Parution : 23/09/2010
ISBN : 9782360540105
248 pages (14,8 x 21 cm)

21.00 €

Hard’n’Heavy 1978-2010

Zero tolerance for silence

Extrait de la préface:

[...]

ET ALORS ?

Voici, grosso modo, où en est le metal, aujourd’hui, en 2010. Les diverses incarnations des deux seuls membres permanents de Sunn O))) (Thorr’s Hammer, Khanate, KTL, Ginnungapap, Lotus Eaters, Aethenor, The Burial Chamber Trio, le label Southern Lord, etc.) ont démontré que le milieu du metal extrême a tout d’une communauté underground, comme ceux du noise et du free jazz avec lesquels il se trouve parfois associé (citons l’intégration de Julian Priester, tromboniste entendu chez les jazzmen Herbie Hancock et Sun Ra, aux côtés de Sunn O)))). Cette communauté compte aujourd’hui une foule de personnages créatifs et très (ré)actifs, démontrant – si besoin est – que les barrières volent enfin en éclats. C’est exactement ce que MC5 appelait de ses vœux, dès 1969, avec Kick Out The Jams dans lequel était – justement – repris Sun Ra… Comme quoi les musiques « hard » et « heavy » s’avèrent beaucoup plus perméables aux influences extérieures que ses détracteurs ne l’imaginent.

En 1970 sort le premier album de Black Sabbath qui s’ouvre par un titre lourd et morbide préfigurant à lui seul des décennies de rock lugubre marqué par Lovecraft et Lucifer. Désormais prononcée, la rupture d’avec ce qui a précédé relativisera les promesses de paix et d’amour véhiculées par une époque rongée par le doute.
Cette césure résonnera comme un coup de tonnerre dont l’écho, au fil des ans, sera amplifié par des formations comme Saint Vitus, Gore, Nirvana, Kyuss, Soundgarden, Corrosion Of Conformity, Grief, Nebula, Earth, High On Fire, ainsi que par ce que mettront en évidence Stephen O’Malley et Greg Anderson, au sein de la dizaine de collectifs dans lesquels ils s’illustrent, comme au travers de leur label Southern Lord, dont les réalisations et les rééditions dessinent les contours d’une internationale underground, versée dans une neurasthénie jouissive au potentiel d’addiction énorme : celle – notamment – du doom et du sludge dans tous leurs états, tels que déclinés partout sur la planète, entre autres par Nadja (Canada), Electric Wizard (Angleterre), Orthodox (Espagne), Our Love Will Destroy The World (Nouvelle-Zélande), Reverend Bizarre (Finlande), Ufomammut (Italie) ou Khanate (USA). En évoquant le Jugement dernier, « Black Sabbath », le morceau, a de plus montré la voie par laquelle le black metal – de Venom à Xasthur – n’avait plus qu’à s’engouffrer.

Cette histoire fait suite à Hard’n’Heavy, Sonic Attack, 66–78.

Revue de presse

- Zero tolerance for silence Jean-Charles Desgroux crossroads Février 2011
- Hard'n Heavy 1966 - 1978 & 1978 - 2010 Bolmar Castaneda Daily Rock Février 2011
- Hard'n'Heavy 1978-2010 Gérôme Guibert Magic Janvier 2011
- Pour un journal du Hard ! Hard Anthologie ! Le Patriote 23 décembre 2010
- Hard'n'Heavy 1978-2010 Cyrille Lanöé Revue & Corrigée Décembre 2010
- Hard'n'Heavy 1978-2010 Raymond Sérini Nouvelle vague Décembre 2010
- Hard'n'Heavy 1978-2010 Olivier Drago Noise Novembre 2010
- Hard'n'Heavy 1978-2010 Sylvain Fake for real Octobre 2010
- Hard'n'Heavy 1978-2010 Eric Serva France Musique - Tapage nocturne Octobre 2010

