Parution : 20/11/2014
ISBN : 9782360541553
400 pages (14,8 x 21)

23.00 €

Musiques savantes Tome II

De Ligeti à la fin de Guerre Froide 1963-1989

Un outil d’une rare valeur pour comprendre et mettre en perspective la multitude du XXe siècle.

Franpi Barriaux – Citizen Jazz

Au passage des années 1960, les musiques savantes occidentales ne voient pas se tarir l’extraordinaire profusion stylistique qui les a caractérisées dès le début du siècle. Bien au contraire, les théories extrêmes et les expériences les plus radicales continuent de côtoyer les héritages historiques en un labyrinthe sonore phénoménal : minimalisme, collage, happening, théâtre musical, aléatoire, improvisation… Puis, après l’élan révolutionnaire de 1968, l’histoire va changer la donne. Les métissages, la pop music, le free jazz, la world music et la mondialisation brouillent la lecture d’un paysage musical qui se cherche alors que l’Occident voit sa position considérablement remise en question dans le monde.
Comme dans le premier volume, Guillaume Kosmicki s’attache à décrypter simplement et au travers d’un choix d’œuvres emblématiques du répertoire les tendances les plus représentatives de la musique de notre temps. C’est toujours à la lumière de l’histoire qu’il explique les esthétiques musicales abordées. De Nono à Adams, de Parmegiani à Coltrane, en passant par Boucourechliev, Reich, Xenakis, Pink Floyd, Grisey, Lindberg et tant d’autres…

Revue de presse

- Entretien - 121 minutes jusqu'à la fin du monde Raphaëlle Tchamitchian Hors-Série 30 septembre 2017
- Un nouveau livre majeur en 3 volumes, par Guillaume Kosmicki, sur la musique moderne Jean Huber Musique contemporaine 28 août 2017
- Découvrir la musique du 20e siècle Laurent Mettraux Revue Musicale Suisse-Romande Décembre 2015
- Musiques savantes Tome II Franpi Barriaux Citizen Jazz 7 septembre 2015
- Musiques savantes Tome II Jean-Marc Warszawski musicologie.org 5 septembre 2015
- Invité : Guillaume Kosmicki Thomas Baumgartner France Culture // L'Atelier du son 24 avril 2015
- Musiques savantes Tome II Noé Gaillard Daily Books 10 mars 2015
- L'âge des utopies Franck Mallet Classica Mars 2015
- Trois bouquins pour les fêtes Olivier Pernot Trax Décembre / Janvier 2015
- La saga des musiques savantes : de l'électronique à la pop Maxence Grugier Le Sucre 5 janvier 2015
- Musiques savantes et autres avec Guillaume Kosmicki Michèle Tosi ResMusica 6 janvier 2015
- Interview de Guillaume Kosmicki Dominique Janvrey Radio Campus Orléans // Émission des littératures 5 janvier 2014
- L'Objet sonore Laurent Bergnach Anaclase 05 janvier 2015

- Entretien - 121 minutes jusqu'à la fin du monde

La journaliste Raphaëlle Tchamitchian reçoit Guillaume Kosmicki pour un entretien vidéo consacré aux trois tomes des Musiques savantes.

Ça fait des années que, dans mes articles pour la presse musicale, j’écris que les styles sont dorénavant obsolètes, que les frontières entre les genres n’ont plus lieu d’être et que les musiciens se nourrissent de toutes les influences qui sont à leur portée indifféremment de leur provenance. Autour de moi, c’est un fait acquis pour tout le monde. Pourtant, on ne cesse de (se) le répéter, et ce depuis au moins 10 ans, ce qui prouve que ça ne doit pas être si évident que ça. En effet, l’institution semble à la traîne — beaucoup de musiciens doivent se battre pour exister parce qu’ils ne cochent pas les bonnes cases, ou parce qu’ils en cochent trop à la fois — et, parfois, ce sont les artistes eux-mêmes qui s’enferment dans des chapelles (le jazz en est un exemple particulièrement friand).

En proposant un élargissement de la définition des “musiques savantes”, le musicologue Guillaume Kosmicki ajoute sa pierre à l’édifice. Comme il l’explique longuement dans l’entretien, de la définition originale il ne retient qu’une partie, afin de pouvoir intégrer dans le tiroir des musiques d’art, à coté de Debussy, Steve Reich et John Cage, des artistes aussi divers que Pink Floyd, John Coltrane, Björk ou John Zorn. Certains ont pu le lui reprocher, ici nous le saluons. Et si la musique écrite domine son ouvrage, nous avons volontairement choisi d’évoquer aussi quelques artistes dits de “musique populaire” issus de sa sélection, pour contribuer encore un peu plus à faire tomber ces maudites barrières. Notre (longue) discussion dessine ainsi une vue d’ensemble de la musique occidentale du XXe siècle, forcément incomplète, mais, je l’espère, stimulante.

*Rendez-vous sur Hors-Série pour voir l’entretien avec G. Kosmicki

Raphaëlle Tchamitchian
Hors-Série 30 septembre 2017

- Un nouveau livre majeur en 3 volumes, par Guillaume Kosmicki, sur la musique moderne

Un triple livre sur la musique moderne et contemporaine, c’est une aubaine tellement rare que l’on est tenté de fermer les yeux et de recommander l’initiative (de surcroît avec un petit éditeur aventureux).
Le premier volume paru il y a déjà presque 5 ans paraissait attractif mais comme il concernait essentiellement la période d’avant celle couverte par le présent site web, j’ai préféré attendre de connaître le projet complet et je remercie son auteur Guillaume Kosmicki de l’avoir compris et d’avoir été patient.
Voici les titres des 3 volumes dans l’ordre anti-chronologique :

Musiques savantes Tome III, de John Zorn à la fin du monde, et après… 1990–2015 (parution : 15/06/2017, 336 pages, 23 €)
Musiques savantes Tome II, de Ligeti à la fin de Guerre Froide 1963–1989 (parution : 20/11/2014, 400 pages, 23 €)
Musiques savantes Tome I, de Debussy au mur de Berlin 1882–1962 (parution : 18/10/2012, 432 pages, 23 €)

