Parution : 18/02/2016
ISBN : 9782360541935
304 pages (14,8 x 21 cm)

23.00 €

Nico

Femme fatale

Un livre-pépite indépassable, qui brûle et enchante, au plus près du corps des œuvres, de leurs foyers brûlants.

Véronique Bergen – Nouvelle Quinzaine littéraire

Nico fut tout à la fois amante, égérie des plus grands : Bob Dylan, Brian Jones, Lou Reed, Jim Morrison et interprète de classiques incontestés du rock avec le Velvet Underground, « Femme Fatale », « All Tomorrow’s Parties » ou « I’ll Be Your Mirror ». Elle est aussi l’auteur d’albums incomparables dans lesquels elle a contribué à repousser, entre folk et avant-garde, les limites du rock et s’est révélée une poétesse inspirée, mêlant un lyrisme hérité du romantisme anglais et des expérimentations linguistiques à la Joyce. Née en 1938, enfant de la guerre et des ruines, Nico ne pouvait se contenter d’être un joli visage, une simple apparence. Pour Fellini d’abord, elle incarne la princesse des nuits décadentes de La dolce vita, avant de devenir “Pop Girl of ‘66?“, superstar warholienne et chanteuse du Velvet Underground. Modèle des films expérimentaux de Philippe Garrel, Nico, qui chantait dans les cathédrales gothiques comme dans les clubs les plus sordides, cette solitaire héroïne de tragédie, fascinée par la chute et l’autodestruction, dont la devise était Créer pour exister est décédée en 1988 à Ibiza.

Lire un extrait

Revue de presse

- Nico, l'autre fin de Jim Morrison Serge Féray Causeur 3 juillet 2018
- Interview Feray - Nico (1938 – 1988), les cicatrices intérieures Patrick Boudet France Culture // Une vie, une œuvre 30 juin 2018
- Nico Maxence Grugier New Noise Mai 2016
- Nico, femme fatale Nio Lynes Chroniques Visuelles 17 juin 2016
- Nico, femme fatale Stéphane Fougère Rythmes Croisés 10 août 2016
- Nico, femme fatale Cécile Desbruns Culturellement Vôtre 8 août 2016
- Entretien avec Serge Féray - Nico, un requiem allemand Véronique Bergen Diacritik 5 août 2016
- Arrache-cœur 573 Nikola Delescluse Paludes 1 juillet 2016
- Interview deuxième partie bonus Maxime Lachaud Obsküre Magazine Avril - Juin 2016
- L'étoile mystérieuse Julien Broquet Focus Vif 3 juin 2016
- Interview Serge Féray Maxime Lachaud Obsküre Magazine Deuxième trimestre 2016
- Nico Maxime Lachaud Obsküre Magazine Deuxième trimestre 2016
- Nico, femme fatale par Serge Féray Sébastien SuperFlux 20 mai 2016
- Le premier album du Velvet Underground fête ses 50 ans Benjamin Cocquenet Culturopoing.com 23 avril 2016
- « Lou Reed amoureux, c’est un concept un peu abstrait », John Cale // Interview de Serge Feray Antoine Couder Toute la Culture 16 avril 2016
- Deux facettes d'une même décennie : Nico et Karen Dalton // Interview croisée Maxime Delcourt Noisey-Vice 14 avril 2016
- Serge Féray en interview Ellen Ichters Couleur 3 // pl3in le poste 07 avril 2016
- Nico. Femme fatale Les Obsédés Textuels 13 avril 2016
- Nico. Femme fatale François Girodineau Silence is sexy 6 avril 2016
- Nico. Femme fatale Jean Rouzaud Novaplanet.com 31 mars 2016
- Tout savoir sur le Velvet Underground Philippe Richard Ouest-France 31 mar 2016
- L’univers du Velvet Underground à la Philarmonie de Paris Pauline Leduc Livreshebdo.fr 29 mars 2016
- Livre du mois Olivier Valerio Radio P.FM // Easy Rider 13 mars 2016
- Nico, inusable icône Jean Rouzaud Novaplanet 14 mars 2016
- Litt List : 10 histoires de style Sophie Rosemont Glamour.fr 1 mars 2016

- Nico, l'autre fin de Jim Morrison

Amante de Jim Morrison, la chanteuse Nico avait trouvé en lui l’âme sœur qui l’inspirait. Leur communion spirituelle fut telle qu’elle partagea presque la même fin.

La dernière fois qu’elle l’a aperçu, c’était avenue de l’Opéra, à Paris, dans la nuit du 2 au 3 juillet 1971, deux ans jour pour jour après la mort de Brian Jones, son amant avant lui. Il était assis à l’arrière d’une voiture noire. Elle lui a fait signe, mais il n’a pas répondu. Il regardait droit devant lui. La mort en face.

Elle raconte cela avec un regard bleu glacier, puis se tait. Tire sur sa cigarette, crache un nuage de fumée si dense qu’on y devine un ectoplasme : « C’est mon destin, de mourir à la même époque de l’année. »

Pour Morrison, Nico s’écrit Icon

Nico fait la connaissance de son prince charmant au Castle, un château de conte de fées situé à Los Angeles. Un an plus tôt, Jim Morrison s’est offert un pantalon de cuir (celui d’Absolutely Live) après avoir vu Gerard Malanga danser autour d’elle lors d’un concert du Velvet Underground, mais en 1967, la blonde femme fatale a été chassée du groupe de Lou Reed. Elle a quitté New York et la scène minuscule, étouffante du Dom, où elle interprétait derrière le bar les chansons que d’autres – Bob Dylan, John Cale, Lou Reed, Jackson Browne, Tim Hardin – écrivaient pour elle. Malgré un petit rôle remarqué dans La Dolce vita, malgré les films de Warhol dont elle est l’une des superstars, ses quelques apparitions sur grand écran n’ont pas convaincu, et elle ne supporte plus d’être mannequin (« C’est une vie tellement con, d’être covergirl ! »). Nico se cherche un second souffle, et les toits du palais mauresque où elle joue à chat avec Morrison, qui danse au bord du vide pour ses beaux yeux, le désert de la Vallée de la Mort où le chanteur shaman l’initie au culte du dieu Peyotl, comblent son besoin de grands espaces : en une vision d’apocalypse induite par la drogue, le monde se renverse, ciel et terre lui apparaissent sens dessus dessous comme dans le miroir d’un lac. Morrison, son soul brother, bouleverse son nom, donnant un sens au pseudonyme de Christa Päffgen : pour lui, Nico s’épelle Icon. Elle qui chantait à Lou Reed I’ll Be Your Mirror se reconnaît en son esprit. Il lui fait lire les romantiques anglais, lui apprend à noter ses rêves. Solennel sous la lune californienne voilée de smog, un rien paternaliste, il lui accorde l’autorisation d’écrire ses propres chansons. Pour le remercier, et puisqu’il adore les rouquines, le genre mendiante rousse à la Baudelaire précise-t-elle, elle se fait la chevelure rouge sang.

Le souffle de Jim Morrison

Ecrire. Composer. Créer pour exister, se répète-t-elle inlassablement. Nico tâtonne, cherche ses marques. Puisqu’elle ne sait ni lire, ni écrire la musique, et comme les virtuoses règnent encore sur le rock, il lui faut jouer d’un instrument que nul autre ne maîtrise dans ce petit monde. L’harmonium indien, que Terry Riley et Allen Ginsberg utilisent dans des contextes très différents, lui permet de se passer de la compagnie de guitaristes, tout en retrouvant quelque chose de l’orgue de Ray Manzarek, qui souligne la voix de Morrison dans les Doors. Conseil reçu d’Ornette Coleman au passage : jouer la mélodie dans les basses, l’accompagnement sur la droite du clavier, dans les aigus. Ciel et terre sens dessus dessous, comme dans le texte qu’elle écrit en souvenir de son initiation au peyotl, « It Was A Pleasure Then », seule composition personnelle de Chelsea Girl, son premier disque, qu’elle renie pour ses arrangements sirupeux.

A lire aussi: « Nico, 1988 », un biopic complètement raté encensé par la critique
Pendant des semaines, rideaux tirés et bougies allumées, Nico rompt ses doigts à l’enchaînement des accords, s’entraîne, improvise des mélodies en pédalant sur les soufflets de son instrument, comme sa mère, dans Berlin détruite, pédalait sur sa machine à coudre pour la nourrir. Ses nuits, elle les passe allongée dans la baignoire vide, à méditer ses poèmes nourris de visions oniriques et de lectures de Blake, de Wordsworth, de Coleridge. Une douzaine de chansons sous le bras, elle signe en 1968 chez Elektra, le label des Doors, grâce à l’entremise de Morrison, et enregistre avec John Cale, son ancien complice du Velvet, l’un des albums les plus originaux d’une décennie féconde, qui engendrera à partir des années quatre-vingt toute la famille ténébreuse du rock et du folk, de Current 93 à Dead Can Dance en passant par Sixth Comm / Mother Destruction, Kirsten Norrie (alias MacGillivray), ou la seconde face de Closer, à l’issue de laquelle s’est éteinte la voix de Ian Curtis.

