Revue de presse
“En 1976, il ne reste pas grand-chose de Pink Floyd en tant que groupe. Wish You Were Here a été en quelque sorte le chant du cygne d’une entité collective qui se craquelle depuis que les quatre musiciens sont devenus multimillionnaires avec The Dark Side of The Moon. Leurs concerts, aussi gargantuesques qu’impersonnels, sont sévèrement critiqués par la presse et Roger Waters se montre de plus en plus hégémonique dans sa manière de diriger ce qui est devenu une véritable entreprise. C’est ce que nous raconte Philippe Gonin dans un nouvel ouvrage consacré à Animals , quatrième partie d’un feuilleton qui tente d’analyser le groupe au travers de quelques-uns de ses albums majeurs. Un an auparavant, l’auteur décrivait une entité encore vaguement soudée, qui venait d’enregistrer et de promouvoir un disque charnière, marqué à la fois par l’absence et la présence de Syd Barrett. Comme dans toute bonne série qui se respecte, Gonin fait au début de Pink Floyd – Animals un résumé de cet épisode précédent, avant d’entrer dans le vif du sujet, celui d’un groupe en pleine décomposition. Maître à présent de la direction artistique – seul David Gilmour a encore vaguement son mot à dire – Waters impose sur l’album en devenir ses compositions et ses idées ; il va jusqu’à rejeter les propositions d’Hipgnosis, le studio responsable des visuels depuis A Saucerful of Secrets et choisit seul comme illustration de la pochette une centrale électrique située dans la banlieue de Londres, la fameuse Battersea Power Station. Entre les cheminées de celle-ci flotte un cochon volant, un montage qui reste visuellement l’un des plus marquants dans la discographie de Pink Floyd. Alors qu’en général les pochettes n’ont que peu de rapport avec le contenu musical, celle d’_Animals_ illustre parfaitement le concept construit par Waters : une société autoritaire dirigée par les porcs où les moutons sont surveillés par des chiens. Gonin décortique les multiples influences et références qui gouvernent l’œuvre, plus nombreuses que la seule Ferme des animaux d’Orwell, une évidence en première lecture. En effet, comme le souligne l’auteur, Waters redirige l’aspect politique de la fable vers une attaque frontale contre le capitalisme, conférant à cette nouvelle pièce une agressivité inédite, tant au niveau musical que dans les paroles, ces deux aspects étant finement analysés dans le livre. Avec un contenu qui s’adresse comme à son habitude à toutes sortes de mélomanes, simples amateurs ou instrumentistes en herbe, Philippe Gonin dresse le portrait d’une bande de musiciens qui, s’ils travaillent ensemble, ne sont plus guère des amis. Il relate ainsi la difficile naissance d’un disque, depuis des titres testés en concert dès 1974 jusqu’à sa mouture finale et sa promotion sur scène. Pour cela, il croise dans son étude de nombreuses sources pour en faire un témoignage précis, parfois pointu (quelques passages sont à la limite de la musicologie), mais qui se lit avec le même plaisir que les volumes précédents.”
”Lire en intégralité”: https://www.chromatique.net/index.php/2025/04/05/philippe-gonin-pink-floyd-animals/
“La centrale électrique de Battersea à Londres pour Pink Floyd, la banane du Velvet underground, le pendu de ” Can’t Stand Losing You ” de Police, le bébé nageur de ” Nevermind ”… sans compter que le cinéma a aussi enfanté quelques images cultes. On fait le point… Sorti en janvier 1977, Animals (photo) est le dixième album studio de Pink Floyd. Inspiré par le livre ”La Ferme des animaux” de George Orwell, Animals utilise des métaphores animales pour dépeindre les différentes classes sociales et les luttes de pouvoir au sein de la société. Mais le disque se distingue également par son artwork emblématique, conçu par Storm Thorgerson. La pochette représente une vue saisissante de la centrale électrique de Battersea, située à Londres. Ce bâtiment, avec ses quatre cheminées emblématiques, est un symbole de l’industrialisation et de la modernité. Sur cette image, un énorme cochon gonflable, surnommé “Algie”, flotte au-dessus de la centrale, créant un contraste frappant entre l’innocence de l’animal et la froideur de l’architecture industrielle. Ce cochon, qui représente l’avidité et la déshumanisation, est un élément central de la critique sociale que Pink Floyd développe dans l’album. Pour réaliser cette pochette, le groupe a utilisé une photographie prise par Thorgerson, à laquelle ils ont ajouté le cochon en post-production. Le processus a été complexe, nécessitant des ajustements minutieux pour s’assurer que le cochon semblait flotter de manière réaliste. Ce souci du détail témoigne de l’engagement de Pink Floyd envers une esthétique visuelle qui complète leur musique. Depuis sa sortie, la pochette de Animals est devenue une icône dans le monde de la musique. Elle est souvent citée comme l’une des meilleures couvertures d’album de tous les temps, et elle continue d’inspirer des artistes et des designers. Le cochon d’Animals est même devenu un symbole de Pink Floyd, apparaissant dans divers concerts et événements liés au groupe. On signalera encore la sortie d’un excellent bouquin (par Philippe Gonin aux éditions Le Mot et le Reste) uniquement consacré à ce disque mythique.”
“Ah ça, on ne l’avait pas vu, en regardant la vitrine du petit disquaire près de la gare de Lille, ce matin glacial de Janvier 77. L’album Animals venait d’arriver. Avec sa photo d’usine (La Battersea Power Station) et son cochon, mis en avant à côté des bouclettes de Peter Frampton (Comes Alive), du triangle cosmique de Tangerine Dream (Stratosfear), et du portrait en noir et blanc de Patti Smith (Radio Ethiopia). Finalement, on avait pris le vinyle noir, car moins cher et plus résistant d’après le vendeur. Tant pis pour le rose. Quelques heures plus tard, l’écoute. On avait été surpris par la vignette acoustique du chanteur / bassiste Roger Waters en intro. Heureusement débutait ensuite une longue pièce, comme pour Atom Heart Mother et Meddle, avec une série d’accords de guitare acoustique accompagnée de l’orgue de Rick Wright, puis le chant de David Gilmour, tout de suite vindicatif. Après lui, le déluge…”