Parution : 19/06/2014
ISBN : 9782360541324
136 pages (148x210)

16.00 €

Sun Ra

Palmiers et Pyramides

Joseph Ghosn, déjà auteur d’un ouvrage sur La Monte Young, n’a pas reculé devant l’ampleur de l’œuvre de Sun Ra et signe un livre accessible sur l’un des artistes les plus complexes et plus prolifiques du 20ème siècle.
Nathalie Troquereau – Gonzaï

Sun Ra est un des musiciens les plus remarquables de l’histoire du jazz, son style englobant autant le swing de Fletcher Henderson que le free jazz, parfois dans un seul et même titre. Il fait ses débuts à Chicago, en 1950, et devient un des premiers jazzmen à enregistrer et à vendre ses propres disques – via son label Saturn – mais également à utiliser des instruments électroniques, ce qui fait de lui un acteur indispensable de la scène jazz d’avant-garde.

Sun Ra se considérait comme un produit du cosmos, voyageant à travers l’espace avec une troupe de musiciens hauts en couleur qui regroupaient autour de lui une multitude de percussions et d’instruments inhabituels, des chanteurs, des danseurs et des pratiquants d’arts martiaux, le tout dans des costumes faits maison. Joseph Ghosn nous présente la vie de ce personnage unique et analyse la discographie de ce pionnier, montrant sa double tentation : entre pop et avant-garde, exotisme et expérimentation.

Revue de presse

- Interview - Rencontre avec un journaliste et écrivain amateur de jazz, Joseph Ghosn Franck Médioni Improjazz septembre 2018
- Astro Black Jean-Pierre Simard Rolling Stone Octobre 2014
- Le mot et le reste : cinq ouvrages d'une rentrée musicale Adrien Sourdoreille 21 octobre 2014
- Trois livres pour passer de belles vacances au pays de la Rétromanie Stéphane Deschamps Les Inrockuptibles 16 juillet 2014
- Sun Ra, soleil noir Sophian Fanen Libération 15 août 2014
- Sun Ra et l'afro-futurisme, une certaine idée de l'histoire de l'afro-américanité Maxime Delcourt Slate 15 août 2014
- Loué soit Sun Ra, le musicien qui fut enlevé par des extraterrestres Fabrice Pliskin Le Nouvel Observateur 18 juillet 2014
- Des bonnes feuilles à lire ! Le Nouvel Obs // BibliObs 10 août 2014
- Sun Ra, produit du cosmos Elsa Boublil France Inter // Summertime mardi 22 juillet
- Sun Ra en direct de Saturne Jean Rouzaud Novaplanet 23 juin 2014
- Sun Ra Nathalie Troquereau Gonzaï 23 juin 2014

- Interview - Rencontre avec un journaliste et écrivain amateur de jazz, Joseph Ghosn

La rencontre avec la musique s’est faite en arrivant en France. D’abord avec la pop, double face : Prince d’un côté, Jesus and Mary Chain de l’autre. 1984, 1985. J’ai plutôt suivi le chemin des seconds puis remonté pas mal de choses, des sentiers, plus ou moins obliques. C’est en écoutant des groupes comme Sonic Youth que j’ai découvert que d’autres dans le jazz, avant eux, avaient aussi eu une démarche similaire : celle de l’indépendance, économique et artistique. Deux figures me sont alors apparues : Sun Ra et Pharoah Sanders. Les chocs sont arrivés en achetant des disques : Sketches of Spain de Miles et Night of the Purple Moon de Sun Ra chez Da Capo, un bouquiniste disparu de la rue des Écoles. Nidhamu, Space is the Place de Sun Ra et Black Unity de Pharoah Sanders dans la foulée dans un magasin du Marais. Puis, Coltrane (Alice et John, John et Alice). Et pas mal d’autres musiciens avec toujours un penchant pour l’indépendance, les autoproduits. Qui se sont longtemps confondus pour moi avec le free : je me souviens d’un article de Thurston Moore qui listait ses disques free favoris dans les années 90 : j’ai écumé les bacs de Paris Jazz Corner pour les trouver et en route je découvrais beaucoup d’autres choses dont les livres de LeRoi Jones…

Je joue des synthétiseurs de toutes sortes. Séquenceurs et logiciels. J’aime le contact avec l’électronique qui a vieilli, les machines sur lesquelles on a transpiré et qui en ont rouillé.