Hommages au Roi Lézard

Sur The Marble Index, Nico rend hommage à celui qui l’a révélée à elle-même. Le Roi Lézard l’a encouragée à écrire sur ses « héros » ; elle chantera plus tard Andy Warhol, Genghis Khan, Andreas Baader, Charles Manson, Brian Jones et Philippe Garrel, le cinéaste devenu son compagnon. Pour l’heure, elle écrit sur son fils (« Ari’s Song »), et sur Jim Morrison. Au gré d’une paronymie transparente, et comme il avait anagrammatisé Nico en Icon, elle rebaptise César le roi Lézard : « Julius Caesar » décrit, au moyen d’arabesques vocales qui relèvent du style mélismatique, sa performance comme un rituel, un festival scénique sacré et dionysiaque : du haut de sa noble scène, parmi les statues, les colonnes, les autels de pierre antiques énumérés dans le poème (« The End », expliquera-t-elle lorsqu’elle reprendra la chanson des Doors, « c’est du théâtre grec »), l’officiant s’incline pour embrasser le sol, d’où s’élève une colombe, en un mouvement inverse de la dernière scène de Parsifal, où l’oiseau Saint-Esprit descend des cieux pour adouber le nouveau gardien du Graal.

Lisez l’article complet sur le site du Causeur

Serge Féray
Causeur 3 juillet 2018

- Interview Feray - Nico (1938 – 1988), les cicatrices intérieures

– Patrick Boudet réalise pour Une vie, une œuvre un documentaire sur la grande Nico. Parmi les intervenants, Serge Féray, Michka Assayas, Étienne Daho, etc. –

Figure rimbaldienne, Nico a chanté une œuvre poétique avant-gardiste loin des clichés dans lesquels on l’a trop souvent enfermée. Sa création musicale, jugée crépusculaire lors de sa parution, se révèle aujourd’hui prophétique.

Née Christa Päffgen, Nico fut mannequin, actrice, muse, Superstar warholienne, chanteuse du Velvet Underground avant de construire son esthétique propre.

Ses créations comme ses collaborations appartiennent au panthéon de la culture : Herbert Tobias, Nikos Papatakis, Federico Fellini, Brian Jones, Lou Reed, Andy Warhol, Jim Morrison, Philippe Garrel, John Cale… Sa vie sentimentale est un puzzle tragique : un viol à l’âge de 15 ans, des amants célèbres, un fils non reconnu avec Alain Delon, des amours destructrices, mais également créatrices… Des addictions tenaces aussi. Des zones d’ombre.

Il serait tentant de réduire Nico à une tragédie rock et lugubre, image de la décadence européenne de l’après-guerre. Mais, cette énumération d’événements, de rencontres, de postures ne livre rien de la véritable nature de Nico. Elle n’aide pas non plus à comprendre son travail artistique et à en juger de l’importance.

Pour cela, il faut saisir la subtilité de sa métamorphose dont le premier acte fut de ne plus être cette déesse blonde docile, image dans laquelle tous l’enfermaient. La “Chelsea Girl” a créé une mythologie rock féminine aux antipodes des courants de l’époque, loin des poses glamour et de la débauche gestuelle.

Exigeante, Nico a écrit et chanté une poésie inspirée des romantiques anglais où le vent communique avec les déserts, où les figures mythologiques hantent les ruines. Si ses ritournelles incantatoires fascinent et envoûtent, c’est parce qu’elles racontent tout ce qui est obscur dans l’existence et auquel nous n’avons pas accès.

Nico n’a jamais renoncé à ce qu’elle souhaitait être et, ce, quel qu’en fut le prix à payer ! Son histoire est à la fois une longue libération et la construction méthodique d’un enfermement.

Réécouter l’émission sur le site de France Culture

Patrick Boudet
France Culture // Une vie, une œuvre 30 juin 2018

- Nico

« Femme fatale » pour les uns, « reine des junkies » pour les autres, « sorcière », mais aussi (et surtout) « artiste solo, amazone indépendante dans le milieu machiste du rock » (dixit son biographe Serge Féray qui a bien connu son sujet), Nico, Christa Paffgen de son vrai nom, incarne l’alpha et l’oméga du rock de la fin du XXe siècle. Enfant de la guerre, violée à 13 ans (par un Gl américain), sa trajectoire ne pouvait être que fatale, même si, comme le dit l’auteur de cette très belle biographie : « Il est tentant de chercher dans cette tragédie l’origine des obsessions macabres de Nico. » Tentant, et donc trop facile, car de son abandon par Alain Delon qui lui laisse un fils à élever seule, à la consommation intensive de nombreuses drogues, l’anxieuse diva a toujours été le jouet de la tragédie.
Tour à tour mannequin androgyne (elle pose pour le magazine berlinois Bunte dès l’âge de 16 ans), actrice (elle « illumine La Dolce Vita »en 1960), élève de I’Actors Studio, chanteuse effectuant ses débuts au Blue Angel en 1963, où elle rencontre Bob Dylan, avec qui elle aura une aventure) ou muse, l’existence de Nico bascule rapidement du Berlin en ruine de l’après-guerre aux fastes pas toujours bienveillants du milieu du showbiz des années 50. Au fil des pages, on croise les usual suspects : Fellini, Delon, Edie Sedgwick, Andy Warhol et la fine équipe de la Factory, Brian Eno, Philippe Garrel, Serge Gainsbourg, Alain Pacadis, Jim Morrison, les Stooges, Brian Jones, Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire, The The ou Tangerine Dream, une constellation de comètes éphémères et de planètes stables au firmament des années Pop art et rock dark (dont le premier album du Velvet Underground reste bien sûr une pierre angulaire). Entre Rome, Paris, New York, Berlin, Manchester et l’Ibiza (« d’avant les Hippies et de la techno », précise l’auteur), sont évoqués sa participation aux films expérimentaux de Warhol, son importance dans ceux de Garrel et ses albums : de Chelsea Girl (en 1967) à Camera Obscura (en 1985), en passant par le méconnu The Frozen Borderline et les classiques que sont The Marble Index (1968), Desertshore (1970) et The End… (1974), qui annonce « l’ère glaciaire de la cold wave ». Sans oublier les grands moments, comme le concert de la cathédrale de Reims en 197 4 qui précède les années d’errance, sa tournée en France, la drogue, la déchéance de ses droits de mère, puis à nouveau, les voyages : Amsterdam, Berlin, Los Angeles… Suivra la lente décrépitude sur fond de brume opiacée et de magie noire (une obsession tardive) à laquelle succède le sursaut créatif autodestructeur des années 80 (Drama of Exile, Camera Obscura et Behind the Iron Curtain, qui la voit frayer avec la scène « magick » industrielle de l’époque) jusqu’à la fin (forcément) tragique et solitaire (hémiplégie, insolation, hémorragie cérébrale?) à Ibiza, après « une chute de vélo ». *Un destin marqué du sceau du singulier donc, que nous fait très bien partager Serge Féray dans un
style extrêmement écrit, plus proche du roman que de la biographie. Bel hommage.*

Maxence Grugier
New Noise Mai 2016

- Nico, femme fatale

L’histoire de Nico serait digne d’un film s’il était seulement au niveau de l’aura du personnage. Nico joua dans des films pourtant. Mais non pas basés sur elle-même mais à chaque fois un personnage… proche d’elle et auquel elle apporte une substance personnelle. C’est La dolce vita de Fellini où de second rôle, elle semble se fondre comme une pièce essentielle du décor en parlant sans fin plusieurs langues différentes devant un Marcello un peu sidéré et halluciné. C’est bien sûr les films de Garrel dans sa période la plus expérimentale, films encore peu disponibles voire pas du tout (Le berceau de cristal). C’est aussi le modèle glacé chez Warhol et les films de la Factory tout comme l’égérie du Velvet sur leur premier disque. C’est enfin une musique qui ne fait que réfléter une personnalité sombre, mélancolique et en marge du monde.

