Parution : 24/05/2018
ISBN : 9782360545612
104 pages (14,8 X 21 cm)

13.00 €

Carnets de la mer d’Okhotsk

L’éternité et les mortes saisons

Après les Carnets de Kyôto, Nadine Ribault fait corps avec un nouvel espace et nous emmène, au plus près de ses sensations, dans le nord du Japon, sur les rives de la mer d’Okhotsk.
Des étendues de glace et de neige, des touffes de végétation brûlées, un sable noir. Le silence, le seul véritable silence, et la mer. Noire, calme, profonde, forte, une mer de marbre, immense et dure, la mer d’Okhotsk. Un bâtiment public sur la côte hivernale du nord de l’île de Hokkaidô comme refuge, ou point de départ aux déambulations songeuses et poétiques de Nadine Ribault. Apprivoiser cet espace infini, s’y lier, embrasser le tragique du lieu, se confronter à l’inconnu, au rugueux. Puis, marcher sur la glace du lac Saroma, traverser la mer des glaces, surplomber l’abîme depuis le cap Notoro, arpenter la forêt de bouleaux de la péninsule de Shiretoko en sa compagnie. Observer et non pas conquérir, ressentir et non pas appréhender, l’approche poétique de Nadine Ribault laisse le loisir au lecteur de trouver son souffle, dans une réelle expérience de partage.

Revue de presse

- Carnets de la mer d'Okhotsk Geoffroy Deffrennes Eulalie octobre 2018

- Carnets de la mer d'Okhotsk

Qui a entendu parler de la sauvage et souvent glaciale mer d’Okhotsk, dans l’océan Pacifique? Mentionnons quelque noms plus connus : l’île de Hokkaido au sud, celle de Sakhaline à l’ouest, ainsi que la côte de Sibérie…
Si son nom provient d’une ancienne colonie russe, nous sommes ici au Japon en compagnie poétique de Nadine Ribault. Forcément au Japon ! pays apprivoisé (si possible?), par l’autrice partageant sa vie entre la Côté d’Opale dans le Pas-de-Calais et l’archipel secoué de spasmes, depuis une vingtaine d’années. Ainsi jamais loin de la mer, de ses frissons et de ses tempêtes (“les galops des bourrasques et les saccades dangereuses” qu’affrontent les goélands, dit-elle). Ces Carnets font suite à ceux “de Kyôto”, “de la Côte d’Opale”, mais aussi “des Cévennes” et “des Cornouailles” publiés depuis 2012 par la prolifique artiste qui poursuit aussi sa série de collages, exposés notamment à la galerie L’espace du dedans à Lille. Nadine Ribault affirme se consacrer à l’écriture “en retrait”. De la société des humains et du spectacle, sans doute, elle qui refuse que des photos d’elles non maîtrisées circulent sur Internet. Mais certainement pas de la nature, à laquelle elle ne cesse de se confronter dans ses livres, qu’il s’agisse de nouvelles ou de ces carnets-déambulations. Nadine Ribault déteste la nature domestiquée pour les touristes. Chez elle, le paysage veut ou non les hommes, et non l’inverse. S’y confronter est une “mise à terre”. C’est “l’ineffable qui nous dépasse”. Comme la blancheur des glaces dérivantes.
Une silencieuse forêt de bouleaux posée sur un impassible manteau de neige et nous voilà relisant Melville et ses lignes sur l’ensorcellement de la blancheur, dans Moby Dick. Lire Nadine Ribault parmi ces paysages énigmatiques et oniriques, c’est accompagner une “fée aux lèvres gercées qui passe telle une entaille de piquant d’oursin” non loin de vous et vous “leste de cicatrices”. L’écrivaine aurait pu se rendre là-bas en été, elle a choisi février pour honorer ce rendez-vous avec un inconnu blanc, “inexotique” au possible.

Geoffroy Deffrennes
Eulalie octobre 2018
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