- Zero tolerance for silence

Il existe une vraie et abondante bibliographie d’ouvrages metal dont on ne parle que trop peu souvent dans la presse : impossible d’en dresser ici l’exhaustive liste, la plupart venant d’Angleterre ou bien des US ; au moins profité-je de ce mois assez creux pour LIRE les tonnes de bouquins accumulés avec retard, jouissant des heures et des heures d’oisiveté et de lecture peinard une caïpi’ à la main pendant huit jours sous le soleil de Rio. L’un des derniers nés de la série Le Mot Et Le Reste, cette incroyable collection d’ouvrages didactiques consacrés à la musique au sens large et très ouvertement libres d’embrasser les scènes plus obscures, c’est le grand retour fort attendu du tandem Philippe Robert et Jean-Sylvain Cabot, qui nous avaient déjà fortement captivé avec leur bouquin Hard’n’Heavy 1966–1978, ici chroniqué fin 2009 ; et bien c’est enfin cet automne qu’a été publié leur tome 2, ... Zero Tolerance For Silence – quel titre mes aïeux ! En un peu plus d’une centaine de belles chroniques concises et très professionnelles, le duo de spécialistes nous invite à partager sa vision assez subjective de ce qui est représentatif, indispensable et quintessenciel dans l’univers du metal (au sens trèèèès large du terme !) depuis une trentaine d’années. Au sein même de ces sphères underground, les chocs sont frontaux : peu de complaisance et des choix étonnants, mûrs, risqués, amoureux et complètement inattendus puisque si quelques ténors du genre et leurs albums phares sont évidemment retenus pour les années 80 (Motörhead, Black Sabbath, Iron Maiden, Judas Priest, Metallica, Slayer), on s’attarde ici surtout sur des seconds couteaux moins populaires, mais bien définitivement cultes pour les fins connaisseurs (Angel Witch, Trouble, Saint Vitus, Black Flag, Mercyful Fate, Bathory, etc.). A partir des années 90, les deux journalistes recensent certains opus incandescents des scènes effectivement très confidentielles et émergentes telles que le stoner, le black, l’industriel, alors qu’on bascule drastiquement pendant les années 2000 dans une forme d’élitisme à la fois plus éclectique et archi-ténébreux que jamais avec des groupes drone, post-core, domm (ah, tous ces Boris, Khanate, Ufomammut, Sun O)))), Xasthur, Om, etc.). On est même parfois surpris de retrouver dans ce magma de noms tordus et vraiment pointus (c’est du “metal”, hein, n’oublions pas !...) des références plus communes telles que les Queens Of The Stone Age, Marilyn Manson… Ou encore le diptyque contestable que forme Use Your Illusion. Surprenant, audacieux et presque engagé, ce deuxième volet fournira une autre vision de la discothèque metal idéale à ceux qui n’ont ni peur du risque ni froid aux oreilles, et qui possèdent les ressources vitales pour aller au-delà de leur petit univers habituel.

Brillant et aventureux, d’autant que c’est admirablement bien agencé et rédigé. Une nouvelle source de référence, incontournable et parallèle.

Jean-Charles Desgroux
crossroads Février 2011

- Hard'n Heavy 1966 - 1978 & 1978 - 2010

Voici deux livres que les amateurs de rock 70’s et du gros son d’aujourd’hui devront apprécier. Le thème est tout simplement l’histoire du hard rock et du metal. Le premier s’attaque à toute la décennie qui va de l’apparition de Led Zep et de Black Sabbath jusqu’aux premiers balbutiements du punk. Il nous cite leurs racines : Hendrix, Cream, etc… et insiste sur l’influence que le groupe d’Ozzy a eu sur le côté sombre de ce qui allait suivre. Dans ces pages, nous trouvons tous les albums qui ont marqué cette décennie. Il insiste également sur la différence et les points communs qui ont pu exister entre les deux genres. Le deuxième livre s’attelle à nous procurer le récit du rock des trente dernières années : du punk en passant par les Iron Maiden, Motörhead, le thrash et la vague grunge mais aussi par les mouvements moins connus allant du black metal de Venom jusqu’au doom de Saint Vitus.

Deux livres très complets pour ceux qui voudront avoir, en un millier de pages, l’histoire vraie du riff lourd, technique et rapide.

www.daily-rock.com

Bolmar Castaneda
Daily Rock Février 2011

- Hard'n'Heavy 1978-2010

On sous-estime trop souvent l’aspect performatif des anthologies du rock. Alors qu’elles sont présentées comme des évidences, les idéologies sous-jacentes aux jugements repérant les albums qu’il faut retenir jouent un rôle dans leur consécration. Ou, au contraire, leur oubli. Or, le mélomane est submergé par les best of et autres Top 100 du rock réalisés par des baby-boomers qui proposent des rétrospectives à la papa sur le mode récurrent du “C’était mieux avant” ou “Depuis Led Zep, rien de nouveau, à part peut être The White Stripes”. Le lecteur un brin critique arrive bien souvent à saturation, même lorsqu’il est fan de bruit.