“L’exil n’est pas moins temporel que spatial. Elle joue avec l’idée de redevenir blonde, mais se trouve “trop vieille, maintenant”. Elle a beau dire qu’elle n’a “pas le temps de devenir un cliché”, où qu’elle aille, on lui demande de réinterpréter les classiques du Velvet Underground, d’évoquer les ombres de Lou Reed, de Warhol, de Jim Morrison. A Berlin, où elle habite chez les parents de Lutz, David Bowie est en train d’enregistrer Low et “Heroes”. Depuis des années, Nico écoute en boucle “Cygnet Committee”. Dans l’espoir qu’il produise son prochain album, elle glisse un message sous la porte de l’appartement de Schöneberg qu’il partage avec Iggy Pop : “Je veux te voir.” Le Thin White Duke lui fait répondre : “Je ne veux pas te voir.” (p. 180)

De son vrai nom, Christa Päffgen, Nico aura un peu tout vécu. Les privations de la seconde guerre mondiale dans un Berlin en ruines. Le fait qu’elle fut violée à l’adolescence par un soldat américain noir et que celà aurait suffit à jamais à la rendre raciste (on n’a jamais retrouvé de preuve directe pouvant identifier le soldat en question par contre !). Les années d’errance et la difficulté de vivre de son art musical. Avoir un fils qu’on lui retire parce que son père, Alain Delon, ne daigne pas le reconnaître. Se shooter constamment à l’héroïne et faire en sorte que les lieux où s’en procurer deviennent les lieux de passages des concerts (ambiance). Serge Féray montre tout ça, les hauts, les bas et bien sûr un personnage qui n’était ni blanc, ni noir.

“Original et simple. Il n’est pas question pour Nico de rivaliser avec les virtuoses du rock des années soixante. Elle se choisit un instrument encore vierge de tout karma rock, qu’elle va pouvoir s’approprier, marquer de son empreinte. En outre, l’harmonium, ceux qui ont vu Allemagne année zéro le savent bien, c’est le son, la musique même des ruines de Berlin (Ombra mai fu).” (p. 77)

Surtout, l’ouvrage s’avère essentiel pour qui s’intéresse à la chanteuse car il décortique avec précision ses textes, les sonorités, la façon de les chanter, les titres, les albums, la musique en somme, entièrement. Il montre aussi les liens complexes qui existaient entre Nico et ceux qui l’inspirent, ces proches comme ceux, plus éloignés. Une continuelle histoire d’amour-haine, de rapprochements et d’éloignements. On apprend par exemple que malgré son admiration pour Cale par exemple, avoir un album avec Brian Eno ne l’aurait pas gêné (ce dernier étant présent sur son album “The End” de 1974 toutefois). Elle voudrait composer un album avec Christian Vander, leader du groupe Magma, mais les deux se brouillent très vite. Admirant David Bowie elle cherche à le rencontrer plusieurs fois, ça sera non. Car Nico fascine autant qu’elle fait peur. Son univers glacé est de ceux dont on peut se perdre facilement. Nico, la femme qui méprisait sa propre beauté et semblait vouloir se détester du monde entier.

Enfin bien sûr, et c’est également là le but d’un tel livre, donner envie d’écouter, de se réécouter, de redécouvrir l’oeuvre musicale de Nico. Probablement brève et chaotique sur deux décennies comparée à de nombreux autres artistes, mais intense, forte, noire comme la bile bien souvent. Une oeuvre que j’ai redécouvert en même temps que la lecture et que je vous propose également de ressentir depuis le post précédent et probablement encore d’autres à venir bientôt.

L’article est en ligne sur Chroniques Visuelles

Nio Lynes
Chroniques Visuelles 17 juin 2016

- Nico, femme fatale

Sans doute la pire des croix à porter pour un artiste est d’être réduit à l’image qu’il a donné à une époque de sa carrière, que sa notoriété soit réduite à un disque, voire une chanson, voire une pochette. La chanteuse, actrice et modèle allemande Christa PAFFGEN, alias NICO, n’y a pas échappé, et il y a fort à craindre qu’on la réduise pendant longtemps encore (au moins au niveau du « grand public », si cette notion existe) à l’image de l’égérie et chanteuse du premier album du VELVET UNDERGROUND, et notamment de la chanson qui semble la désigner le plus directement, Femme fatale. En reprenant ce titre pour son livre sur NICO, Serge FÉRAY use du poncif pour mieux le saborder. Non, s’acharne-t-il à clamer le long de ces quelques 300 pages, la valeur artistique et musicale de NICO n’est pas réductible à sa participation, somme toute congrue, à « l’album à la banane ».

Il y a eu une NICO avant le VELVET, il y a eu encore plus certainement une NICO après le VELVET, et dont l’œuvre musicale est autrement plus riche et profonde, et à multiple entrées, qui a vu l’image de NICO passer de « pop girl » warholienne à la pythie ténébreuse flanquée d’un instrument austère (l’harmonium), la sorcière médiévale, la prêtresse gothico-romantique, la rockeuse orientalisante, la voix avant-gardiste nébuleuse… Et puis il y a eu la NICO modèle pour photographes et cinéastes, la NICO actrice pour films d’auteur underground, la NICO amante de plusieurs stars du rock et du cinéma, la NICO junkie, la NICO blonde, la NICO rousse, la NICO brune, la NICO des abîmes et la NICO tutoyant les sommets, la beauté glacée et glaçante…

C’est cette personnalité multifacette que Serge FÉRAY met en évidence dans son ouvrage. Il a connu NICO dans les dernières années de sa vie, s’est longuement et maintes fois entretenu avec elle, et a épluché moult articles et entretiens publiés le long de sa carrière pour reconstituer son parcours, son évolution dans les moindres détails, en tenant compte du fait que NICO, dans ses entretiens, s’est souvent amusée à réinventer son histoire, son passé, comme si elle n’avait déjà pas eu assez de vies durant son existence…

Déjà auteur d’un premier essai sur NICO dans les années 1990 paru dans les Cahiers de nuit, *Serge FÉRAY livre ici une somme autrement ambitieuse et exhaustiv*e sur celle qu’Andy WARHOL avait surnommé « la plus belle femme du monde ». Il explore sa vie côté cour comme côté jardin, côté scène et côté coulisses, les deux univers ayant été souvent mêlés chez NICO, l’un s’expliquant volontiers par l’autre.

Mais surtout, Serge FÉRAY se livre à de denses et florissantes analyses découpées au scalpel de la moindre œuvre discographique de NICO. Tous ses albums y sont scrutés en profondeur, avec une exigence de mise en relief qui donne presque le vertige. S’il s’accorde à reconnaître, comme d’autres, que le premier LP de NICO, Chelsea Girl, n’est pas vraiment celui qui la définit le mieux, ni même celui dans lequel elle se reconnaît le plus (la faute à une production bornée et unilatérale qui ne reflète pas vraiment les réelles visions artistiques de NICO), il s’attarde plus volontiers sur l’exigeante trilogie The Marble Index / Desertshore / The End, qui constitue l’essence même de l’art de NICO – du moins pour les années 1970 – et dont les éclats ésotériques, les parures atonales, les relents médiévaux et néo-classiques et les stances venimeuses et cryptiques continuent à fasciner comme s’ils venaient juste d’être conçus aujourd’hui.

Il semble que le temps n’ait guère eu de prises sur ces œuvres hors du temps et de l’espace communs, puisant à des sources antiques autant qu’à des expressions très contemporaines, tant en ce qui concerne les musiques (conçues avec John CALE) que les textes. Mots et sons sont décortiqués par l’auteur de l’ouvrage avec une passion et une érudition assez fascinantes. Les choix instrumentaux et musicaux, les constructions, les métriques et les inventions poétiques sont dûment scrutés sans rien laisser au hasard, débouchant sur des interprétations et traductions de l’œuvre qui en démultiplient les hauteurs et les profondeurs. Une chronique de disque qui s’étale sur une trentaine de pages, ce n’est plus une chronique, c’est une étude scientifique de haut vol ! On n’écoute plus ces disques de NICO de la même façon après avoir lu cet ouvrage.

Il en va de même pour l’analyse des disques des années 1980 (The Drama of Exile, Camera Obscura, Fata Morgana), réputés plus accessibles parce que plus orientés « rock » mais finalement plus tortueux qu’ils ne paraissent, car exploitant des gammes orientales et lorgnant au bout du compte vers un avant-gardisme mêlant acoustique, électrique et électronique qui trouve un aboutissement stratosphérique avec le fameux « dernier concert » de NICO paru sous le titre Fata Morgana, au répertoire quasi intégralement inédit, et qui ouvrait encore de nouvelles perspectives… Quand on sait que les médias de l’époque ne voyaient encore en NICO que la chanteuse du VELVET, on se dit qu’il y a décidément plein de métros à rattraper ! Mais l’œuvre de NICO ne s’attrape pas comme cela… Et la force de cet ouvrage de Serge FÉRAY est précisément de nous donner suffisamment de clés pour se lancer dans l’aventure.