Je suis davantage des labels que des musiciens. Ces dernières années je me suis surtout intéressé aux labels qui rééditent des choses obscures qui font découvrir le passé comme s’il était présent. Je pense à Now Again, Soul Jazz, etc.

La musique, j’en écoute tout le temps, j’y reviens sans cesse, c’est la musique qui me stimule le plus et que j’explore sans jamais la délimiter. Ce que représente le jazz pour moi ? À peu près tout ce qui est vivant.

Sun Ra Arkestra, Archie Shepp & Sunny Murray

Parmi mes souvenirs forts de concerts de jazz, le Sun Ra Arkestra à New York. Plusieurs fois. Une folie à chaque fois. Archie Shepp et Sunny Murray dans les jardins des Tuileries un jour de printemps. Filmé en super 8. Sunny Murray dans une école d’art vers Bastille, au dernier étage, avec le soleil qui s’échappe peu à peu et lui qui colore l’espace. Le New York Art quartet avec Milford Graves à Banlieues Bleues. Peter Brötzmann à Beyrouth et une soirée à discuter avec lui dans la foulée.William Parker et son groupe à la Knitting Factory à la fin des années 90, durant une escale d’une nuit à NYC. Derek Bailey solo à la Fondation Cartier.

Mes albums de jazz préférés :

Journey into Satchidananda d’Alice Coltrane

Live at Birdland de John Coltrane

Eastern Sounds de Yusef Lateef

Africa Brass de John Coltrane

Thembi de Pharoah Sanders

Africa Skies de Phil Cohran

Up to the light de Jef Gilson

Sweet Earth flying de Marion Brown

Mwandishi de Herbie Hancock

Washington Suite de Lloyd McNeill

George Arvanitas trio in concert

Heart is a lotus de Michael Garrick

The beginning & a new birth de World’s Experience orchestra

Nidhamu / Cosmic Tones / When Sun Comes Out de Sun Ra.

Sun Ra, palmiers et pyramides

Le livre Sun Ra, palmier et pyramides est né d’une envie d’écrire sur ce musicien. Je l’écoute depuis mon adolescence. Je l’ai alors découvert en écoutant du rock, et des groupes comme Spacemen 3 et Sonic Youth, ainsi que le MC5 et les Stooges. Ces quatre-là, bien que de générations et pays différents, le citaient et il y avait une filiation entre Sun Ra, le MC5 et Spacemen 3. En tout cas, c’est ainsi que cela m’apparaissait et je me suis mis à chercher ses disques. A l’époque, les années 90, ceux-ci étaient rares et difficiles à trouver. Surtout si l’on avait envie de tout écouter. Ensuite, deux livres m’ont aiguillé : la discographie The Earthly Recordings, sortie dans les années 90 puis réactualisée au début des années 2000. Ensuite, la biographie de Sun Ra par John Szwed, qui me frustrait beaucoup. Remplie d’infos, très documentée, elle n’interrogeait pas tellement la musique même ni la façon dont celle-ci s’était disséminée à travers plusieurs genres.

Il y a aussi un autre fait, assez marquant pour moi. J’ai longtemps écrit sur la musique, dans une presse plutôt pop (Magic, Les Inrockuptibles). Partout, je lisais Sun Ra cité. Aux Inrocks, les secrétaires de rédaction affirmaient même que Sun Ra était sans doute le musicien le plus cité en référence dans les articles qu’ils corrigeaient. Pour autant, très peu de vrais papiers sur lui. Il était une référence spectrale pour beaucoup, sans doute une façon de pointer une esthétique, entre jazz et expérimentation, pour ceux qui n’écoutaient pas vraiment cela mais avaient trouvé là un symbole, peut-être un totem. C’est sans doute pour cela qu’en quittant les Inrocks, j’ai eu le besoin d’écrire sur deux personnalités très citées, mais jamais vraiment affrontées par la presse pop et rock, et que j’écoutais beaucoup, que je collectionnais et avec les disques desquels j’avais passé beaucoup de temps. LaMonte Young et Sun Ra.