On accueillera donc avec jubilation le tome 2 de Hard’N’Heavy, qui propose une relecture radicale du patrimoine metal, dynamitant le catéchisme de l’histoire mainstream du genre. Qu’on est loin ici, pour le plus grand bonheur des spéléologues de la pépite underground, de la doxa ronronnante qui met insatiablement en avant les mêmes dinosaures! Dans la logique posée par le premier tome, Hard’N’Heavy 1966 1978 Sonic Attack (2009), les auteurs font de Black Sabbath et Motôrhead les deux mamelles du son pachydermique et rebelle qui essaime depuis lors de Saint-Vitus à Sleep, de Godflesh à Earth. Les héros du livre, et leurs fils conducteurs, sont les multiples projets de Stephen O’Malley et Greg Anderson, dont Sunn O))) constitue la partie la plus visible. Mais autour de ce plat de résistance, Philippe Robert et Jean Sylvain Cabot ajoutent une dose de true black metal (pour le culte du secret et les guitares ante shoegazing), une autre de grindcore (pour la perpétuation de l’esprit punk) et une constellation d’originaux peu identifiables (de Big Black à Current 93, via les Melvins).

Le lecteur sort avec l’envie intense de défricher autant de territoires d’écoutes inconnus.

Gérôme Guibert
Magic Janvier 2011

- Pour un journal du Hard ! Hard Anthologie !

Après un premier tome paru il y a un an, 1966–1978 Sonic Attack, les auteurs récidivent en faisant (re)découvrir au lecteur des groupes phares parfois cultes, parfois oubliés ou injustement ignorés, au travers d’albums ayant jalonné l’histoire de mouvements musicaux aussi riches et variés que sont le trash, le doom, le punk, le hardcore, le métal, le sludge, le heavy-métal, le black, le death, le grind, le stoner…
La grosse caractéristique de ce livre, et l’importance du travail des auteurs, outre la mine de renseignements fournis, c’est de mettre en évidence les passerelles existant entre certains styles musicaux. Ils pointent alors un paradoxe tout à fait intéressant montrant que le passage d’un genre à l’autre passe par la continuité (l’influence maîtresse d’origine évoquée ici et reprise tout le long du livre étant Black Sabbath) et une “rupture sans appel” avec les aînés (exemple donné indiquant qu’il n’y aurait pas eu de death-metal sans la détestation du trash par exemple).
Autre particularité, des groupes cultes en côtoient d’autres, plus confidentiels, traités sur le même pied d’égalité. Découvrir, au cours de la lecture la place faite au très bon album “Dead Men Tell No Tales” du groupe de doom bayonnais Monarch ! reste une surprise bien agréable. Au fil de la lecture, l’envie de réécouter tout un tas d’albums évoqués par les auteurs, parfois mis de côté depuis des années, et aussi de plonger dans la découverte des autres groupes nous prend, signe que le virus de la passion est transmis, et heureusement, peu importe la génération…