D’autres réalisations discographiques de NICO (NICO en personne en Europe, Chelsea Live, Nico-Icon, Behind the Iron Curtain, Live in Tokyo…), plus confidentielles et même moins « officielles », parues sur différents supports (K7, LP, CD, VHS…), font également l’objet de commentaires pertinents et éclairants de l’auteur, qui n’a décidément rien négligé de toute trace discographique laissée par NICO, allant jusqu’à parler de ses collaborations à des disques d’autres artistes (Kevin AYERS, Lutz « Lüül » ULBRICHT, NEURONIUM, Marc ALMOND…)

La carrière cinématographique de NICO y est aussi dévoilée avec minutie. Serge FÉRAY décrit les scènes et les « rôles » de NICO dans des films obscurs ou expérimentaux d’Andy WARHOL que peu de monde a dû voir ou a même entendu parler, et il explore avec autant, sinon plus, d’intérêt les films du réalisateur Philippe GARREL (La Cicatrice intérieure, les Hautes Solitudes, Un ange passe, le Berceau de cristal…), qui a partagé la vie de NICO pendant une dizaine d’années.

Si, sur le papier, NICO n’a vécu qu’un demi-siècle, la lecture de NICO – Femme fatale fait amplement comprendre qu’elle a vécu plusieurs vies en une, et que toutes ces vies se sont bousculées les une les autres. L’ouvrage ne dévoile peut-être pas tous les secrets de NICO, mais il dévoile de large pans de ses parts d’ombre tout en remettant quelques pendules à l’heure.

Au final, on réalise que NICO a été bien, bien plus que la Femme fatale qu’elle a chantée au sein du VELVET UNDERGROUND, mais qu’elle a bel et bien été fatale pour nombre de ceux qui ont croisé sa vie et, surtout, qu’elle a été aussi fatale à elle-même. Les traces discographiques et cinématographiques qu’elle a laissées restent d’une incroyable modernité, et c’est tout à l’honneur de Serge FÉRAY de nous inciter à les redécouvrir de plus près.

Retrouvez l’article sur Rythmes Croisés

Stéphane Fougère
Rythmes Croisés 10 août 2016

- Nico, femme fatale

Alors que l’exposition-événement de la Philharmonie de Paris, Velvet Underground : New York Extravaganza est encore accessible jusqu’au 21 août pour les retardataires qui n’auraient pas encore eu l’occasion de venir la découvrir, nous avons plongé dans l’essai de Serge Féray aux éditions Le Mot et le Reste sur celle qui fut la chanteuse du groupe sur quelques titres et l’interprète inoubliable du morceau « Femme Fatale », qui donne son titre au livre : Nico, Christa Päffgen de son vrai nom.

Redécouvrir Nico au-delà du Velvet Underground

Déjà auteur d’un précédent essai sur la chanteuse, Nico in Camera (Cahiers de Nuit, 1997), Féray livre ici autant une biographie qu’un essai critique sur la vie et l’œuvre d’une artiste qu’on a souvent réduite à sa participation au Velvet Underground (où elle n’était, disait-elle, qu’une « invitée »), à sa brève liaison avec Alain Delon, qui lui donna un fils, Ari, que l’acteur français ne reconnut jamais ou encore à son addiction à l’héroïne. On en oublierait presque que la sublime mannequin allemande, promue au rang de muse warholienne dans les années 60, a par la suite sorti plusieurs albums solo, dont une belle et sombre « trilogie » (The Marble Index en 1969, Desertshore en 1971 et The End… en 1974), avec des morceaux composés par ses soins, produits et arrangés par le co-fondateur du Velvet, John Cale, qui s’écartaient des structures traditionnelles et ont eu une influence sur bien des musiciens, de Siouxsie and the Banshees à Patti Smith, en passant par Morissey.

Clairement fasciné et ému par son sujet, mais jamais aveuglé, Serge Féray prend le parti de dresser un portrait tout en nuances de cette personnalité complexe et souvent insaisissable, dénuée de toute modestie, souvent touchante mais ouvertement raciste — ce qui ne transparaît cependant pas dans son oeuvre — qui déclara un jour (c’est cette citation qui ouvre le livre) « Le véritable artiste se doit de s’autodétruire ». Ce qu’elle fit, s’enfonçant tardivement dans une addiction à l’héroïne (elle ne se droguait pas à l’époque du Velvet), qui pesa autant sur sa santé mentale et physique que sur sa beauté à la fois grave et éthérée. Morte à 49 ans d’une hémorragie cérébrale suite à une chute de bicyclette, elle se sera auparavant produite sur scène pendant plus de 20 ans, aura sorti 6 albums solo, tourné dans 32 films (pour Andy Warhol, Philippe Garrel, mais aussi Fellini ou Vincente Minelli), publié un recueil de poèmes, une autobiographie inachevée…

Ascension new-yorkaise et affranchissement

De son enfance allemande, marquée par la Seconde Guerre Mondiale à ses premiers pas en tant que cover girl à Paris, avant sa rencontre décisive avec Andy Warhol à New York, Serge Féray raconte comment Christa Päffgen est devenue Nico — un nom qui lui fut donné par le photographe Herbert Tobias, en hommage à un producteur qu’il avait aimé sans retour — semant ici et là quelques indices permettant de comprendre son évolution, tout en revenant sur certains mythes récurrents la concernant. S’il est impossible de savoir si son viol durant la guerre aux mains d’un soldat afro-américain est véridique ou une invention principalement destinée à justifier son racisme anti-noir, ce qui est indéniable, c’est le magnétisme qui se dégage de sa personne et lui ouvre grand les portes de la Factory de Warhol après avoir passé un screen test concluant où elle devait juste rester dans le champ sans parler pendant quelques minutes. Elle deviendra l’une de ses muses et tournera dans ses films The Chelsea Girls, The Closet et bien d’autres, avant qu’il ne lui demande de poser sa voix sur quelques titres afin de lancer un nouveau groupe de rock expérimental cafardeux et pas assez glamour au goût du pape du Pop Art, le Velvet Underground.

On connaît la suite : le mythique « album à la banane », The Velvet Underground and Nico (qui fut un échec commercial à sa sortie en 1966), sur lequel elle chanta de sa voix grave « Femme Fatale », « All Tomorrow’s Parties » et « I’ll Be Your Mirror », sa liaison avec Lou Reed, puis John Cale, avant son éviction, pour cause de différents aussi bien artistiques (Nico ne pouvait plus se contenter de jouer les utilités) que personnels… Ce que l’on sait moins sur l’artiste, en revanche, c’est comment elle réussit à s’affranchir du carcan du groupe, puis de celui d’Andy Warhol, pour devenir une musicienne accomplie, composant des titres expérimentaux et novateurs puisant dans le romantisme anglais et germanique tout en s’accompagnant à l’harmonium, se battant pour pouvoir enfin sortir des albums qui lui ressemblent après le massacre de son premier essai solo, Chelsea Girls (1967), sur lequel le producteur Paul Morrissey superposa des arrangements à cordes catastrophiques.

Une artiste controversée

Fin connaisseur de l’oeuvre de Nico, qu’il rencontra plusieurs fois jeune homme, dans les années 80 (lire à ce sujet son interview pour ObskurMag), mais également de l’histoire du rock, Serge Féray analyse avec une grande pertinence et une vraie subtilité ses albums, ses textes souvent hermétiques, aux résonances ésotériques, son évolution musicale, son influence, apportant un éclairage rare sur l’artiste et sondant les contradictions de la femme, divisée entre Christa la petite Allemande et son alter-ego scénique, Nico. Il replace dans le contexte certaines de ses provocations, comme son choix de chanter les couplets interdits de l’hymne national allemand depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, qui fut souvent assimilé à une sympathie nazie, à tel point que cette interprétation apparaît aujourd’hui encore sur la page Wikipedia anglo-saxonne de l’artiste, dans la sous-partie « Racism ». Critique vis-à-vis de la reconstruction de son pays natal (l’ancien sous-officier SS Hans-Martin Schleyer était alors le patron des patrons en Allemagne de l’Ouest), Nico dénonçait en réalité une certaine hypocrisie, tout en replongeant, avec son album The End…, dans certains souvenirs d’enfance, où elle chantait tous les jours à l’école l’hymne national dans sa version désormais interdite.

L’idée de l’album aurait d’ailleurs germée d’un rêve où elle se revoyait enfant en train de chanter le fameux hymne, avant de se recueillir sur la tombe de sa mère, décédée dans la solitude en 1970. Fille d’un officier volontaire de la Wehrmacht qui l’abandonna elle et sa mère avant d’être abattu par les nazis, hantée par la déchéance et la mort de sa mère, qu’elle délaissa sur la fin de sa vie, habitée par la guerre qui marqua ses jeunes années, Nico rend visite à ses démons sur cet album crépusculaire comportant une reprise du célèbre titre des Doors, et fait de l’hymne national un fil rouge parcourant les différents morceaux. Reprendre l’hymne national tel qu’il était chanté sous le Troisième Reich revenait pour elle, comme elle l’expliqua à l’époque, à « mettre en évidence l’ancien sentiment, caché derrière le nouveau ». En revanche, Serge Féray critique son aveuglement lorsqu’elle dédie cet hymne au terroriste Andreas Baader, qui bénéficiait d’une certaine complaisance auprès des sympathisants d’extrême-gauche en raison, entre autres, de son opposition à la guerre du Vietnam.