Disons-le d’emblée, notamment pour les gens pressés qui ne liront pas la suite, l’achat des 3 volumes (ou seulement du 3ème volume qui vient de sortir, si vous possédez les 2 premiers) peut être engagé les yeux fermés, et en tout cas, cet achat pour soi ou en cadeau (pour faire découvrir cette musique de notre temps, notre musique, la musique de nos créateurs) est ici vivement recommandé.
Après une courte interview de son auteur (réalisée fin Juin), les fondements de ce soutien objectif seront détaillés et argumentés (en relief et en creux), mais, auparavant, voici 4 séries de raisons express pour emporter votre décision :
- l’auteur a un sens remarquable de la bonne vulgarisation didactique (rendre accessible un sujet difficile au plus grand nombre, tout en restant exact et solide)
– la sélection de compositeurs et de pièces emblématiques est certes engagée-assumée et personnelle, mais à large spectre, consensuelle, réaliste, et sans biais-partialité majeurs (d’ailleurs, pour élargir le champs des possibles, à la fin de chaque compositeur-pièce choisi, sont listées d’autres pistes d’écoute possible, d’autres approches transverses, souvent attractives)
la sélection est astucieusement complétée par des chapitres de respiration consacrés aux mouvements socio-politiques, culturels ou esthétiques des arts de la période considérée, ou à la grande et petite Histoire (des dimensions qui influencent fortement l’inspiration des compositeurs et des artistes en général)
– l’auteur ne fait clairement pas partie du microcosme parisianiste car son style est vivant et direct (pas ampoulé, pas allusif au second degré, pas hermétique-savant), sans détour, sans aplomb vertical-doctoral, sans pédantisme et sans jargon, maniant agréablement l’anecdote pimpante, le détail coloré et les faits réalistes, ou les explications claires (il y a quand même un glossaire en fin de volume)

Voici, maintenant, les réponses à 3 questions posées à Guillaume Kosmicki (le 28 Juin 2017) :

MCI : «Comment êtes-vous venu à la musique ?»
G.K. : «Je n’ai pas un parcours classique, car je ne suis pas issu d’une famille de musiciens (mes parents nous ont offert l’opportunité de nous intéresser à de nombreuses activités, sport, peinture, musique etc. Pour ma part, j’ai commencé avec passion l’étude du violon à 6 ans et plus tard la guitare en autodidacte) ; ensuite c’est un Bac option C, et très tôt un objectif musicologie (ethnomusicologie, anthropologie, sociologie de la musique, sémiologie, herméneutique musicale) à l’Université d’Aix-en-Provence (même si aujourd’hui je suis un Breton d’adoption, solidement ancré dans le Morbihan) ; enfin, mes recherches universitaires ont porté sur la techno, l’électro, les Free Parties et les Raves ; au final, ma carrière professionnelle correspond à mes choix de jeunesse, car je donne essentiellement des conférences en freelance dans les conservatoires, les universités (Aix-en-Provence, Metz, Paris VIII), les médiathèques, pour des associations d’amateurs d’arts, des festivals, des salles de concert etc. et puis je continue ma pratique musicale en amateur (dans un orchestre de chambre, à Vannes et pour la musique de scène dans une troupe de théâtre à Pontivy), et bien sûr j’ai aussi un site Internet personnel, ICI»

MCI : «comment en êtes-vous venu à écrire ce triple volume dédié à la musique moderne-contemporaine ?»
G.K. : «certainement, par passion, par expérience transversale et par raison professionnelle ; ma première chance est d’avoir été contacté par le même éditeur pour écrire un premier livre sur les musiques électroniques (intitulé Musiques électroniques : Des avant-gardes aux dance floors, 2009) ; il m’a ensuite interrogé sur l’opportunité d’un autre livre développant le sujet des musiques savantes du XXe siècle, déjà abordé dans le précédent ouvrage… et c’était parti ; ensuite, par passion, la musique c’est ma vie, professionnelle et personnelle (mes conférences m’aident beaucoup à affiner ma communication auprès de publics très variés et me servent à définir la bonne formulation en terme de vulgarisation didactique dans mes écrits) ; et enfin, écrire un livre est pour moi apporter modestement ma contribution à l’édifice de la connaissance, un regard, un point de vue, un angle différent ; il ne s’agit pas de remâcher banalement ce qui a déjà été dit ; il faut pour cela convaincre son éditeur, les médias mais surtout ses lecteurs (en même temps, mes livres servent de compléments durables aux participants à mes conférences)»

MCI : «comment en êtes-vous arrivé à ces choix de sélection compositeur-pièce à écouter (en nombre limité sur les 3 volumes) ?»
G.K. : «tout d’abord je voudrais dire qu’au départ il ne devait y avoir qu’un seul livre (un seul volume) et puis comme ma sélection s’enrichissait de plus en plus, j’ai écrit, j’ai écrit tant et plus, et il y a eu 2 livres au programme, puis 3 ! (et je veux saluer ici la souplesse infinie de mon éditeur face à ma prolixité) ; et au sein de ce projet, mon objectif était de parler sans les survoler des musiques des 25 dernières années (après 1990), encore très peu abordées (le volume 3) ; ensuite, j’ai travaillé sur une base limité de compositeurs incontournables par leur personnalité, par leurs choix visionnaires (très peu de compositeurs sont cités plus d’une fois… Varèse, bien sûr, Webern, Ligeti, Boulez, Chostakovitch), avant d’élargir avec éclectisme et sans a priori (et en rapport avec les repères historiques) ; enfin, je me suis fixé des règles dans mes choix de sélection compositeur-pièce, à savoir la volonté de ne pas être uniquement Franco-Français, ni trop Allemand, Italien ou Américain), et aussi la nécessité d’un équilibre au niveau des genres choisis (depuis l’opéra jusqu’aux oeuvres pour instrument soliste en passant par l’électroacoustique et la musique mixte), afin de disposer d’un panel large, et enfin du pré-requis que tous les choix soient disponibles à l’écoute en CD (il n’y a qu’une exception, et elle est dans la tendance actuelle, le choix de la pièce d’Enno Poppe est seulement disponible à l’écoute sur Internet)»

Voici, maintenant, une analyse critique (en relief et en creux) des 3 volumes, après lecture attentive, renouvelée :