Polaroïds sonores

Sun Ra, ce sont des singularités d’abord musicales et subjectives en ce qui me concerne. J’aime le son de ses disques, son jeu de piano, sa façon très décomplexée de s’emparer des synthétiseurs et d’en sortir des sonorités acides. Cela dit, contrairement à beaucoup, je le trouve immensément doux. Ses moments calmes sont splendides. Et puis je trouve sa singularité dans sa façon de se renouveler en permanence en laissant des éléments extérieurs pénétrer sa musique et la changer : la réverbération accidentelle dans les disques new-yorkais du début des années 60, le Moog dans les années 70, la disco, les boîtes à rythme et les guitares électriques juste avant les années 80, les instruments exotiques aussi sur un disque qui s’appelle Strange Strings. Je trouve aussi très intéressant le fait qu’il considérait que son groupe était avant tout un groupe de percussionnistes : je crois que sa modernité jamais démentie tient beaucoup à cela. On peut toujours ramener ses morceaux à un squelette rythmique, une ligne de basse. Quelque chose d’hypnotique qui passe par la pulsion. Et c’est ce qui permet l’expérimentation, je crois.

Ensuite, ses singularités sont aussi à regarder d’un point de vue économique. Il sortait ses disques lui-même, ce qui leur donnait un son très particulier, souvent lo-fi mais toujours empli d’urgence, d’instantanéité. Les disques Saturn, surtout à partir de la fin des années 60, donnent l’impression d’avoir capté un moment qui commençait avant et se déroulait après. Ce sont, je crois, des polaroïds sonores. Et leur beauté tient à cela, à cette fragilité qu’ils captent.

Les expérimentations de Sun Ra sont d’abord discographiques. De grands disques d’expériences sonores, de recherches soniques et de limités repoussées. Magic City, Atlantis, Strange Strings, Cosmic Tones For Mental Therapy, Disco 3000, etc. Elles se trouvent ensuite dans le mixage, souvent radical mais comme émanant des nécessités du moment. L’équilibre est précaire, et parfois l’impression est forte d’entendre un groupe au loin et, d’un coup, un coup de piano, de synthé, vient en premier plan tout bousculer et remettre de la perspective, de l’espace. Il y a aussi l’expérience communautaire. Sun Ra faisait vivre un grand orchestre, contre l’économie des époques qu’il traverse et l’expérience sociale est là, dans ce groupe uni autour de lui, souvent de façon précaire.

Souvenirs de l’Arkestra

Mes souvenirs de l’Arkestra sont essentiellement liés à New York, la Knitting Factory et d’autres clubs. Des disques achetés après les concerts, sur la scène, sortis de cartons, vendus par les musiciens. Je me souviens de l’apparat, des costumes, je me souviens d’une interview avec Marshall Allen après un concert, il y a plus de 20 ans. Mais je crois que pour moi, cette musique demeure plus belle sur disque que sur scène. Parce que c’est ainsi que j’ai appris à l’écouter sans doute. Mais j’aime la façon dont le vinyle rend compte de l’Arkestra, avec une étrange forme d’humilité et un son qui n’a pas grand chose à voir avec le reste du genre, que ce soit dans le jazz ou ailleurs. D’ailleurs, je n’ai jamais perçu Sun Ra comme issu d’une catégorie, mais plutôt comme un explorateur, né dans le jazz, et qui y a mis tout ce qu’il trouvait de moderne sur son chemin, à commencer par les magnétophones dès les années 1940/1950. S’enregistrer soi-même était sans doute la meilleure idée qu’il ait eu, qui résume à la fois son avant-gardisme, son indépendance et aussi le fait que sa musique est avant tout destinée à l’enregistrement et qu’il la pensait ainsi, prise dans un médium.

Jazz & littérature

J’ai écrit sur Sun Ra, mais je ne me risquerais pas à écrire encore sur le jazz : c’est trop présent dans mes oreilles et l’écrire ce serait m’en débarrasser – ce dont je n’ai pas envie. La musique, le jazz a-t-il un impact, une influence sur mon écriture.Peut-être le rythme. Mais je ne saurais le dire. C’est davantage la poésie et l’énergie des textes de quelques auteurs et critiques qui m’ont marqué : Leroi Jones / Amiri Baraka en tête. Oui, j’écoute très souvent de la musique en écrivant, parce que cela stimule l’écriture, l’entraîne. Même si parfois le silence s’impose aussi.