Un essai pertinent, loin de tout sensationnalisme

Outre cette finesse d’analyse, l’auteur évite par ailleurs tout sensationnalisme, au contraire de la réalisatrice Susan Ofteringer, dont le documentaire Nico Icon (1995) s’attardait plus que de raison sur sa liaison avec Alain Delon et certains scandales, ramenant de manière assez facile l’artiste aux hommes qu’elle a connus et à sa toxicomanie, tout en adoptant un ton moralisateur. Si Alain Delon est (très) brièvement évoqué dans Nico femme fatale — principalement pour parler du fils de Nico, Ari, et du traumatisme résultant du refus de l’acteur de reconnaître l’enfant —, Serge Féray s’attache surtout à l’alchimie créative qui l’unissait à Jim Morrison, qui fut brièvement son amant, ainsi qu’à Philippe Garrel, son compagnon durant de nombreuses années, laissant de côté les potins et le voyeurisme des tabloïds pour mettre en avant la manière dont ces relations ont nourri son art. De même, il met en évidence l’influence de Nico sur l’oeuvre de Philippe Garrel, dont elle fut la muse.

Nico, femme fatale est donc un essai essentiel pour aborder l’oeuvre de Nico, finalement assez méconnue au-delà du Velvet Underground, voire incomprise. Rendant à César ce qui lui revient, Serge Féray permet enfin d’envisager l’artiste autrement que comme une jolie blonde, pièce rapportée du groupe de Lou Reed, sans cesse ramenée aux artistes masculins avec lesquels elle fut liée, que ce soit dans sa vie privée ou artistique. Il nous invite à plonger dans ses albums solos (plus particulièrement ceux sortis entre 1969 et 1974, donc), bien accueillis par la critique française à l’époque, mais trop souvent oubliés aujourd’hui, que nous découvrons en partie, étonnés et émus par cette voix hantée et ces accords spectraux, cette approche sans compromis, audacieuse, qui fait qu’aujourd’hui encore ces disques restent uniques.

Biographe méticuleux et connaisseur passionné, Féray ne cache pas sa fascination et son empathie pour son sujet, sans se laisser aveugler pour autant. Si son attachement à Nico est perceptible, tout comme son investissement dans la réévaluation de son oeuvre, l’auteur ne perd jamais de vue la rigueur de mise dans une telle entreprise, offrant d’un bout à l’autre une argumentation et des analyses solides qui lui permettent, en toute fin d’ouvrage, de s’autoriser une conclusion poétique où il imagine une autre fin possible au destin tragique de cette femme tourmentée, qu’il n’hésite pas à comparer, avec une certaine emphase, à Phèdre ou Médée. Sous sa plume, Nico renaît de ses cendres pour une dernière apparition, hallucinée et vacillante, avant le rideau final. On referme son livre avec le sentiment d’avoir découvert une autre artiste, une autre femme, profonde et mystérieuse, derrière la chanteuse à frange qui susurra jadis « Femme Fatale », deux mots qui lui seront restés collés à la peau, éclipsant la formidable complexité d’une oeuvre solo qui mérite d’être redécouverte.

Lire la chronique sur Culturellement Vôtre

Cécile Desbruns
Culturellement Vôtre 8 août 2016

- Entretien avec Serge Féray - Nico, un requiem allemand

Agrégé de Lettres Modernes, ayant rencontré Nico entre 1985 et 1987, Serge Féray livre dans son essai Nico – Femme fatale un voyage éblouissant dans les sous-bois de l’univers de Nico, un tombeau en forme de chant d’amour. Ce livre réussit la gageure de sécréter une magie sœur de l’hypnose, de l’alchimie noire que dégagent les albums de Nico : The Marble Index, Desertshore, The End. À pas de loup, Serge Féray est entré dans le labyrinthe nicoesque, a sondé les innovations expérimentales que la déesse de la lune (dixit Andy Warhol) apporta à une scène rock dont elle s’éloigna pour incarner dans une texture sonore inédite ses fantômes, ses démons, son père évaporé, ses fêlures, le spectre de l’Allemagne nazie, le bruit des bombes.

Avant Nico – Femme fatale, vous avez dirigé les Cahiers de Nuit où vous avez publié Nico in Camera et où Ari, le fils de Nico, a publié Nico from Saeta to Neutrino, catalogue d’une exposition. Pouvez-vous nous dire d’où vous vient votre engouement pour Nico et dans quelles circonstances vous l’avez rencontrée ?

J’ai découvert le visage et la musique de Nico lorsque j’avais quinze ans, en 1983. Le premier choc a été The Marble Index, que je tiens encore aujourd’hui pour son chef-d’œuvre. Ses contributions au Velvet Underground me paraissaient mineures. Je préférais nettement le Velvet incendiaire, purement électrique, de White Light / White Heat, à la chanson « I’ll Be Your Mirror », qui me paraissait – mais j’avais tort – une innocente bluette. La chanson « All Tomorrow’s Parties », c’était autre chose, plus proche des audaces inouïes de « Venus In Furs ». Mais Nico, pour moi, c’est la brune – ou rousse – pythie des albums solo, pas la blonde égérie de Warhol. J’ai reçu sa musique comme une révélation mystique. Saint Paul sur la route de Damas. Sa beauté me terrassait. J’y voyais le visage de la Mort, la Mort romantique avec un grand M, et je me suis mis à noircir des cahiers sur elle, sur sa musique, sur les rêves qu’elle m’inspirait. Pendant cinq ou six ans, j’ai rêvé d’elle pratiquement toutes les nuits ! Je vivais dans son monde. J’ai écrit un roman dont elle était l’héroïne. Mais il me fallait confronter l’idée que j’avais d’elle et celle qu’elle était réellement. Je l’ai vue pour la première fois au Ronnie Scott’s Club de Londres, au printemps 1985, où elle présentait son album à paraître, Camera Obscura. Comme elle était très facile d’accès – malgré une prestance, un charisme de star – je suis allé dans les coulisses lui dire que je voulais écrire un livre sur elle. Déjà. Elle m’a répondu – en français – qu’elle pensait qu’un livre dans cette langue ne se vendrait pas assez, et que de toute façon, elle travaillait déjà à son autobiographie. Mais elle était à l’écoute, elle était chaleureuse, quoique pas vraiment là. Je suis retourné la voir à plusieurs reprises, elle me faisait entrer avant tout le monde – « Tu as encore fait des kilomètres pour me voir ! » –, elle me disait que j’étais fou, mais je crois que ça lui plaisait, cette passion que je nourrissais pour elle. Nous passions chaque fois un long moment à discuter, en français toujours. Elle me conseillait des livres, des disques, et lorsqu’elle se piquait dans les coulisses, elle me demandait de veiller à ce que personne n’entre pour l’interrompre. Inutile de vous dire que je transcrivais nos conversations immédiatement après dans mes cahiers, le moindre de ses mots, le moindre silence. Début 1986, à l’issue d’un concert à Manchester, elle m’a proposé de m’emmener avec elle en tournée, avant de se raviser au dernier moment – il n’y avait plus de place pour moi dans le van à bord duquel se déplaçait le groupe. Je suis passé à côté d’une sacrée aventure. Puisque je ne pouvais pas la vivre, j’ai écrit sur elle.

De Nico, née Christa Päffgen, égérie de Warhol – fascinant astre blond, du Velvet Underground à l’artiste qui a choisi de frayer un chemin de création abrupt – à l’écart du paysage rock, quelles ruptures, réinventions percevez-vous ? Quel est le noyau obscur, quelles sont les vibrations souterraines qui pulsent la quête musicale, existentielle, métaphysique de Nico ? Quelles seraient les lames de fond qui traversent et sous-tendent son labyrinthe aux multiples visages ?