Le Patriote

Le Patriote 23 décembre 2010

- Hard'n'Heavy 1978-2010

Le Mot et le Reste poursuit dans sa collection Formes, les réflexions et les regards possibles sur route forme d’art (peinture, littérature et bien sûr musique). Ici la maison d’édition nous propose le deuxième volume du binôme Philippe ROBERT / Jean Sylvain CABOT autour et sur les musiques extrêmes liées au bard rock et ses dérivés: le metal, le grunge ou le doom (le premier volet a été chroniqué dans notre numéro précédent). Cela ne fait aucun doute: l’émergence do hard rock est concomitante de la fin d’une certaine innocence associée à l’idéalisme hippie en tant qu’expérience collective. Triste synchronisme, la guerre du Vietnam s’en est mêlée, obscurcissant l’horizon de toute une génération, et la désillusion s’est encore amplifiée d’un cran après les événements tragiques dAltamont en 1969…lit-on en préface de ce dictionnaire exhaustif aux entrées éparses et variées. De Saint-Vitus à Sunn O))), on déambule d’albums en albums qui ont retenu l’attention des auteurs mais aussi du public, pour quelques disques vendus à plusieurs millions d’exemplaires: ceux de Sepultura ou Marilyn Manson, entre autres. Car oui il y est question de disques, avec ces entrées en double page consacrées aux albums marquants, classés par ordre chronologique. Où chaque disque y est disséqué, remis dans le contexte de son année de sortie, et pour les plus anciens d’entre eux (pour rappel on couvre la période 1978 – 2010) une analyse de l’œuvre assez liée à son héritage, une fois les années digérées (et l’album aussi), avec même quelques conseils de groupes similaires. Une véritable pieuvre des musiques “lourdes” (permettez moi l’expression sans aucun sous-entendu bien sûr) avec pêle-mêle Fugazi, Carcass, God Flesh, Soundgarden, Nirvana, Shellac, Om, Earth, Nine Inch Nails, Zeni Geva, Black Flag…

Une véritable photographie d’un rock parfois décrié, parfois adulé ou incompris. Et un angle de lecture fort agréable. Une bonne encyclopédie en somme.

Cyrille Lanöé
Revue & Corrigée Décembre 2010

- Hard'n'Heavy 1978-2010

Après un premier ouvrage paru l’an dernier consacré à la naissance et l’apogée du hard rock Hard’n’heavy 1966–1978 : Sonic attack, les deux auteurs récidivent comme promis, consacrant ce second volume aux évolutions du genre, ne se contentant pas d’évoquer les groupes les plus vendeurs mais donnant une fois encore à découvrir cette foisonnante scène musicale, à travers les nombreux courants apparus au fil des ans, du hard FM au death metal en passant par le doom, le sludge, etc.. Plus d’une centaine d’albums marquants sont ici présentés chronologiquement, permettant de réviser ses classiques mais également de réévaluer un domaine musical dont la créativité est trop souvent sous-estimée.

Nouvelle vague

Raymond Sérini
Nouvelle vague Décembre 2010

- Hard'n'Heavy 1978-2010

[...]

On continue donc notre visite guidée au pays des décibels et des amplis qui crépitent selon le même schéma: à travers une nouvelle sélection toute personnelle de disques. Car c’est écrit noir sur blanc à la fin du livre: Les deux tomes de Hard ‘N’ Heavy constituent un parcours, non exhaustif et plus ou moins subjectif, des musiques dures et lourdes de 1966 à 2010. En effet, sinon comment expliquer l’absence au sommaire de ce second volume de Ministry, Unsane. Anthrax, Fudge Tunnel, Tad, Bad Brains, Obituary. High On Fire, Cop Shoot Cop. etc., et la présence de seconds couteaux à notre humble avis très dispensables tels Orange Goblin, Nebula, Radio Moscow, Witchcraft, Hair Police Ufomsmmut, on Striborg.

Mais ne chipotons pas, car cette critique est des plus subjectives et une grande partie des incontournables sont bel et bien disséqués ici Angel Dust de Faith No More, Betty d’Heimet, Zen Arcade d’ Husker Du, Dirt d’Alice In Chains, Goat de Jesus Lizard, le premier Iron Maiden, Badmotorfinger de Soundgarden. Vulgar Display Of Power de Pantera. Capture & Release de Khanate. The Downward Spiral de MIN, Sky Volley de Kyusa, Songs About Fucking de Big Black, Reign In Blood de Slayer, Black Metal de Venom, Complete Discography de Minor Threat, Earth 2 de Earth, arrêtons-nous là.

Et saluons l’éclectisme dont font preuve ces deux auteurs érudits qui signent des chroniques nettes, concises et précises , pas de verbiage. On appréciera aussi certains choix qui évitent l’évidence lorsqu’il s’agit de puiser dans la discographie de certains artistes majeurs (Peel Sessions de Carcass, instinct d ‘Iggy Pop, Bleach de Nirvana, Uncle Anesthesia des Screaming Trees, Arc de Neil Young, Lysol des Melvins, Serenade in Red d’Oxbow, Neurosis & Jarboe de Neurosis, Six Liranies For Heliogabsius de John Zorn, Hollywood de Marilyn Manson…) et bien évidemment de découvrir quelques perles oubliées au passage (Pagan Altar Destroy All Monsters, Angel Witch…) De Masonic Auditorium du Sonic ‘s Rendez vous Band (1978) à Monoliths & Dimensions de Sunn o))) (2009), un voyage instructif et mouvementé au pays du bruit qui fait plaisir à entendre. Ça ne vous rappelle pas quelque chose?

