Parution : 25/04/2025
ISBN : 9782384315871
280 pages (148x210)

23.00 €

Country & americana

UN PANORAMA EN 100 DISQUES

La country et par extension l’americana sont aujourd’hui encore au centre de batailles idéologiques aux Etats-Unis, cet ouvrage replace ces deux genres dans leur longue et riche histoire et valorise leur impact culturel.
La musique country et l’americana sont deux genres emblématiques des États-Unis dont la diversité contraste avec l’image stéréotypée véhiculée par le cinéma, la publicité, la BD et quelques clichés sonores (harmonica, banjo, guitare steel…). Chacun de ces styles a évolué au fil du temps pour refléter les histoires, les luttes et les aspirations des descendants des immigrants européens. Si la souffrance des afro américains a suscité l’intérêt des Européens pour le blues ou le gospel, l’auteur rappelle combien les musiques noires ont également joué un rôle crucial dans la formation de la country dès le début du XXe siècle. L’americana, en revanche, émerge à partir des années 1990, bien qu’il soit enraciné dans la riche histoire musicale américaine englobant folk, country, rock ou blues. Les deux genres explorent des thèmes d’identité et de nostalgie, ayant un impact culturel significatif et évolutif. Cent disques essentiels sont ici décryptés par l’auteur.

Revue de presse

La country entre "attrait et confusion" Brice Miclet Bikini avril-mai 2025
Country & Americana, 100 disques pour découvrir un genre décrié Sylvain Bonnet Boojum 22 mai 2025
"La Country n'a pas une très bonne image en France" Baptiste Herbin Le Télégramme 15 mai 2025
Country & americana Eric Allart Le Cri du coyote 28 avril 2025

La country entre "attrait et confusion"
“La musique country connaît-elle un regain d’intérêt ? Oui. Il y a un attrait et, en même temps, de la confusion. Les gens ont du mal à nommer ce dont ils parlent. Par exemple, la question de la couleur rebat les cartes. Des artistes noirs, comme Beyoncé avec son dernier album Cowboy Carter (photo), revendiquent leur appartenance au genre, ce qui a pour effet de réinterroger l’histoire de la country, de son développement et de ses racines. Aux États-Unis, la ville de Nashville ainsi que la Country Music Association font office de gardiens du temple, avec des positions plutôt conservatrices. Elles n’ont jamais récompensé Beyoncé alors qu’elle· a remporté des Grammy Awards. Elles ont eu tendance à dicter ce qui est country ou ce qui ne l’est pas, ce qui doit être aimé ou non, et ce dès les années 1960. Les producteurs, les labels, les studios ont formaté cette country en fonction de ce qui pouvait plaire au plus grand nombre, mais pour les Blancs, plutôt conservateurs, religieux et républicains. C’est une musique d’essence rurale, mais elle a été policée, transformée en business. Il y a pourtant d’autres zones géographiques états-uniennes qui s’inscrivent contre cette domination… Austin au Texas, par exemple. C’est une autre mentalité, celle du grand Sud, alors que Nashville, c’est les Appalaches, des traditions différentes. Austin mélange souvent la country, le blues, du cajun, le jazz, du zydeco… C’est un vrai vivier. Beyoncé vient de là parce qu’elle est Texane (de Houston, ndlr). Avec cet album, elle dit en substance : « Nash ville ne m’a pas acceptée, je vais vous montrer ce que c’est que notre country. » C’est une revendication très forte, très frontale, celle de dire que les racines country proviennent autant des musiques anglo-irlandaises, propagée dans les Appalaches par les colons, que du blues. Mais les Noirs ont eu du mal à être reconnus dans ce genre. Comment expliquer que la France soit restée hermétique à la country et pas à d’autres genres musicaux américains ? La country était perçue comme étant du mauvais côté pendant la guerre du Vietnam et durant la lutte pour les droits civiques. Par son côté conservateur, elle ne diffusait globalement pas les mêmes revendications que le folk ou le rock. Le réflexe un peu primaire en France a donc été de la considérer comme suspecte. Mais les choses ont changé dans les années 1970 quand des chanteurs tels que Johnny Hallyday, Joe Dassin ou Dick Rivers ont fait de la country en français. Ça a été le temps de la reconnaissance. Comme avec Sur la route de Memphis d’Eddy Mitchell. C’est d’ailleurs une reprise d’un morceau country américain très connu (That’s How I Got To Memphis, écrite par Tom T. Hall, ndlr).”
Brice Miclet
Bikini avril-mai 2025