Je distingue deux grands mouvements dans sa vie : une première époque où Nico, fille d’une femme répudiée par son mari, orpheline grandie dans les ruines d’une capitale bombardée, vise à devenir quelqu’un : c’est la période qui va jusqu’au Velvet Undergound, jusqu’à son premier album solo, Chelsea Girl, inclus : presque trente ans au cours desquels elle acquiert un nom, ce pseudonyme, prénom et patronyme à la fois, qui va l’accompagner toute sa vie. C’est la période au cours de laquelle elle devient top model, puis actrice, enfin chanteuse. Ascension d’une étoile jusqu’au statut warholien de superstar. La seconde époque est celle de la Chute, mais c’est une chute luciférienne, la plongée dans les ténèbres d’une porteuse de lumière : devenue une star, Nico se lasse des sunlights – qu’elle appelait les floodlights – et, dans le creuset de New York, languit de son héritage allemand. Remisant l’habit de lumière revêtu avec le Velvet – elle y portait souvent du blanc, pour offrir un écran vivant aux projections warholiennes –, elle se drape de capes noires et, à la lueur des bougies, loin des stroboscopes de l’Exploding Plastic Inevitable, elle apprend à jouer de l’harmonium, plonge dans ce qu’elle appelle son fonds germanique. De manière très symbolique, elle écrit ses premiers textes, ceux que l’on retrouvera sur The Marble Index, couchée dans une baignoire, où elle passe des journées entières avec un carnet, comme immergée dans son inconscient, dans une cuve de résurrection, à incuber ce qu’on pourrait appeler, en un clin d’œil au film le plus célèbre qu’elle tournera avec Philippe Garrel, sa créatrice intérieure. Elle était une image, un nom, une star, elle devient artiste. Le reste de sa vie sera un combat constant entre l’artiste et la femme, que l’artiste n’aura de cesse de détruire, pour que vive l’œuvre. A la manière des grands romantiques, d’un Kleist ou d’un Nerval, elle a littéralement donné sa vie pour l’art – et c’est pour cela que nous parlons d’elle aujourd’hui, qu’elle est devenue immortelle, et non restée une simple silhouette parmi les filles-fleurs de la Factory warholienne.

[…]

Retrouvez l’entretien dans son intégralité sur le site de Diacritik

Véronique Bergen
Diacritik 5 août 2016

- Arrache-cœur 573
Une belle chronique du Nico de Serge Féray à retrouver dans l’émission Paludes #802 ICI
Nikola Delescluse
Paludes 1 juillet 2016

- Interview deuxième partie bonus

En bonus du #28 de Obsküre Magazine retrouvez une interview de Serge Féray mise en ligne sur le site du magazine.

Lire l’interview sur le site

Maxime Lachaud
Obsküre Magazine Avril - Juin 2016

- L'étoile mystérieuse

Dans Nico, Femme Fatale, Serge Féray retrace l’énigmatique parcours de la chanteuse, actrice et mannequin à la voix lugubre et à la beauté glacée introduite par le Velvet.

“Il fallait au groupe quelque chose de beau pour contrebalancer le genre de laideur stridente qu’il essayait de vendre et combiner à cela une fille vraiment magnifique, debout devant cette décadence, était ce qu’il fallait”. Ces mots extraits de Nico, femme fatale, repris de Up-Tight, The Velvet Underground Story, sont de Paul Morrissey, bras droit d’Andy Warhol et une temps manager du Velvet Underground. À l’époque, Morrissey a dû batailler pour convaincre Lou Reed de laisser chanter la splendeur blonde sur trois des onze titres du premier Velvet. Alors que son travail artistique et musical est réduit à peau de chagrin, elle touche à elle seule les 100 dollars que les quatre autres membres du groupe doivent se partager.
La manipulatrice, qui a déjà été chassée lorsque apparaît l’album culte à la banane, n’est que l’une des différentes Nico racontées par la bio de Serge Féray. Superstar warholienne, modèle des films expérimentaux de Philippe Garrel, chanteuse, actrice, muse, mannequin, mère d’un des fils d’Alain Delon… La longiligne Allemande a vécu 1000 vies et se fait ici tirer le portrait en long, en large et en travers. Née le 16 octobre 1938 à Cologne et morte à même pas 50 ans, le 18 juillet 1998, sur l’île d’Ibiza, Christa Päffgen est une énigme. Une icône d’autant plus mystérieuse qu’elle a souvent dans ses récits pris ses libertés avec la réalité. “Soucieuse de se rajeunir, elle s’est fait naître en 1939, 1942, 1943 ou même 1945, gommant la guerre de sa biographie. Elle s’est inventée des parents espagnol et yougoslaves, une mère opiomane, des ancêtres russes, mongols, un père d’origine polonaise ou turque, archéologue ami du Mahatma Gandhi, soufi, derviche tourneur, fusillé sur ordre personnel de Hitler après avoir déserté la SS, mort dans un camp de concentration parce qu’il combattait le régime.” Qu’en est-il d’ailleurs de ce prétendu viol alors qu’elle n’a que treize ans par un sergent noir américain conduit à la potence et qu’elle utilise pour justifier son racisme? Les membres toujours en vie de sa propre famille n’en ont jamais entendu parler.

Vendre le suicide
Tentant de discerner le vrai du faux, Nico, femme fatale raconte ses relations avec Jackson Browne (qui quitte un jour la scène en plein concert), Leonard Cohen, Jim Morrison… Il se penche sur sa carrière solo : Chelsea Girl vendu à 450 exemplaires entre le 1er septembre 1968 et le 14 février 1969, The Marble Index, sa déclaration d’indépendance (“on ne peut pas vendre le suicide”, dira John Cale quant à son échec commercial). Il décortique ces albums, de manière parfois un peu laborieuse, chanson par chanson, comme il décrypte le cinéma de Warhol, revenant d’ailleurs sur le presque assassinat d’Andy par Valérie Solanas. Férie réussit à donner une idée de ce personnage éminemment complexe. Un personnage insaisissable qui déclare “je pense que les femmes sont inutiles ; j’aimerais détruite tout le MLF ; elles m’emmerdent” alors qu’elle est “la première fille du rock à monter sur scène pour chanter ses propres compositions, sans guitares électriques comme Suzi Quatro, sans minijupe comme Tina Turner, mais avec sa seule poésie aux influences désuètes, sa musique lancinante, presque liturgie, et les robes amples dans lesquelles elle cache sa beauté”. Un ouvrage tour à tour passionnant et un brin rébarbatif.

Julien Broquet
Focus Vif 3 juin 2016

- Interview Serge Féray

Trop souvent cantonnée à sa collaboration avec le Velvet Underground, Nico reste cette énigme diaphane, drapée de noir, à la beauté hors du temps. Son œuvre, entachée par un premier album sur lequel elle n’a eu aucune emprise, s’est entièrement dédiée au monde de la poésie et des ténèbres dès The Marble Index en 1968. Imaginaire décadent, médiévisme incantatoire, visions macabres, dissonances inquiètes, romantisme noir, germanisme glacial, le monde sonore de Nico, dominé par les résonances de l’harmonium, annonçait les préoccupations et l’esthétique du mouvement gothique, cold wave et dark folk. Depuis trente ans, Serge Féray écrit sur cette prêtresse de l’obscur et son livre Nico, Femme fatale tente de déchiffrer avec sensibilité et érudition un langage souvent considéré comme hermétique. L’auteur nous permet ainsi de tracer des lignes cohérentes au sein d’une discographie parfois difficile à appréhender.

Serge Féray : Rappelons d’abord que Nico a toujours dit que Chelsea Girl ne comptait pas, que ce n’était pas son album mais celui de Paul Morrissey, qui y avait tout décidé pour elle, et qu’elle considérait que son œuvre commençait avec The Marble Index. Le lien entre les cinq albums studio qu’elle a reconnus est mis en évidence dans le dernier, Camera Obscura, qui forme un condensé de ses différentes périodes, de ses différents styles. La cohérence générale de l’œuvre vient d’abord de la manière dont elle est composée : même les morceaux rock de Drama of Exile ont été conçus à l’harmonium, bien que l’orgue indien n’apparaisse pas sur l’album. Tous ont en commun des textes énigmatiques même si l’inspiration poétique devient plus urbaine, plus moderne dans les années quatre-vingt -, des harmonies complexes, usant et abusant de mélismes, ainsi qu’une absence totale de références aux sources traditionnelles du rock, le blues et la country – ce qui a ouvert la voie à Cure, à Bauhaus… comme à la nébuleuse néo-folk gravitant autour de Current 93, qui se complaît, comme Nico, dans une atmosphère toujours sombre. Puis il y a la voix qui unifie tout, cette voix d’airain, reconnaissable entre mille, même une fois qu’elle a perdu de sa superbe, dans les dernières années.

Nico, figure de l’avant-garde? Où peut-on la situer entre musique savante et musique populaire ?
Là aussi, Nico est originale : sa musique a parfois la complexité et la richesse d’un lied, elle s’aventure même du côté de l’atonal, et pourtant, elle ne savait ni lire ni écrire la musique. Alors, parler de musique savante à son propos, cela pose quand même problème, même si John Cale a raison d’affirmer qu’elle a apporté une contribution inestimable à ” la musique classique contemporaine , – il en sait quelque chose, lui, l’ancien élève de Xenakis qui a mis en valeur ce qu’avait d’expérimental, de moderne, l’inspiration de Nico. Je crois qu’en elle se sont synthétisées de multiples influences, de la musique lyrique – dans son enfance, elle allait à l’opéra toutes les semaines – aux expérimentations minimalistes dont John Cale était familier, du folk au rock, en passant par Zarah Leander, Yma Sumac et la musique arabe, ce qu’elle appelait le rock oriental, dont on entend surtout l’influence chez elle à partir de The Drama of Exile. Musique savante ou populaire? Difficile à dire. Nico est un hapax. Ni savante, ni populaire. À l’avant-garde de la musique pop, comme on l’appelait dans les années soixante-dix, et incroyablement “archaïque, préhistorique”, comme elle se définissait elle-même.