Tout d’abord, sur les choix fondamentaux.
Commençons par une incongruité-incohérence majeure entre le titre même des livres et le contenu détaillé des choix : les 3 volumes sont titrés «Musiques savantes» et l’on s’attend à des choix et des analyses exclusivement sur la musique dite classique pendant la période des 20ème et 21ème siècles ; or, même si les écarts sont à la marge (autour de 10%), il n’en est rien car inclure des compositeurs comme Louis Armstrong, Duke Ellington, Thelonious Monk, John Coltrane, Miles Davis, Cathy Berberian, The Beatles (mais pas The Rolling Stones !), Archie Shepp, Pink Floyd, Björk fait tiquer le lecteur car ils appartiennent à la Pop ou au Jazz ou à l’Impro, donc à des musiques populaires, non savantes (sans dénigrement), même si ces compositeurs, plus souvent mélodistes et arrangeurs accomplis, sont tout à fait respectables et qu’ils ont même innové à leur manière (je pense ici à Thelonious Monk pour les rythmes asynchrones, à Miles Davis pour les libertés de timbres et de rythmes et pour les contructions-coordinations vertigineuses dans l’improvisation) [note : l’auteur m’a alors demandé comment je définierais les musiques non savantes… et j’ai répondu que historiquement au moins les musiques non savantes, quelles qu’elles soient, s’éteignaient avec leur temps, ou peu après] ; également, malgré la fièvre qu’ils ont apporté aux hits-parade en leur temps, les choix de Gordon Mumma, Morton Subotnick, Meredith Monk, John Zorn, Charlemagne Palestine, Nico Muhly, Kasper Toeplitz paraissent excessifs, eu égard à leur notoriété en Europe et à leur musique que je jugerai mais c’est personnel assez peu composée et bien moins savante et inspirée que des compositeurs qui semblent avoir été injustement oubliés (cf. plus loin).

Ensuite, sur la construction de chaque volume, il faut noter un choix fondé de commencer, pour expliquer la destinée de la musique moderne, en remontant assez loin dans le temps, en substance Wagner (chromatisme), Franck (improvisations) et le dernier Liszt (atonalité), il faut noter une variété de bonne aloi dans la construction de chaque volume (dans le volume 1, c’est surtout l’introduction historico-esthétique qui est longue, suivie de courtes respirations qui sont priviliégiées entre les sélections, dans le volume 2, à l’image de cette période assez indécise sur le plan historique et musical, c’est plutôt 2 intros assez longues avant les sélections et des explications sur les expérimentations musicales proliférantes, dans le volume 3, à l’image d’un monde plus stable et plus trivial, il y a une longue introduction (due à la diversité des esthétiques musicales), avant un important post-sriptum et des interviews de personnalités musicales qui apportent une vision extérieure, voire transversale, une autre perspective à l’ensemble) ; le volume 1, c’est une extraordinaire profusion stylistique (compensée par le retour au passé avec le néoclassicisme) ; le volume 2, c’est les théories extrêmes et les expériences les plus radicales, parallèlement au progressisme issu de la période précédente ; le volume 3, c’est le parcours individuel avec synthétisme multiples (métissage planétaire, influence des réseaux, post-spectraux, généralisation de l’informatique au service de la culture du son, persistance du minimalisme, transversalité entre formes artistiques et vague nostalgique souvent préfixée de «néo»).

Enfin, sur les sélections principales compositeur-pièce à écouter (au total, 168, chacune avec 3 à 6 pages d’analyse, sans compter les pistes supplémentaires ; commençons par souligner la diversité esthétique (rien de majeur oublié) et de nationalité (bien sûr il y a un biais inévitable en faveur des compositeurs Français sur le présent site web MCI, aussi ! car en concert sur le vif ou à la radio, on écoute en France en priorité des compositeurs Français vivants, et la distribution des disques en France suit la même démarche) ; dans le détail, dans le 1er volume, peu de commentaires (le temps a déjà marqué sa trace) sauf pour s’étonner, comme point de couture entre les siècles, de la présence de Fauré (regard vers le passé ?) et de Puccini (également passéiste, mais selon l’auteur, il s’agit ici de saluer les livrets anticipateurs du cinéma et la musique prémonitrice des B.O.F.), puis dans les 2ème et 3èmes volumes, de la présence de la rock-star Frank Zappa (certes adoubé par Boulez) et du jazzman Anthony Braxton, qui ont tous deux émargé à la musique contemporaine, mais qui objectivement sont des compositeurs (en terme de technique compositionnelle) de deuxième choix (voire un brin amateurs) ; et à l’inverse de l’absence de Luigi Russolo et des premiers micro-tonaux (ou, plus tard, de Ivan Wyschnegradsky), puis pour la période de la guerre, de l’oubli des compositeurs dégénérés (selon les Nazis) et qui ont péri avec la Shoah (par exemple, Ullmann) ; d’ailleurs de manière générale, et c’est une tendance générale aujourd’hui, on peut parler, pour les compositeurs correspondant aux années 1960–75, véritablement de «génération oubliée» (post-sérielle, anti-sérielle, et autour), avec les oublis discutables de (par ordre alphabétique) Gilbert Amy, de Friedrich Cerha, de Nguyen-Thien Dao, de James Dillon, de Roberto Gerhard, d’Alberto Ginastera, de Karel Goeyvaerts, d’André Jolivet, de Xavier Montsalvatge, de Luis de Pablo, d’Henri Pousseur, d’Eliane Radigue, de Horatiu Radulescu, de Valentyn Silvestrov, de Mathias Spahlinger, de Michael Tippett, de Claude Vivier, etc. (mais il fallait faire des choix et le temps leur donnera peut-être raison, et il oubliera certains de ceux sélectionnés à leur place) ; enfin, et plus important, côté injustice, il manque cruellement des compositeurs qui ont innové magistralement et dont la personnalité musicale est forte (et la musique prégnante, objectivement) : Galina Ustvolskaya (radicale), Conlon Nancarrow (rythmes superposés, qui ont tant influencé Ligeti, dernière manière), le regretté Christophe Bertrand (rythmes en spirale), Michaël Levinas (1er spectralisme, puis résonance et polyrythmies complexes), Thierry Pécou (sons et couleurs exotiques, avec rythmes asynchrones), Rebecca Saunders (résonance en fuite), Hans Abrahamsen (dissonances imbriquées), Georg Friedrich Haas (microtonalité pulsée), sans oublier les 2 compères saturateurs Yann Robin et Franck Bedrossian (de Raphaël Cendo, seul sélectionné, hélas), et pourquoi pas les 3 professeurs Français de composition du CNSMDP, figures de prou de la modernité actuelle (Frédéric Durieux, Yan Maresz, Gérard Pesson), notamment en informatique musicale.