Country & Americana, 100 disques pour découvrir un genre décrié

“Spécialiste des musiques américaines, Arnaud Choutet a publié des ouvrages très complets chez Le mot et le reste ces dernières années comme Country Rock en 2014, Rock sudiste en 2019 et Soft rock en 2020. Cette année, il se penche sur la Country, genre souvent mal connu dans nos belles contrées européennes mais qui connaît un succès de longue durée et presque invisible si on en juge l’augmentation du nombre de clubs de danses country. De fait, le genre country puise à pas mal de sources, dont les chansons traditionnelles écossaises, anglaises et françaises (via les cajuns) et… le Rythm and blues des noirs. Dans une Amérique longtemps ségréguée, les blancs et les noirs pauvres ne se fréquentent pas mais s’écoutent chanter et de fait, il y aura de nombreux échanges. Arnaud Choutet dissèque l’évolution de la country, montre l’importance du mouvement outlaw tout en donnant les listes des meilleurs disques : la Carter Family, Johnny Cash, Merle Haggard, Hank Williams Sr (et Jr), Tammy Wynette (ah ce Stand by your man !), ou Alison Krauss : tous y passent. De fait, la country a influencé tout le monde : dès 1961, Ray Charles publiait Modern Sounds in Country and Western Music où il reprenait des standards de la musique country. Johnny Cash, artiste de Sun Records a ses débuts, a influencé le rock (sans compter ses disques crépusculaires et hiératiques produits par Rick Rubin), Gram Parsons a influencé les Stones (sa carrière aurait pu être prodigieuse s’il n’était pas mort si jeune) et Kris Kristofferson a été repris par Janis Joplin. Et puis il y a le Nebraska de Springsteen, folk et country à la fois. On peut donc dire que la tentation du grand disque country par un artiste étranger au genre n’est pas née avec Beyoncé, ce qui n’enlève rien à ses mérites (sa version de Black Bird est superbe). Malgré des rythmiques parfois assommantes pour un non initié, la musique country mérite d’être redécouverte.”

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Sylvain Bonnet
Boojum 22 mai 2025

"La Country n'a pas une très bonne image en France"

“Afin de célébrer les l00ans des premiers enregistrements de musique country, le Vaiinetais Arnaud Choutet vient de sortir un ouvrage intitulé Country & americana, regroupant cent
disques essentiels qu’il décrypte à sa manière. Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de cet ouvrage et la mise en lumière de la country ? J’ai vécu aux États-Unis quelques années donc je suis un peu, imprégné de ça. Je suis musicien de manière amateur et j’aime m’intéresser aux musiques qui ont un fond traditionnel, la country en fait bien évidemment partie. Après des livres sur la musique bretonne et les traditions françaises, il était temps d’en consacrer un à la country. Ce qui me passionne, c’est cette possibilité d’actualiser et de moderniser le fond traditionnel. Comment avez-vous sélectionné vos disques? Qu’avez-vous cherché à valoriser ? Ça a été très difficile. ll y a au moins 50 000 disques de country. Après il y a eu très peu de-livres qui ont été
faits sur le sujet. C’est un genre qui n’a pas une très bonne image en France pour des raisons pas toujours très justes. Ce que ]‘ai cherché à mettre en valeur, c’est la qualité musicale d’interprètes souvent très connus comme Johnny Cash mais aussi Beyoncé. La country est une musique simple et accessible dans laquelle des·vérités très profondes ont prononcées, cela fait son charme.
Comment avez-vous articulé le décryptage de l’ensemble des disques? J’ai écrit des chroniques de disque en très peu de mots, environ 3 000 signes. L’objectif était d’essayer de
donner un aperçu de la personne, de sa personnalité, de son histoire et d’essayer d’amener le lecteur à écouter d’autres disques essentiels des compositeurs concernés. Cent compositeurs ont ainsi été décryptés au sein de l’ouvrage. J’ai cherché à creuser toutes les variations, à offrir un large éventail de propositions. Si j’écris, c’est aussi, pour le néophyte parce que souvent,
les gens ont une culture très fragmentée. C’est dommage, on s’arrête souvent au pied de la porte avant de découvrir tout ce qui se cache derrière elle.
Ce livre s’inscrit-il dans un contexte de rebond d’intérêt envers ces deux genres musicaux en France ? Nous, Français, avons quand même une oreille très branchée sur l’Amérique. Néanmoins, la culture country a mis plus de temps à prendre qu’en Allemagne ou d’autres pays
européens. Les différentes plateformes de musique favorisent aussi cela, la découverte de différents genres qui peut nous pousser à creuser ensuite de notre côté. Elles peuvent jouer le rôle de petites portes d’entrée ce qui est positif.”