Olivier Drago
Noise Novembre 2010

- Hard'n'Heavy 1978-2010

Un an après le premier Hard ‘n’ Heavy, Philippe Robert et Jean-Sylvain Cabot remettent ça. Ils nous racontent la suite de cette glorieuse décennie 70 où s’étaient imposés le hard rock et le heavy metal, ils nous racontent une histoire unifiée du rock fort et des guitares bruyantes, ils passent en revue cette pléiade de genres divers et parfois même antagonistes qui, depuis plus de trente ans, ont pour projet commun d’exploiter jusqu’au bout les possibilités immenses offertes par le bruit assourdissant des guitares.

Un an après, voici donc le second volume du Hard ‘n’ Heavy que Jean-Sylvain Cabot et Philippe Robert ont consacré au hard rock et au heavy metal. Dans le premier tome, les auteurs avaient retracé, via la sélection d’une centaine d’albums, l’épopée de ce genre musical le long d’une décennie qui avait largement été la sienne, les années 70. Cette fois, ils s’attaquent à la suite, et s’emploient à répondre à une question précise : qu’est devenu ce rock bruyant après ces années de gloire, qu’est-il advenu de lui après que le punk et la new wave l’aient contesté ? Eh bien la réponse, de leur part, semble être sans équivoque : jusqu’à aujourd’hui, il n’a jamais cessé d’être absolument passionnant.

Dès la préface, et après dans la revue des albums, les auteurs nient que la new wave ait définitivement invalidé le metal. A la suite de Julian Cope, ancien punk passé au rock lourd avec Brain Donor, ou encore de cet excellent This Ain’t the Summer of Love, où Steve Waksman révisait certaines idées reçues sur l’histoire parallèle des deux genres, Robert et Cabot cessent de les opposer. L’histoire du punk puis du hardcore, leur réconciliation tardive avec les guitar heroes chevelus, leur influence sur eux, de Metallica à Guns ‘n’ Roses, montrent qu’ils ont été davantage une régénération du metal que sa négation.

Aussi les auteurs nous racontent-ils une histoire unifiée du rock fort et des guitares bruyantes, où Iron Maiden, Judas Priest et ZZ Top côtoient Black Flag, Minor Threat et Hüsker Dü. Ils passent en revue toute une série de genres divers, parfois antagonistes (hardcore, death metal, black metal, thrash metal, sludge, grindcore, doom…) dont les projets sont : soit de jouer le plus vite possible, soit de ralentir les tempos ; soit d’être répétitifs, soit de multiplier les ruptures ; soit d’être concis, soit de prolonger les morceaux ; soit de jouer de la mélodie, soit d’en effacer toute trace ; soit d’étaler sa virtuosité, soit de tirer profit de ses imperfections ; soit de plonger au tréfonds des ténèbres, soit d’atteindre la grâce ; soit de jouer le metal le plus pur, soit de multiplier les audaces crossover ; soit d’être psychédélique, soit de viser l’épure ; mais toujours, toujours, d’exploiter jusqu’au bout les possibilités immenses offertes par le bruit assourdissant des guitares.

A travers ces descriptions de disques, on entrevoit aussi le changement progressif du statut du metal, de genre honni par l’élite critique au début des 80’s, à forme cooptée par elle dans les années 2000. Plus on avance dans Hard ‘n’ Heavy, plus on approche de la dernière chronique, celle du Monoliths & Dimensions de Sunn O))) qui a marqué la consécration du genre auprès d’un vaste public branché, plus on entend parler de connexions entre le rock lourd et l’avant-garde. Ce ne sont plus de purs produits de la scène metal qui s’y adonnent, mais des touche-à-tout comme Julian Cope, John Zorn et David Tibet. Et les pages se remplissent d’allusions très The Wire à Merzbow, La Monte Young, Pauline Oliveros, Eliane Radigue ou Diamanda Galas. Bref, on s’éloigne de l’image redneck et working class qui a longtemps caractérisé le hard rock.