En résumé, certainement, un must-achat de 3 livres incontournables (bravos à l’auteur !) par leur didactisme, par leur prosélitisme Grand-Public, par l’audience très large visée… les mélomanes du répertoire, les curieux de la Musique Contemporaine (comme pour ce site web MCI !) et tous les autres qui aiment découvrir des musiques, notamment celles des compositeurs des années 2000, accessibles à tous, à partir, pourquoi pas, du Rock, du Jazz, de l’impro, de la Pop, de l’Électro populaire (etc.)… et pour terminer en guise de conclusion temporaire, un souhait un peu fou, celui de voir publier dans un futur indéterminé (l’auteur a le temps devant lui, il n’a que 43 ans) un 4ème volume (au moins !) qui éclairera les nouvelles tendances, les nouveaux compositeurs émergents de demain (encore inconnus) et même d’aujourd’hui qu’il n’a pas sélectionnés (ils sont nombreux), et qui réparera les quelques oublis-injustices majeurs soulignés ici !

Addendum : Guillaume Kosmicki a aimablement accepté d’inclure, en exclusivité pour les lecteurs de cet édito, la liste des compositeurs-pièces sélectionnés dans ce triptyque, avec l’année de composition (pas l’année de création, comme dans MCI) ; le lecteur attentif la comparera, sur le présent site web, à la SÉLECTION de pièces-compositeurs (pas l’inverse, comme dans les 3 livres) et au XXL-SCOPE de MCI, et constatera énormément de points communs et quelques différences (complémentarités) dont il fera son miel…
Franz Liszt, “La Lugubre Gondole” (1882) | César Franck, “Choral n°3” (1890) | Gabriel Fauré, “Prison” (1894) | Scott Joplin, “Ragtimes” (1899–1909) | Giacomo Puccini, “Tosca” (1900) | Claude Debussy, “Pelléas et Mélisande” (1902) | Leos Janacek, “Jenufa” (1903) | Anton Webern, “Langsamer Satz” (1905) | Claude Debussy, “Images, Livres 1 et 2” (1905–1907) | Richard Strauss, “Salomé” (1905) | Gustav Mahler, “Symphonie n°8” (1906) | Maurice Ravel, “Gaspard de la nuit” (1908) | Béla Bartók, “Quatuors à cordes” (1909–1939) | Alexandre Scriabine, “Prométhée ou Le Poème du feu” (1910) | Arnold Schoenberg, “Pierrot lunaire” (1912) | Henry Cowell, “Piano Music” (1912–1930) | Igor Stravinski, “Le Sacre du printemps” (1913) | Charles Ives, “Concord Sonata” (1915) | Erik Satie, “Parade” (1917) | Darius Milhaud, “Le Bœuf sur le toit” (1919) | Jean Cocteau et le Groupe des Six, “Les Mariés de la Tour Eiffel” (1921) | Paul Hindemith, “Kammermusik” (1921–1927) | Alban Berg, “Wozzeck” (1922) | Manuel De Falla, “Le Retable de Maître Pierre” (1923) | Arthur Honegger, “Mouvements symphoniques 1–3” (1923–1932) | George Antheil, “Ballet mécanique” (1925) | Alexandre Mossolov, “Zavod (Les Fonderies d’acier)” (1926) | Igor Stravinski, “Oedipus Rex” (1927) | Louis Armstrong, “West End Blues” (1928) | Kurt Weill, “L’Opéra de Quat’sous” (1928) | Maurice Ravel, “Boléro” (1928) | Heitor Villa-Lobos, “Bachianas Brasileiras 1–9” (1930–1945) | Edgar Varèse, “Ionisation” (1931) | Arnold Schoenberg, “Moïse et Aron” (1932) | Dimitri Chostakovitch, “Lady Macbeth de Mzensk” (1932) | Edgar Varèse, “Ecuatorial” (1934) | Paul Hindemith, “Matis der Maler” (1935) | George Gershwin, “Porgy and Bess” (1935) | Alban Berg, “Concerto à la mémoire d’un ange” (1935) | Béla Bartók, “Musique pour cordes, percussion et célesta” (1936) | Samuel Barber, “Quatuor à cordes” (1936, revisé 1943) | Anton Webern, “Quatuor à cordes op. 28” (1938) | Sergueï Prokofiev, “Alexandre Nevski” (1938) | John Cage, “Imaginary Landscapes 1–5” (1939–1952) | Duke Ellington, “Ko-ko” (1940) | Luigi Dallapiccola, “Canti di prigionia” (1941) | Dimitri Chostakovitch, “Symphonie n°7 «Leningrad»” (1941) | Harry Partch, “Bartsow” (1941, revisé 1968) | Ernst Krenek, “Lamentatio Jeremiae Prophetiae” (1942) | Aaron Copland, “Fanfare for the Common Man” (1942) | Sergueï Prokofiev, “Sonate pour piano n°7” (1942) | Thelonious Monk, ”‘Round Midnight” (1944) | Benjamin Britten, “Peter Grimes” (1945) | Pierre Schaeffer, “Cinq études de bruits” (1948) | Olivier Messiaen, “Turangalîla-Symphonie” (1948) | John Cage, “Sonatas and Interludes for Prepared Piano” (1948) | Pierre Schaeffer et Pierre Henry, “Symphonie pour un homme seul” (1950) | Karlheinz Stockhausen, “Kreuzspiel” (1951) | Jean Barraqué, “Sonate pour piano” (1952) | Bruno Maderna, “Musica su due dimensioni” (1952) | Iannis Xenakis, “Metastasis” (1954) | Pierre Boulez, “Le Marteau sans maître” (1954) | Edgard Varèse, “Déserts” (1954) | Leonard Bernstein, “West Side Story” (1957) | Miles Davis, “Ascenseur pour l’échafaud” (1957) | Francis Poulenc, “La Voix humaine” (1958) | Olivier Messiaen, “Catalogue d’oiseaux” (1958) | Luciano Berio, “Sequenza I-XIV” (1958–2002) | Giacinto Scelsi, “Quattro pezzi su una nota” (1959) | Krzysztof Penderecki, “Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima” (1960) | Hans Werner Henze, “Elegie für junge Liebende” (1961) | György Ligeti, “Aventures” (1962) | Benjamin Britten, “War Requiem” (1962) | Bernd Aloïs Zimmermann, “Die Soldaten” (1963, 1965) | Terry Riley, “In C” (1964) | Luigi Nono, “La Fabbrica illuminata” (1964) | Betsy Jolas, “Quatuor II” (1964) | John Coltrane, “A Love Supreme” (1964) | La Monte Young, “Well-Tuned Piano” (1964–20??) | Cathy Berberian, “Stripsody” (1966) | The Beatles, “Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band” (1967) | Gordon Mumma, “Hornpipe” (1967) | Morton Subotnick, “Silver Apples of the Moon” (1967) | Archie Shepp, “The Magic of Ju-Ju” (1967) | Maurice Ohana, “Syllabaire pour Phèdre” (1967) | André Boucourechliev, “Archipel I à IV, Anarchipel” (1967–1970) | Iannis Xenakis, “Polytopes” (1967–1978) | Karlheinz Stockhausen, “Stimmung” (1968) | György Ligeti, “Continuum” (1968) | Pierre Henry, “L’Apocalypse de Jean” (1968) | Luciano Berio, “Sinfonia” (1968–1969) | Frank Zappa, “Uncle Meat” (1969) | François Bayle, “Jeîta ou Murmure des eaux” (1970) | Pink Floyd – Ron Geesin, “Atom Heart Mother” (1970) | Mauricio Kagel, “Acustica” (1970) | George Crumb, “Black Angels” (1970) | Henri Dutilleux, “Tout un monde lointain…” (1970) | Luc Ferrari, “Presque rien n°1 à 4” (1970–1998) | Toru Takemitsu, “In an Autumn Garden” (1973, “1979) | Gérard Grisey, “Les Espaces acoustiques” (1974–1985) | Bernard Parmegiani, “De Natura Sonorum” (1975) | Steve Reich, “Music for Eighteen Musicians” (1976) | Philip Glass et Bob Wilson, “Einstein on the Beach” (1976) | Henryk Gorecki, “Symphonie n°3” (1976) | Alfred Schnittke, “Concerto grosso n°1” (1977) | Arvo Pärt, “Tabula rasa” (1977) | John Chowning, “Stria” (1977) | Meredith Monk, “Dolmen Music” (1979) | Olivier Greif, “Sonate de requiem” (1979, révisé 1992) | György Kurtág, “Messages de feu Demoiselle R.V. Troussova” (1980) | Sofia Goubaïdoulina, “Offertorium” (1980) | Pierre Boulez, “Repons” (1981–1984) | Jonathan Harvey, “Bhakti” (1982) | Tristan Murail, “Désintégrations” (1982) | Witold Lutoslawski, “Symphonie n°3” (1983) | Morton Feldman, “String Quartet II” (1983) | Michel Redolfi, “Sonic Waters #2” (1983–1989) | Jean-Claude Risset, “Sud” (1985) | Magnus Lindberg, “Kraft” (1985) | György Ligeti, ”Études pour piano” (1985–2001) | Brian Ferneyhough, “String Quartet n°3” (1987) | John Adams, “Nixon in China” (1987) | John Tavener, “The Protecting Veil” (1988) | John Zorn, “Naked City” (1990) | Thierry Escaich, “Esquisses 1–4” (1990–1993) | François-Bernard Mâche, “Kengir” (1991) | Marco Stroppa, “Miniature estrose” (1991–2001) | Hanspeter Kyburz, “Cells” (1994) | Philippe Manoury, “En écho” (1994) | Michael Jarrell, “Cassandre” (1994) | Kaija Saariaho, “Château de l’âme” (1995) | Wolfgang Rihm, “Jagden und Formen” (1995–2001) | Christian Zanési, “Arkheion” (1995–1996) | Péter Eötvös, “Trois Sœurs” (1997) | Thomas Adès, “Asyla” (1997) | Xu Yi, “Le Plein du Vide” (1997) | Pascal Dusapin, “Dona eis” (1997) | Charlemagne Palestine, “Schlongo!!!daLUVdrone” (1998) | Fausto Romitelli, “Professor Bad Trip, Lessons I-III” (1998–2000) | Olga Neuwirth, “Clinamen – Nodus” (1999) | Bruno Mantovani, “La Morte Meditata” (1999) | Helmut Lachenmann, “Quatuor à cordes n°3 Grido” (2001) | Toshio Hosokawa, “Re-turning” (2001) | Aphex Twin, “Drukqs” (2001) | Steve Reich – Beryl Korot, “Three Tales” (2002) | Emmanuel Nunes, “Improvisation II – Portrait” (2003) | Georges Aperghis, “Avis de tempête” (2004) | Klaus Huber, ”...à l’âme de descendre de sa monture et aller sur ses pieds de soie…” (2004) | Björk, “Medulla” (2004) | Martin Matalon, “Traces I-VII” (2004–2008) | Nico Muhly, “Bright Mass with Canons” (2005) | Samuel Sighicelli, “Marée noire” (2005) | Saed Haddad, “Les Deux Visages de l’Orient” (2006) | Raphaël Cendo, “Décombres” (2006) | Heiner Goebbels, “Stifters Dinge” (2007) | Beat Furrer, “Concerto pour piano” (2007) | Ivan Fedele, “En archè” (2008) | Alberto Posadas, “Liturgia Fractal” (2008) | Matthias Pintscher, “sonic eclipse” (2010) | Zad Moultaka, “Zajal” (2010) | Anthony Braxton, “Composition n°272” (2011) | Salvatore Sciarrino, “Cantiere del poema” (2011) | Kasper T. Toeplitz, “Inoculate?” (2011) | Philippe Hersant, “Instants limites” (2012) | George Benjamin, “Written on Skin” (2012) | Enno Poppe, “Filz” (2014)