La relation entre jazz et littérature se forge dans la légende, le croisement des mythes et des mythologies. À part cela, je ne sais pas trop. J’aime bien quand un roman capte son époque à travers la musique. Je pense notamment à Manchette qui, dans La position du tireur couché, cite un morceau de free jazz, un morceau de Marion Brown je crois. La citation seule, le fait que les personnages écoutent, suffit à dire ce qu’ils ressentent et la tension qui les habite. C’est peut-être cela qui tient tout, jazz, musique, littérature : la tension.

Retrouvez cet entretien sur le site d’Improjazz

Franck Médioni
Improjazz septembre 2018

- Astro Black
Né en 1914 dans l’Alabama, Sonny Blount va faire passer la musique dans d’autres sphères, fondant son Arkestra pour divulguer une idéologie égypto-galactique en remède à la ségrégation. Du jazz classique au free, avec une pensée musicale qui perdure. Inimitable Sun Ra, détaillé ici par un Ghosn en forme. Space is the place !
Jean-Pierre Simard
Rolling Stone Octobre 2014

- Le mot et le reste : cinq ouvrages d'une rentrée musicale

Un livre dédié à Sun Ra, cent ans après la naissance de l’astre divin. Précurseur de la musique indépendante en prenant lui-même en charge l’enregistrement et la commercialisation de ses albums avec son Label Saturn, l’artiste à l’esthétique exotique et futuriste fut le premier à incorporer des sonorités électroniques dans le jazz. Joseph Gohn, rédacteur en chef du mensuel culturel Obsession du Nouvel Observateur, auteur entre autre d’un Éssai sur la vie nomade de la musique avec Musiques numériques, bidouilleur électro à ses heures, dresse le portrait d’un artiste sans frontière musicale, en orbite entre la musique expérimentale et la pop, de l’avant-garde jazz au rock. Vingt et un an après sa mort, il retrace l’importante discographie de Herman Pool Blount, l’homme qui se cachait derrière l’habit de pharaon, préchant une lumineuse philosophie cosmique (le passage des années 60 oblige).

LA TOTALITÉ DE L’ARTICLE EST À RETROUVER SUR LE SITE DE LA SOURDOREILLE

Adrien
Sourdoreille 21 octobre 2014

- Trois livres pour passer de belles vacances au pays de la Rétromanie

“Fais-moi oublier Rétromania”, aurait demandé Simon Reynolds à François Gorin tout en sirotant un drôle de thé au début d’un dialogue socratique imaginaire. C’est le dispositif fictionnel du dernier livre de Gorin, auteur et rock-critic français émérite, désormais hébergé chez Télérama : inviter dans son salon l’auteur du livre Rétromania (ce gros pavé dans la mare de la modernité, dont la thèse mélancolique était de démontrer que le rock, c’est fini plié, refroidi par les rééditions, les réformations, la nostalgie et le poids de l’histoire) pour discuter de choses et d’autres.
Tout en restant intéressant, Gorin va décevoir Reynolds : son livre, plus léger qu’un ballon de plage, ne fera pas du tout oublier Rétromania. C’est au contraire une autre balade à rebours dans sa vie de rock-critic, de fan éclectique de musique (de la pop au blues d’avant-guerre en passant pas les chanteuses de jazz ou le hop-hop), de collectionneur de disques et de type qui a toujours su poser les vraies questions drôles (comme celle-ci : le rock étant antérieur au punk, comme le post-punk a-t-il pu précéder le post-rock?).