Maxime Lachaud
Obsküre Magazine Deuxième trimestre 2016

- Nico

Passionnant périple dans la vie et dans l’œuvre de Nico, le livre de Serge Féray prend pour point de départ la ville de Berlin, là où selon lui tout commence et tout s’achève. Cette ville en ruines, marquée par le traumatisme de la guerre, fut non seulement une source d’inspiration pour cette
artiste nomade qui a délibérément choisi de se situer du côté des ténèbres, du macabre et de la décadence, mais c’était aussi “le berceau de Christa” selon l’auteur. Elle y donna son dernier concert et répétait que ses rêves la ramenaient toujours là-bas. Les disques “officiels” et revendiqués de Nico, au final assez peu nombreux (The Marble Index, Desertshore, The End, The Drama of Exile, Camera Obscura), ont tous exploré ces ambiances plombées et post-apocalyptiques, ouvrant la voie pour un nombre important de formations gothiques et dark folk. C’est l’ombre aussi du romantisme noir anglais et germanique, ainsi qu’un médiévisme réinventé par l’avant-garde qui sert de terreau à ces compositions et textes que Féray décrit avec minutie et sensibilité. Seul un passionné peut aboutir à une telle finesse d’analyse (avec identification des références et du fonds culturel, étude rythmique et stylistique de la poésie de la chanteuse, etc.), l’auteur écrivant depuis très longtemps sur Nico. Premier essai publié en 1997 : Nico in Camera. C’est d’ailleurs dans son attachement à la force visuelle des compositions de Nico que cet ouvrage offre ses plus belles pages. De son enfance marquée par la guerre et le viol jusqu’à son statut d’icône glacée dans les années quatre-vingt, de sa carrière de mannequin et de cover girl à ses films avec Philippe Garrel, de la Factory de New York avec Andy Warhol et le Velvet Underground à l’autre Factory, celle du Manchester cold wave mis en sons et images par Martin Hannet et Peter Saville, on suit cette artiste solitaire, profondément touchante et tourmentée. On croise Fellini, Chet Baker, John Cale, Brian Jones, Jim Morrison, Magma, Charles Manson, la bande à Baader, Bauhaus ou encore Marc Almond, figures célèbres s’étant trouvées sur son chemin à un moment donné. Ne se complaisant pas dans les histoires de drogue, l’auteur nous montre les innovations considérables que Nico a apportées, en détruisant toutes les structures habituelles du rock et l’héritage blues, pour évoquer un onirisme dissonant, teinté de surréalisme, de symbolisme occulte et de folklore européen.

Maxime Lachaud
Obsküre Magazine Deuxième trimestre 2016

- Nico, femme fatale par Serge Féray

On a tout écrit, tout lu, tout dit sur Nico, sa vie et surtout sa légende. Petite fille du Berlin en ruines de l’après-guerre puis adolescente partie faire carrière à New York, Christa Päffgen devenue Nico sur les conseils d’un photographe amoureux, mannequin dans les années 60, actrice, égérie d’Andy Warhol dans le contexte hype de sa Factory, ex-chanteuse du Velvet Underground sur leur légendaire premier album puis artiste solo, compagne et muse de Philippe Garrel et de son cinéma expérimental, héroïnomane, sex-symbol devenue au fil du temps junkie en perdition, oubliée puis ressurgie dans les années 80 en marraine du mouvement gothique… Une vie toute en cassures et en chute libre, finie en une mort absurde et dérisoire en 1988 sur la terrasse d’un hôtel à Ibiza, une mort en plein soleil pour celle dont l’œuvre entière symbolisera pour toujours le froid, les ténèbres et la glaciation. Un destin rock’n’roll, comme tant d’autres ? Peut-être mais pas seulement.

Le livre de Serge Féray est un objet précieux, un objet rare. Fan de longue date de l’artiste, qu’il rencontra à plusieurs reprises dans les années 80 et à laquelle il consacra en 1997 une première étude intitulée Nico in Camera, Féray livre ici le travail d’une passion et presque d’une vie entière, une recherche poussée qui synthétise et souvent contredit ou nuance l’histoire « officielle » relayée par les médias, notamment un film comme Nico Icon, considéré jusque-là (à tort) comme le document de référence sur le sujet. Surtout, il aborde pour la première fois ce sur quoi tout le monde faisait l’impasse : la musique et surtout les textes. L’ouvrage est donc une analyse en profondeur d’un univers bien spécifique qui jusqu’ici demeurait peu accessible pour de multiples raisons (discographie éclatée avec une certain nombre d’albums longtemps introuvables, multiples versions des mêmes chansons, sans parler de la volonté expresse de Nico de ne jamais imprimer les paroles sur les pochettes afin de préserver jusqu’au bout le mystère). Bref, on découvre un monde fascinant, bien loin des clichés de type Paris Match auxquels nous étions habitués, pour nous plonger au contraire dans les tréfonds d’une certaine culture underground.

[…]

Lisez l’intégralité de l’article sur le site de SuperFlux

Sébastien
SuperFlux 20 mai 2016

- Le premier album du Velvet Underground fête ses 50 ans

Tout le monde le sait : Le Velvet Underground a 50 ans. Pour cet anniversaire, CULTUROPOING s’associe aux éditions LE MOT ET LE RESTE qui éditent deux ouvrages essentiels pour saisir l’importance d’un mythe qui résonne encore et qui n’est pas près de s’éteindre.

En avril 1966, Lou Reed, John Cale, Sterling Morrisson et Moe Tucker, accompagnés du mannequin Nico, s’enferment dans le studio de Scepter Records de New-York pour accoucher, sous le sceau d’un pacte faustien, d’un album devenu mythique.
Cinquante ans plus tard, malgré une aura sulfureuse mâtinée d’héroïne, le syndrome du « vieux beau » menace cette pièce maîtresse du rock contemporain au risque de séculariser la subversion qui l’anime et de standardiser la création qui l’habite. Pourtant, l’album à la banane résiste : il hante encore nos platines comme au premier jour et accompagne inlassablement les fins de soirées éthyliques. Objet séduisant et mystérieux, il élargit toujours davantage son influence et convertit toujours plus d’adorateurs.
D’une intensité qui semble inépuisable, l’expérience velvetienne reste une expérience intime et très intérieure, quelque chose à la fois d’évident et d’essentiel pour chaque auditeur dont la vivacité ne pourra nous être volée par les musées et la pipolisation.
[...]

« She’ll build you up to just put you down (…)
(…) She’s just a little tease »
Une rythmique indolente mais à la régularité métronomique, quelques cordes grattées en arpège, une guitare électrique discrètement saturée qui exécute une grappe de notes perlées pour devenir (selon la date et la qualité des pressages) un tapis sonore à la douceur envieuse : Femme fatale sait nous faire les yeux doux et nous accueille dans une ambiance cotonneuse aux charmes opiacés. Malgré qu’elle ait été demandée à Lou Reed par Andy Warhol qui pensait alors à sa superstar Edie Sedgwick, cette chanson emblématique aura finalement hanté Nico jusqu’à la fin de sa vie – elle sera obligée d’en ressasser les vers les plus célèbres jusqu’à son dernier concert, jusqu’à la fin, donc, de sa vie.
[...]

Retrouver l’intégralité de l’article sur le site Culturopoing.com

Benjamin Cocquenet
Culturopoing.com 23 avril 2016

- « Lou Reed amoureux, c’est un concept un peu abstrait », John Cale // Interview de Serge Feray

Auteur d’une biographie exhaustive sur l’égérie du Velvet Underground, Serge Feray évoque la figure de Nico au travers l’exposition New York Extravaganza, à la Philharmonie de Paris

Quel est votre point de vue sur la notoriété du Velvet underground ?
Le temps a fini par corriger l’injustice qui avait laissé le Velvet, de son vivant, dans
l’ombre. Mais alors que le groupe ne touchait, dans ma jeunesse, que des initiés, je m’étonne qu’il éclipse aujourd’hui l’essentiel de l’œuvre solo de Lou Reed. Il me semble que beaucoup en sont encore à opposer ses deux carrières, alors qu’elles n’en font qu’une, que nombre de chansons inédites à l’époque du Velvet ont trouvé leur place sur ses albums solo, et que Lou Reed a poursuivi dans son œuvre personnelle les expérimentations des années 60 — ne pousse-t-­il pas à l’extrême, dans Metal Machine Music, le parti­-pris de Sister Ray , dont on peut retrouver aussi le souvenir dans un morceau comme Like A Possum ? Il est aussi regrettable que les carrières solo de John Cale, et surtout de Nico, soient toujours éclipsées par les deux années qu’ils ont passées dans le groupe. Music For A New Society vaut bien «Venus In Furs, et The Marble Index est un chef ­d’œuvre autrement plus authentique que Femme Fatale.