Lisez l’article sur le site Musique Contemporaine

Jean Huber
Musique contemporaine 28 août 2017

- Découvrir la musique du 20e siècle

Faire découvrir la diversité des oeuvres importantes du 20e siècle, tel est le but des deux premiers tomes d’un ouvrage qui en comprendra trois, parus aux éditions Le mot et le reste.

Dans ses présentations, en général sur trois à six pages, de 123 oeuvres emblématiques des années 1882 à 1962 (tome 1) et 1963
à 1989 (tome 2), Guillaume Kosmicki ne se contente pas seulement d;une approche vivante des compositeurs et des oeuvres choisies, il les replace également dans leur époque et en relation tant avec le passé qu’avec le futur. Pensant que “tout artiste est forcément le fruit de son époque et de la société dans laquelle il s’inscrit ou refuse de s’inscrire”, il fait preuve d’ouverture d’esprit face aux différentes esthétiques qui forment la richesse de la musique du 20e siècle. Le but de l’auteur n’est pas l’exhaustivité (on n’y trouvera par exemple ni Sibelius, ni Szymanowski, ni Nancarrow), mais de brosser un vaste panorama (de Liszt à Tavener, de Joplin à Pan, en passant
par Cage, Xenakis, Ligety ou Grisey) d’un siècle où la musique s’est diversifiée à l’extrême. Un équilibre a été recherché dans le premier volume entre les différents genres présentés : opéra, ballet, musique de chambre, musique symphonique, oeuvres pour piano, oeuvres vocales. Le second volume reflète également l’éclatement des genres et l’ouverture progressive des frontières vers d’autres musiques.