Pour la suite des vacances en Rétrmanie (ce pays imaginaire qu’on visite tous les jours), on conseille deux autres livres publiés par Le mot et le reste (officiellement meilleur éditeur français de textes sur la musique) : Sun Ra, Plamiers et pyramides de Joseph Ghosn (ex-Inrocks), et Musiques populaires brésiliennes de David Rassent. Les deux livres, également passionnés, proposent un point de vue (personnel pour le premier, plus historique pour le second) et une utile sélection discographique commentée. S’ils vont bien ensemble, et qu’entre le jazzman cosmique Sun Ra et le contingent des Brésiliens, il y a un même goût pour l’aventure spatiotemporelle, le déchiffrage, l’invention, l’avant-garde. Rétromanie oui, mais au futur antérieur.

CONSULTER L’ARTICLE EN LIGNE

Stéphane Deschamps
Les Inrockuptibles 16 juillet 2014

- Sun Ra, soleil noir
Libération consacre un dossier à Sun Ra et mentionne l’ouvrage de Joseph Ghosn dans les lectures complémentaires.
Sophian Fanen
Libération 15 août 2014

- Sun Ra et l'afro-futurisme, une certaine idée de l'histoire de l'afro-américanité

À l’occasion des 100 ans de Sun Ra, retour sur les racines de l’ afro-futurisme, mouvement ouvert à toutes les métamorphoses.

Le 22 mai dernier, 13 artistes différents expliquaient la façon dont Sun Ra, dont on célébrait alors le centième anniversaire de la naissance, avait changé leur vie sur le site anglais The Vinyl Factory. De Gerald Short (patron de Jazzman Records) à Eothen Alapatt (big boss de Now Again), en passant Mo Kolours, tous rendaient hommage à l’avant-gardisme et à l’œuvre colossale du jazzman américain, dont il est impossible de tenir une comptabilité exacte tant il a multiplié les projets et les identités (on dénombre près de 180 LP et un peu plus de 1.000 compositions entre 1956 et 1992).
The Vinyl Factory n’est évidemment pas le seul à s’être penché sur le cas Sun Ra : que l’on songe aux différents dossiers parus dans les médias (Les Inrocks, The Guardian, Tsugi, pour ne citer qu’eux), aux albums-hommages (Supersonic Play Sun Ra, voire In The Orbit Of Ra à paraître le 22 septembre chez Strut Records) ou encore aux ouvrages dédiés à sa carrière (Prophetika par Charles Plymell, Now Dawn Of The Race Of Ra The Sun Art : Gold Light par Marcia Batiste). Et parmi cette longue litanie d’hommages, comment ne pas parler de Sun Ra : Palmiers Et Pyramides (éd. Le mot et le reste) de Joseph Ghosn qui explique que, « chez Sun Ra, il y a à la fois un désir d’ailleurs, un fantasme cosmique mais aussi une propension à ne jamais vraiment oublier le réel et donc à se produire le plus régulièrement possible sur scène, à sortir, aussi, le plus de disques possible. »
Le musicien, décédé en mai 1993, voit toutefois plus loin et veut d’emblée afficher une pensée, affirmer une prise de position, cheminer différemment au sein du monde de l’art. C’est pourquoi il sera l’un des premiers à produire en indépendance ses albums (à travers le label Saturn), à considérer les musiciens de son orchestre (l’Arkestra) comme des « tone-scientists » et à expérimenter continuellement le jazz, que ce soit en lui donnant une orientation plus free, plus expérimentale ou tout simplement en le mélangeant à d’autres univers, comme lorsqu’il introduit le thème de Batman en plein milieu de ses concerts. Une démarche singulière, que de nombreux artistes d’horizons différents citent comme influence aujourd’hui, que ce soit Sonic Youth, Spacemen 3, Drexciya, Zombie Zombie ou encore Lady Gaga (en fin d’année dernière, celle-ci samplait maladroitement son ” Rocket Number Nine ”).

LIRE L’ARTICLE DANS SON INTÉGRALITÉ

Maxime Delcourt
Slate 15 août 2014

- Loué soit Sun Ra, le musicien qui fut enlevé par des extraterrestres

Avec le musicien Sun Ra, vous entrez dans la quatrième dimension. Si l’on en croit son propre témoignage, Sun Ra, né Herman Blount, en 1914, en Alabama, aurait été enlevé par des extraterrestres, en 1936, qui l’auraient emmené sur Saturne pour lui assigner la mission de vaincre le chaos avec son art.