Baptiste Herbin
Le Télégramme 15 mai 2025

Country & americana

“La bibliographie française accessible au grand public sur nos musiques se résume à une poignée de jalons déjà forts anciens. Rockabilly Fever (1983) et L’Encyclopédie de la Country et du Rockabilly de Michel Rose (1986), puis le Que Sais-je ? La country music de Gérard Herzhaft en 1984, sans omettre le monumental Guide de la Country Music et du Folk de Gérard Herzhaft et Jacques Brémond (1999) qui représente jusqu’à ce jour la somme plus aboutie en matière de typologie, arborescence et biographies. Si des passionnés comme François Ducray ont approché le genre sous une forme monographique Bob Dylan, le country-rock et autres amériques (2011) ou le beau Country, les Incontournables (1995) coordonné par Serge Loupien, une mise à jour récente manquait. C’est désormais chose faite. Tous ceux qui tentent une approche intellectuelle et érudite du phénomène se heurtent aux tristes spécificités des relais médiatiques et académiques français, à savoir une ignorance crasse encombrée de stéréotypes et clichés dépréciatifs. La tâche de vulgarisation nécessite donc foi, persévérance et aptitudes didactiques à franchir ces obstacles. Arnaud Choutet ne manque d’aucune de ces vertus. Il avait déjà commis, entre autres ouvrages musicaux, le précieux Country Rock chez le même éditeur (2014), centré sur ses artistes et groupes de prédilection, au croisement des foisonnements créatifs californiens et sudistes des années 1960–70. Avec Country & Americana il élargit le spectre et tente une approche totale. L’exercice a des contraintes qui feront toujours la joie des grincheux : en effet, l’inventaire exhaustif et diachronique des interprètes comme graal restera une illusion, et un non-sens éditorial auquel se sont déjà heurtés ses illustres prédécesseurs. Si les fondamentaux sont là, le prisme assumé et argumenté de la somme exprime aussi une subjectivité. 100 noms. 100 albums. La première qualité est celle de la grande diversité des sous-genres. Elle illustre en elle-même l’inanité de bien des idées préconçues sur une musique qui serait sans nuances ni diversités esthétiques. Pour chaque album, une série de liens et de conseils d’écoute offre des fils d’Ariane aux grands débutants prêts à s’immerger dans l’incroyable écosystème touffu. On conseillera aux gens de France-Culture d’y jeter une oreille, avec profit. Autre pépite, à mon avis, qui justifie à elle seule l’achat de l’objet, c’est le tableau très complet de l’état des lieux. Arnaud Choutet ne s’est pas contenté d’absorber ce qui a été enregistré et publié. Il est allé à la source des pratiques, des milieux qui font vivre le format, tant aux Etats-Unis qu’en France et au Canada. Il interroge les représentations, les dynamiques, les chapelles, avec une langue où la précision anthropologique reste claire et accessible. Œuvre d’un passionné, honnête dans son approche, qui n’hésite pas à aussi exprimer la puissance sentimentale et existentielle que porte la Country Music, il met sa subjectivité au service d’un outil aussi plaisant qu’indispensable. Gageons qu’il recevra un accueil à la hauteur de ses nombreux mérites.”

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Eric Allart
Le Cri du coyote 28 avril 2025
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