Aucune analyse froide ou hermétique, car le but recherché reste de faire découvrir ou redécouvrir des jalons essentiels de la musique savante occidentale, et cela aussi bien aux musiciens ou mélomanes qu’aux néophytes.
Pour ces derniers, un glossaire des principaux termes musicaux utilisés se trouve à la fin de l’ouvrage. Après avoir mis l’eau à la bouche du lecteur, Guillaume Kosmicki propose une version sur disque de chaque pièce analysée ainsi qu’un choix complémentaire d’oeuvres à écouter. Dans de vastes introductions à chaque période, l’auteur fait preuve de talent pour décrire le contexte historique, sociologique et culturel, de même que les grands mouvements sous-jacents qui tissent la trame dans laquelle s’insèrent les compositeurs et leurs oeuvres.

Laurent Mettraux
Revue Musicale Suisse-Romande Décembre 2015

- Musiques savantes Tome II

Auteur en 2012 du premier tome de Musiques savantes, sous-titré De Debussy au Mur de Berlin (1882–1962), Guillaume Kosmicki propose chez son fidèle éditeur Le Mot et le Reste la suite de cette aventure du XXe siècle vue par le prisme des œuvres et des compositeurs. De Ligeti à la fin de la Guerre froide s’intéresse au même rapport intime entre l’œuvre, son auteur et son cadre historique, et reprend le fil de l’histoire là où l’auteur s’était arrêté – dans un monde bipolaire excité par les prémices de la pop culture et guidé par une foi quasi aveugle en une science éclairée et toute puissante, débarrassée de la barbarie. C’est ainsi que dans la première partie du livre, non sans avoir contextualisé à nouveau les enjeux politiques et culturels des années 60, Kosmicki présente des artistes en rupture avec l’ancien monde qui tentent, dans la mondialisation naissante, de s’affranchir des unités de temps et de lieu. Quitte à chercher l’inspiration dans la musique ancienne, à l’autre bout du monde ou même au cœur des machines.

Certains sont à la recherche de nouveaux langages, comme Terry Riley ou Luigi Nono. D’autres se servent de leur assise populaire pour tenter toutes les expérimentations. Les Beatles ou Pink Floyd figurent à leur juste place entre Pierre Henry ou La Monte Young. Quelques-uns enfin se désaffilient du sérialisme ambiant pour aller fouiller au cœur des sons (Gérard Grisey, dont l’auteur de Musiques électroniques, des avant-gardes au dance-floor martèle à juste titre l’importance).

[…]

Un outil d’une rare valeur pour comprendre et mettre en perspective la multitude du XXe siècle.

Lire l’article sans son intégralité sur le site de Citizen Jazz

Franpi Barriaux
Citizen Jazz 7 septembre 2015

- Musiques savantes Tome II

Voici donc la suite d’un premier volume (de Debussy au mur de Berlin : 1882–1962) publié il y deux ans, qui conforte la bonne impression que nous avons de la démarche, mais aussi l’irrésolution des questions, disons épistémologiques, qu’elle soulève.

Une démarche originale, qui à travers la description de 50 œuvres (quelques-unes de jazz et de rock), dresse une chronique en forme de fresque longue de 26 ans ayant comme sujet la musique savante, concept assez flou qui en fin de compte, malgré examen (voir premier volume), marque une ligne de démarcation entre ce qui est admis dans les cercles éclairés des initiés et le peuple païen (au moyen-âge, on disait les « simples »).

C’est une entreprise personnelle qui sort des sentiers battus et dresse un panorama musical pertinent, même si le lecteur à tout coup regrettera de ne pas trouver telle ou telle œuvre, à la place de telle ou telle autre. Dans ce cas, ce livre ne lui sera pas vraiment utile, dans la mesure où la connaissance lui est déjà acquise.

Du côté des problématiques, on relève celle des périodisations qui n’est pas abolie par le choix original qui est fait ici. D’abord, parce que les dates de 1963 et de 1989, ne tiennent pas compte des compositeurs dont l’œuvre créative est développée en amont et aval de ces frontières, mais aussi du fait qu’une œuvre ne vaut pas seulement par son origine, elle vaut par son influence et sa durée de vie des envies des musiciens et des mélomanes. Ainsi, Johann Sebastian Bach, mort en 1750, renaît littéralement en 1827, grâce aux efforts de Fanny et Félix Mendelssohn, et reste de nos jours un compositeur de premier plan, éclatant ainsi sa propre chronologie et les périodisations artificielles des histoires académiques de la musique.

Sans vouloir couper les cheveux en quatre, il manque dans ce panorama, des choses relativement importantes, comme l’engouement pour la musique du moyen-âge, du plain-chant, pour les musiques des XVIIe-XVIIIe siècles. De Solesmes à William Christrie et autres, il faut bien parler ici de création contemporaine (en réaction au romantisme, et interrogation sur le jeu instrumental), et dans le même ordre d’idée pour les musiques des lointains horizons, comme la découverte des musiques de Bali ou des Pygmées (et donc la généralisation du disque microsillon qui est aussi un événement musical de l’époque).

[…]

Nous espérons que ce livre réfléchi, qui n’est pas un amas d’érudition aveugle, fera réfléchir. Au passage, une mention pour Le mot et le reste, une belle et constante maison d’édition.

Retrouvez la chronique dans son intégralité sur le site musicologie.org

Jean-Marc Warszawski
musicologie.org 5 septembre 2015

- Invité : Guillaume Kosmicki

Guillaume Kosmicki est opiniâtre et passionné, soit le bon cocktail pour fabriquer des livres savants et multiples. C’est le cas du 2e tome de Musiques savantes, sous-titré : De Ligeti à la fin de la Guerre froide 1963–1989 (éd. Le mot et le reste). La période traitée nous amène dans un moment de renouveau de l’avant-garde. Le “labyrinthe sonore est phénoménal”, écrit Kosmicki. “Minimalisme, collage, happening, théâtre musical, aléatoire, improvisation…” L’auteur sait raconter et choisir. Il passe en revue certaines pièces fondamentales, et les met en regard de l’histoire sociale et politique. Pas de lien de cause à effet, mais des échos, des résonances. Bernd Alois Zimmermann et Terry Riley ouvrent le bal. John Coltrane n’est pas oublié. Subotnick en papy électro, Zappa en mogul virtuose, Phil Glass bien sûr… Le kaleidoscope donne le tournis, mais l’auteur tient son affaire et nous confie au final une somme qui fera référence. Mais jusqu’où s’arrêtera Kosmicki ? Pas à ce livre, puisque le tome 3 est en préparation avancée.