Et puis, il y a sa musique, issue des bocages du jazz de Fletcher Henderson, mais déterritorialisée par l’égyptologie, la science-fiction ou l’usage de synthétiseurs primitifs comme le Moog monophonique.

Dans son livre, notre ami Joseph Ghosn livre une initiation passionnée à ce grand astronaute du son et de la texture qui s’employait à fuir l’Amérique raciste dans le cosmos, à bord de son orchestre, l’Arkestra, entre big band et big bang.

La première partie de l’ouvrage, une biographie érudite, contextualise l’esthétique de Sun Ra qui fut «digérée par la musique noire américaine apparentée à l’afro-futurisme», comme les groupes Parliament et Funkadelic.

La seconde partie est une passionnante discographie sélective, qui donne au lecteur la possibilité de se retrouver ou de se perdre dans une production polymorphe. Œuvre labyrinthe, dont les deux portes, l’une de corne, l’autre d’ivoire, sont l’album Lanquidity (entrée facile et funky) et l’album The Magic City (entrée occulte et dissonante).

LIEN VERS L’ARTICLE

Fabrice Pliskin
Le Nouvel Observateur 18 juillet 2014

- Des bonnes feuilles à lire !

Le Nouvel Observateur, en parallèle de sa chronique consacrée au livre, vous propose de découvrir quelques bonnes feuilles de l’ouvrage de Joseph Ghosn.

Jazz, extraterrestres et ségrégation raciale: la révolution selon Sun Ra

On célèbre le centenaire du jazzman le plus cosmique de tous les temps. Et le plus politique.
Ce texte est extrait de Sun Ra. Palmiers et pyramides, l’excellente biographie du jazzman que notre camarade Joseph Ghosn publie aux éditions Le mot et le reste.

LIRE LES BONNES FEUILLES

LIEN VERS LA CHRONIQUE DU LIVRE

Le Nouvel Obs // BibliObs 10 août 2014

- Sun Ra, produit du cosmos

Pilier du jazz avant-gardiste, Sun Ra fut l’un des plus remarquables musiciens du siècle passé. Son style pouvait englober aussi bien le swing que le free jazz, parfois dans un seul et même morceau imprévisible…

Cette année, Sun Ra aurait eu cent ans. Vingt et un ans après sa mort, son Œuvre rayonne encore pour les décennies à venir, Summertime vous propose d’embarquer ce soir pour un voyage intergalactique vers la constellation musicale de Sun Ra… accrochez-vous à vos oreilles !

RÉÉCOUTER L’ÉMISSION

Elsa Boublil
France Inter // Summertime mardi 22 juillet

- Sun Ra en direct de Saturne

Je suis toujours fasciné par les êtres qui, bien que seuls et isolés , arrivent à suivre toute leur vie leur direction, sans fléchir ni faire de concessions. SUN RA est l’une de ces étoiles filantes qui ont frôlé notre planète sans changer de trajectoire.

Né en 1914 dans l’Alabama, Herman Blount est un assidu des bibliothèques, des concerts et aussi d’une loge maçonnique noire, des francs maçons de couleur. Il est donc cultivé et politiquement averti. C’est un timide, introverti et discret.

À 22 ans, étudiant, il fait une expérience extra sensorielle, il se voit transporté sur Saturne où on lui annonce son destin : faire de la musique pour sauver la terre du Chaos. A partir de ce jour il répètera quotidiennement avec tous ceux qui passent dans son studio.

LIRE L’ARTICLE DANS SON INTÉGRALITÉ

Jean Rouzaud
Novaplanet 23 juin 2014

- Sun Ra

Après une biographie sur le viking virtuose Moondog, les éditions Le mot et le reste publient Sun Ra, Palmiers et Pyramides. Passion et acharnement, c’est ce qu’il fallait pour s’attaquer à ce monstre cosmique du jazz protéiforme. Joseph Ghosn, déjà auteur d’un ouvrage sur La Monte Young, n’a pas reculé devant l’ampleur de l’œuvre de Sun Ra et signe un livre accessible sur l’un des artistes les plus complexes et plus prolifiques du 20ème siècle.

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Nathalie Troquereau
Gonzaï 23 juin 2014
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