L’autre grand intérêt de ce livre, c’est qu’il peut se lire au regard du premier, les auteurs rappelant sans cesse qui, parmi les vétérans des années 60 et 70, on entend encore sur les disques metal récents. Hendrix, par exemple, est toujours là, et Hawkwind se montre d’une étonnante actualité chez les métaleux d’aujourd’hui. Cependant, comme souligné en ouverture, le grand gagnant au jeu de la postérité, c’est indubitablement Black Sabbath, qui écrase par KO les deux autres grands qu’étaient autrefois Deep Purple et Led Zeppelin. Leurs riffs sépulcraux semblent avoir influencé irrémédiablement deux bons tiers (voire plus) des gens cités ici, par delà même les genres, comme le prouve la passion précoce de Black Flag et de la scène hardcore pour le groupe d’Osbourne et d’Iommi.

Aussi, comme d’habitude avec les livres de Philippe Robert, qu’il les ait écrits seul ou pas, de grandes références côtoient des disques confidentiels, des choix plus personnels se mêlent aux classiques reconnus, et chaque présentation d’album est accompagnée de suggestions d’écoute, qui font de ce nouveau volume de Hard ‘n’ Heavy une autre source inépuisable de découvertes, capable de contenter le néophyte comme l’auditeur plus averti.

Cette profusion de références est la force du livre, mais elle en est aussi, parfois, la limite. A force d’érudition, les auteurs se mettent à écrire de longues phrases à tiroir, pour raconter telle anecdote, ou rapporter telle connexion avec d’autres artistes, musiciens ou autres. Ils multiplient les digressions, les parenthèses et les propositions subordonnées. Tout cela est tellement riche que ça en donne le tournis, qu’il faut du temps et du recul pour digérer. Mais la passion, il faut l’avouer, cela ne s’endigue pas facilement. Et celle qui traverse ce deuxième tome de Hard ‘n’ Heavy n’est rien de moins que très communicative.

Sylvain
Fake for real Octobre 2010

- Hard'n'Heavy 1978-2010

Ma première chronique musicale de ce soir est consacrée à un livre qui a priori n’intéresse personne sur les ondes de France Musique, il est en effet fort à parier que peu d’entre vous manifeste beaucoup de curiosité pour le monde du hard rock. Et pourtant les liens entre les musiques nouvelles et expérimentales (qui sont le sujet de cette émission hebdomadaire) et le hard rock existent bel et bien. C’est ce que nous démontre Philippe Robert et Jean Sylvain Cabot dans leur dernier ouvrage édité chez Le Mot et Le Reste et intitulé Hard’n’Heavy 1978–2010.
Evidemment ce n’est pas le sujet principal de ce livre que d’établir les connections artistiques entre les genres mais tout son intérêt réside dans sa capacité à capturer notre curiosité, notre attention de mélomanes assidus autour d’une bonne centaine d’album hard édités entre 1978 et 2009.
Du rustique Sonic Rendezvous Band de Fred Sonic Smith aux expérimentations sonores de Sun O))) il y a ici beaucoup à apprendre, à découvrir et bien sur surtout à écouter différemment. Car même si pas mal de ces artistes ont un talent assez limité et se cantonnent à un style souvent chargé de lourdeurs et emprunt de naïveté affligeante, beaucoup d’autres (à l’instar d’un John Coltrane, d’un Pharoah Sanders ou d’un Gérard Grisey) ont la capacité de séduire par la qualité de leurs lignes mélodiques, par leurs aptitudes instrumentales ou vocales, par l’originalité de leur démarche musicale, mais surtout par leur capacité à libérer une énergie sauvage, jouissive et hautement communicative. Que les plus classiques d’entre vous réécoutent pour cette période 78–2010 : les excellentes mélodies du groupe Cheap Trick, le blues texan de ZZ Top, les riffs sombres de Black Sabbath ou le punk métal de Motörhead, pour les plus aventureux Philippe Robert et jean Sylvain Cabot nous recommandent judicieusement les expérimentations de Destroy All Monsters, de Oxbow et de Sun O))).
Ce livre est la suite d’un premier ouvrage intitulé Sonic Attack et consacré à la période 66–78 également édité chez Le Mot et Le Reste.

France Musique – Tapage nocturne

Eric Serva
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