ÉCOUTER LE PODCAST DE L’ÉMISSION SUR LE SITE DE L’ATELIER DU SON

Thomas Baumgartner
France Culture // L'Atelier du son 24 avril 2015

- Musiques savantes Tome II

La lecture de ce livre m’a fait mesurer à quel point j’avais eu tort de ne pas m’intéresser au premier volume. Sans doute l’expression « musiques savantes » revêt-elle un aspect par trop didactique, précieux qui renvoie à « musique classique ». Je crois surtout que malgré quelques profs de musique ayant tenté de nous initier à Camille Saint Saëns et même Erik Satie, j’ai plus souvent dû supporter Beethoven, Bach et Mozart alors que la radio diffusait André Claveau et Bourvil… En revanche je me suis un peu rattrapé et je connais une bonne partie des musiciens cités dans ce livre pour les avoir écoutés et presque dans le temps donné par l’auteur.

Mais avant de reparler de musique je dois vous signaler la qualité des rappels historiques présentés ici. C’est brillant, à mon humble avis d’une grande justesse et parfois un peu ironique. En matière de musique on parle parfois de « pont » et Edgar Morin voudrait que l’on fasse des ponts entre les matières, les disciplines, les arts etc… l’auteur y réussit fort bien.

Vous connaissez le principe : il s’agit d’une sélection d’albums de musique savante (utilisant les techniques nouvelles) commentés, explicités et mis en perspectives. On notera des choses qui pourraient surprendre : la présence de Sergent Pepper Lonely Heart Club Band, de Love Supreme de John Coltrane, un Pink Floyd et un Franck Zappa Uncle Meat et aussi le fait que l’auteur choisit/glisse dans la liste des albums à écouter souvent des albums de musique classique. Enfin, ne vous inquiétez pas si vous n’avez pas trouvé l’album de votre musicien préféré, regardez bien les listes de « compléments » d’écoute, il m’étonnerait que vous ne le découvriez pas.

Le genre de livre qui vous occupe en plus deux ou trois demi-journées de recherche et d’écoute en médiathèque…

Bonne écoute.

LIRE L’ARTICLE SUR LE SITE DE DAILY BOOKS

Noé Gaillard
Daily Books 10 mars 2015

- L'âge des utopies
Le second volet de cette encyclopédie consacrée aux musiques savantes du XXe siècle aborde les années 1960, période cruciale où, après la césure des années 1950, l’éclatement stylistique bat son plein. Ainsi, l’auteur nous entraîne vers la musique concrète, la pop, le free jazz et la world music, tout en faisant apparaître de nouvelles personnalités, car c’est moins le choc des confrontations que l’art du métissage et des nouvelle tendances, où se détachent à la fois Coltrane et Stockhausen, les Beatles et Ligeti, Pink Floyd et les répétitifs américains, mais aussi les spectraux français, Nono, Kagel, Schnittke, Gorecki, Arvo Pärt…
Franck Mallet
Classica Mars 2015

- Trois bouquins pour les fêtes
Après un premier volume qui couvrait la période 1882 à 1962, le musicologue Guillaume Kosmicki décrypte les musiques savantes dans une seconde partie plus contemporaine (1963 à 1989). La dénomination de musiques savantes, parfois contestée, se définit en opposition aux musiques traditionnelles et populaires. Dans la seconde moitié du XXe siècle, elle embrasse de nouveaux courants : jazz, musique contemporaine, musique expérimentale et certains versants de la musique électronique. Guillaume Kosmicki, par ailleurs auteur du remarquable Free Party chez le même éditeur, analyse ainsi des œuvres et des artistes emblématiques comme John Coltrane, Bernard Parmegiani, Pink Floyd et Steve Reich.
Olivier Pernot
Trax Décembre / Janvier 2015

- La saga des musiques savantes : de l'électronique à la pop

Après Musiques électroniques, des avant-gardes aux dancefloors et Free Party, une histoire, des histoires, le musicologue et conférencier Guillaume Kosmicki a repris du service en décembre pour un deuxième volet qui explore la saga des musiques savantes, de l’avant-garde électronique aux musiques improvisées, en passant par le minimalisme, les musiques aléatoires et autres expériences sonores inouïes.

Si dans Musiques savantes, de Debussy au mur de Berlin, Guillaume Kosmicki s’attachait à décrypter l’évolution des musiques dites “d’avant-garde” du début du XXe siècle, avec ce deuxième volume titré Musiques savantes, de Ligeti a la fin de la guerre froide, le musicologue et essayiste se concentre sur le moment où les musiques savantes occidentales affrontent – ou s’ouvrent – au monde extérieur, font l’expérience du métissage et rencontrent, de manière souvent fructueuse, la pop music, le free jazz et les musiques électroniques (entre autres).

Avec ce second volume, Guillaume Kosmicki étudie minutieusement, point par point – et avec des exemples concrets (œuvres emblématiques a l’appui), les différentes écoles et étapes de l’histoire de musiques qui, pour être « savantes » n’en sont pas moins inscrites dans l’histoire des musiques d’aujourd’hui, pionnières même parfois, de genres désormais assimilés aux musiques populaires : qu’il s’agisse de pop, de rock psychédélique, de jazz, de musique acousmatique, de techno ou d’electronica.

Des premières œuvres minimalistes de Terry Riley et La Monte Young, aux musiques répétitives de Steve Reich (qui tous, de près ou de loin, furent précurseurs de la techno) en passant par les textures granuleuses de Morton Subotnick (compositeur du fameux “Silver Apples Of The Moon” qui propulsa les sons électroniques dans les charts dès 1967) et les constructions électroniques de Karlheinz Stockhausen, ou celle de L’Apocalypse de Jean de Pierre Henry, sans oublier l’iconoclaste et futé Uncle Meat de Frank Zappa (mais aussi le Sgt. Peppers Lonely Heart Club Band des Beatles), c’est tout simplement l’éventail complet de l’héritage des musiques d’aujourd’hui qui transparaît en filigrane dans ce livre clair et synthétique, extrêmement bien écrit et parfaitement documenté.

