rock de défoncé, littéralement – que nous invite à (re)découvrir Desgroux. Et l’épatante discographie complète qui termine l’ouvrage vaut son pesant d’or.
Après vérification, il semble bien que l’argument de vente numéro un de ce livre soit vrai : même si voilà désormais un bon quart de siècle que l’on a redécouvert les vertus de l’alcool de cactus, le plaisir de jouer au fin fond du désert par 40° et les premiers Black Sabbath, jamais encore la France n’avait eu droit à son livre sur le mouvement stoner ! Une lacune enfin comblée, qui plus est par un collègue qui n’en est pas à son premier bouquin et s’avère être un fan, un vrai. C’est à la fois tout l’intérêt et la limite de l’ouvrage : de fait, sur ces trois cents pages, plus de deux tiers sont en fait consacrés à une sélection, forcément subjective des cent meilleurs disques du genre, avec une chronique sur deux pages pour chacun. L’histoire du mouvement en soi n’occupe que la première section du livre, avec un parti pris qui ne plaira pas à tous. Ne pas s’attendre ici à une flopée d’interviews, à des chiffres ou autres éléments découlant d’une démarche traditionnelle. Non, bien qu’il se base sur des faits étayés, le point de vue de l’autre est finalement davantage celui d’un baroudeur des grands espaces américains que d’un journaliste rigoriste. À ce titre, les vingt premières pages sont fabuleuses, car prenant la formant d’un guide du routard un peu déglingué du parc national Joshua Tree, de ces banlieues oubliées écrasées par le soleil à deux heures de Los Angeles, où tout une contre-culture, née du skate et du mouvement punk, est apparue au début des années 80. Mais une fois ce décor (très) bien posé, on tombe ensuite dans une chronologie somme toute assez classique.
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Mais à l’arrivée ce livre donne surtout envie de replonger dans certains disques qui avaient (trop) pris la poussière dans notre discothèque, et c’est bien ça l’important.