Au final, en plus d’être un tour de force (thématique ? synthétique ? historique ?) Musiques savantes, de Ligeti à la fin de la guerre froide, s’avère également un vrai trésor et une mine d’infos pour les curieux et les amateurs de musiques actuelles désireux d’en savoir plus sur les évolutions qui précédèrent les musiques que nous écoutons. De fait, il est clair que Guillaume Kosmicki devrait être inscrit d’office au programme de toutes les facs de musicologie, ainsi qu’aux catalogues de tous les centres de documentation de l’hexagone, pas moins !

CONSULTER L’ARTICLE SUR LE SITE DU MAGAZINE LE SUCRE

Maxence Grugier
Le Sucre 5 janvier 2015

- Musiques savantes et autres avec Guillaume Kosmicki

Il y a aujourd’hui pléthore d’ouvrages spécialisés couvrant la création musicale de la seconde moitié du XXème siècle. C’est pourtant cette période que réinvestit Guillaume Kosmicki, pédagogue et conférencier, dans le tome II de Musiques savantes mais en traitant la question autrement.

C’est la seconde étape d’un work in progress qui a débuté en 2012 (Musiques savantes, de Debussy au Mur de Berlin) et qui sera augmenté d’un troisième tome poussant l’investigation jusqu’au XXIème siècle. Dans cette étude des musiques savantes (celle des musiques écrites qui n’exclut ni le jazz ni les musiques électroacoustiques), Guillaume Kosmicki prend le parti de contextualiser la création sonore en procédant à un chassé-croisé pertinent entre recension historico-politique et vie artistique.

La période des vingt-six années couverte ici est scindée en deux : 1963–1973 d’une part, sous-titrée « Les sens d’un labyrinthe »; 1974–1989 d’autre part, qu’il intitule « Le vol des certitudes »: deux étapes au sein desquelles l’auteur brosse un panorama aussi condensé qu’éclairant de l’histoire événementielle du monde. Concernant la création artistique, tous les modes d’expression y sont abordés, de la littérature aux arts plastiques, du cinéma à la photographie, de la musique pop à la chorégraphie, jusqu’aux séries télévisées (celle de Dallas notamment), articulant ainsi un vaste réseau de données qui campent une époque et restituent un climat. L’auteur sélectionne ensuite une petite trentaine de compositeurs pour chacune des parties, pointant autant d’œuvres phares (Les Soldats de Zimmermann, Les espaces acoustiques de Grisey, Einstein on the Beach de Glass/Wilson, les Polytopes de Xenakis…) qui jalonnent ces années et en constituent les pierres d’angle.

La lecture en est toujours aisée et le propos bien argumenté sans jamais verser dans l’analyse technique. Un glossaire à la fin de l’ouvrage permet d’assimiler les notions de base du vocabulaire musical. L’étudiant comme le mélomane y trouveront matière à connaissance autant qu’à réflexion.

RETROUVER L’ARTICLE SUR LE SITE DE RESMUSICA

Michèle Tosi
ResMusica 6 janvier 2015

- Interview de Guillaume Kosmicki

Guillaume Kosmicki était l’invité de Radio Campus Orléans pour parler du second tome de ses Musiques savantes. Une heure d’émission à réécouter.

RÉÉCOUTER L’ÉMISSION DES LITTÉRATURES DU 05/01/15

Dominique Janvrey
Radio Campus Orléans // Émission des littératures 5 janvier 2014

- L'Objet sonore

Convaincu que la musique permet de comprendre le monde – et nous-mêmes, par ricochet –, le musicologue Guillaume Kosmicki (né en 1974) nous fut d’emblée sympathique par son intérêt pour l’histoire des musiques électroniques lire notre critique de l’ouvrage, puis celle des musiques savantes. Il y a un an sortait un premier tome sous-titré De Debussy au mur de Berlin (1882–1962) lire notre critique de l’ouvrage. Comme promis le deuxième tome prolonge avec brio l’analyse de 1963 à 1989, soit De Ligeti à la fin de la guerre froide.

Aujourd’hui encore, l’auteur choisit d’explorer son sujet année par année, en ralentissant l’allure sur celle qui est nettement faste (1964 réunit les noms de Riley, Nono, Jolas, Coltrane et Young). Il fractionne la période auscultée en plusieurs parties introduites par quelques pages d’histoire politico-artistique qui ravivent le contexte social de l’époque. On en comptait cinq dans le premier tome, elles sont deux ici – 1963–1973 : Les sens d’un labyrinthe et 1974–1989 : Le vol des certitudes.

D’une manière générale, alors que les premiers conflits du XXe siècle ont cimenté des interactions internationales, chaque événement trahit la rivalité entre USA et URSS, que soit abattu un étudiant anonyme ou un leader politique. Soutenus par ces géants cyniques, les peuples colonisés revendiquent l’autonomie – donnant lieu, pour le contexte français, aux guerres d’Indochine (1946–1954) et d’Algérie (1954–1962) –, tandis que des dictatures apparaissent sur divers continents – Kosmicki dénombre vingt-huit coups d’État réussis en Afrique, entre 1964 et 1975.

S’affirmant toujours plus face à l’Europe, les Nord-américains cherchent leur inspiration vers le Sahara (Reich, Riley) ou le Gange (Glass, Young), à travers un minimalisme qui combine agitation et philosophie. L’art sonore s’ouvre à l’Autre (étrangers, interprètes, etc.), à la rigueur technologique (Bayle, Chowning, Ferrari, Henry, Parmegiani, Risset) comme à l’improvisation. Pour certains, cela implique de rejeter le sérialisme (Boucourechliev, Dutilleux, Landowski, Ohana, Xenakis) et, plus largement, la tabula rasa ou la chapelle (Berberian, Kagel, Nono, Zappa).

Sans grand risque, nous avions prédit le retour de Berio, Boulez et Ligeti – Sinfonia, Répons, Continuum et Études pour piano sont analysés en quelques pages chacun, selon le principe du livre. Ces maîtres côtoient désormais des confrères tournés vers l’hédonisme (Grisey, Lindberg, Murail) ou la mystique (Górecki, Goubaïdoulina, Harvey, Pärt, Schnittke, Taverner). Alors que Berlin retrouve son intégrité, la notion d’avant-garde est moribonde. Mais d’autres courants apparaissent (saturationniste, extra-occidentaux, etc.), qui feront l’objet d’un troisième et dernier volume. Prenons rendez-vous !

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Laurent Bergnach
Anaclase 05 janvier 2015
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