Comment apparaît Nico sur les photos alors réalisées par Warhol sur le Velvet Underground ?
Le Velvet pose en noir, comme Warhol, et Nico, qui porte souvent du blanc, est la seule à ne pas cacher son regard derrière des lunettes noires. Blonde, elle incarne la lumière (White Light), au milieu d’un groupe manifestement « du côté obscur ». C’est une opposition entre l’univers masculin du Velvet (Maureen Tucker était souvent prise pour un garçon) et le modèle incarnant l’éternel féminin. Il y a de toute évidence une volonté de la distinguer, esthétiquement. Elle est l’outsider, la superstar. Celle qui a tiré le Velvet de l’anonymat.

Qu’est-ce doit le Velvet à Nico ?
Une attitude, une esthétique, un son — celui de sa voix — et l’idée que le Velvet n’était pas seulement un mur de bruit, mais pouvait évoluer vers l’atmosphère du troisième album. Lou Reed aurait-­il composé « Pale Blue Eyes » s’il n’avait entendu Nico chanter ses ballades ?

De Lou Reed à John Cale, lequel l’a le plus aimé et soutenu artistiquement ?
Etait­-il possible de ne pas tomber amoureux de Nico en 1966 ? N’oubliez pas le mot de Cale : « Lou Reed amoureux, c’est un concept un peu abstrait ». Quoi qu’il pût ressentir envers elle, Lou Reed était bien embêté de l’arrivée de la « déesse » … S’il a accepté sa présence envahissante, c’est qu’il comprenait bien que le Velvet n’aurait pas d’avenir médiatique sans elle. J’imagine qu’il a fait contre mauvaise fortune bon cœur en faisant de Nico sa girl-friend.

A l’inverse de Cale …
John Cale est « plus engagé artistiquement », puisqu’il a continué à travailler avec Nico sur cinq de ses six albums solo, qu’il a contribué à développer son identité musicale, alors que Lou Reed a refusé de lui écrire des chansons quand elle lui en a réclamé avant d’enregistrer The End. C’est aussi John Cale qui a rendu le plus d’hommages à Nico après sa mort, par le biais de reprises, d’écrits, de témoignages, de spectacles, de musiques de ballet et de films pour Garrel… C’est lui, n’en doutons pas, qui a le mieux transposé artistiquement l’amour qu’il a peut-­être ressenti pour elle. Nico ne disait elle pas en 1985 que John et elle s’entendaient si bien qu’ils auraient dû se marier ?

Retrouvez cette interview sur le site toutelaculture.com

Antoine Couder
Toute la Culture 16 avril 2016

- Deux facettes d'une même décennie : Nico et Karen Dalton // Interview croisée

D’un côté, il y a Karen Dalton. Une chanteuse folk ayant façonné la légende du Greenwich Village au début des années 1960 et dont Bob Dylan a dit le plus grand bien dans le premier volume de ses Chronicles. De l’autre, il y a Nico. Muse sexy du grand méchant Lou et icône fantomatique du Chelsea Hotel. À elles seules, et selon deux périodes bien distinctes, ces deux artistes, vont proposer deux visages relativement différents des années 1960. Alors que sort Karen Dalton, le souvenir des montagnes chez Camion Blanc et Nico, femme fatale aux éditions Le Mot et le Reste, on est allé demander aux auteurs, Pierre Lemarchand et Serge Féray, ce qui pouvait bien réunir ces deux femmes, intransigeantes et singulières.

Noisey : Pourquoi avez-vous choisi de réaliser un livre spécialement sur Karen Dalton et Nico ?
Serge Féray : Il y a trente ans que j’écris sur Nico. J’ai toujours été frappé par l’injustice du traitement qui lui est réservé dans la presse rock, où elle n’est présentée la plupart du temps que comme la « chanteuse » du Velvet, alors qu’elle n’a enregistré que trois chansons avec le groupe de Lou Reed, et que sa discographie solo est bien plus originale, bien plus riche que ces trois titres. J’avais déjà publié, de manière relativement confidentielle, un premier essai sur elle il y a vingt ans, et j’avais de nouvelles choses à dire sur son œuvre et sur sa vie.

Pierre Lemarchand : Pour ma part, c’est mon premier livre et celui-ci découle directement de ma découverte de la musique de Karen Dalton dans un article de Stéphane Deschamps dans les Inrocks. C’était au moment de la réédition de son premier album et je suis tombé à la renverse en entendant sa musique. Ce qui m’a très vite fasciné, c’était que Karen était une artiste méconnue, voire inconnue, et la majorité des infos la concernant étaient fausses. Ce côté mythique m’intriguait. Du coup, j’ai commencé à accumuler beaucoup de documentation, comme ça, sans m’en rendre compte. Je suis entré en contact avec des personnes qui lui avaient survécu et j’ai fini par comprendre que j’avais assez de matière pour en faire un livre.

Selon vous, qu’est-ce qui caractérise ces deux artistes ?
Pierre : Karen ne faisait pas du folk parce que c’était la mode au début des années 60. Elle faisait cela parce que c’était son langage premier, ce qu’elle a toujours connu. C’est aussi pour ça qu’elle quelques crises d’angoisse lorsqu’elle devait donner des concerts. Selon elle, ça gommer la spontanéité et la sincérité d’une musique jouée dans une même pièce par une petite communauté de musiciens.

Serge : Ce qui caractérise Nico ? Artistiquement, une sensibilité unique, une vision qu’elle s’est donnée les moyens de transcrire en rejetant tout cliché, se choisissant un instrument pratiquement inédit dans le rock, en inventant des mélodies conjuguant folklore et atonalité, pour chanter des poèmes cryptiques puisant leurs sources dans les romantismes allemand et anglais. Psychologiquement, une grande détresse sublimée dans une attirance morbide pour l’abîme, pour ce que Michaux appelait la connaissance par les gouffres, une Todessehnsucht d’une intensité rare, qui l’a menée à sa perte mais lui a permis de construire une œuvre incomparable, dont nous n’avons pas fini d’explorer toute la richesse.

Retrouvez l’intégralité de cette interview croisée sur le site noisey.vice.com

Maxime Delcourt
Noisey-Vice 14 avril 2016

- Serge Féray en interview

Ellen Ichters s’entretient avec l’auteur Serge Féray au sujet de son livre “Nico. Femme Fatale” paru aux éditions Le mot et le reste.

Retrouvez le podcast de l’emission sur le site de Couleur 3

Ellen Ichters
Couleur 3 // pl3in le poste 07 avril 2016

- Nico. Femme fatale

Au moment où la Philarmonia de Paris revient sur la carrière du Velvet Underground, Serge Féray auquel nous devions déjà Nico in Camera (1997) publie ce Nico Femme Fatale qui apparait déjà comme la biographie ultime en langue française de Christa Päffgen. Celle qui se révéla au monde comme frontwoman du Velvet eut plusieurs vies dans lesquelles elle se réinventa chaque fois faisant trace souvent au péril de sa vie. Que doit-on retenir du parcours de “la plus belle femme du monde” comme l’affirmait Andy Wahrol ? L’égérie collectionneuse d’hommes extraordinaires – sorte de Carla Bruni avant la lettre ! – vue aux bras de Dylan, Brian Jones, Morrison, Delon (dont elle aura un fils Ari que l’acteur ne reconnaitra jamais) ou Iggy Pop ; l’artiste underground qui, du Velvet à ses derniers albums, proposa sans cesse une musique et des textes en décalage des modes et des tendances – des apparitions blanches du Velvet aux concerts liturgiques seule à l’harmonium en passant par les prestations rock crépusculaires et droguées des dernières années ; le personnage extrême, blessé dès son plus jeune âge par un viol, qui se qualifiait d’anarchiste nazi et ne cachait pas son rejet des Noirs (son violeur l’était…) vivant sous l’emprise de l’héroïne qu’elle consommait avec son compagnon (le cinéaste Philippe Garrel) et son propre fils l’obligeant à tourner dans des conditions précaires pour satisfaire son addiction. Difficile de faire le tri tant la Chelsea Girl marqua chacune de ces postures. Le livre, à l’instar des parutions de cette collection, parcourt la biographie de l’artiste en l’émaillant du décryptage de ses albums (et de ses films moins indispensables…) qui se découvrent sous la plume de Féray beaucoup plus importants que l’idée qu’on en garde. L’auteur ressuscite avec brio une artiste maudite, talentueuse, souvent déterminée mais fatale… particulièrement à elle-même.

Retrouvez cette chronique sur le site lesobsedestextuels.coménements-Biographies-Malades

Les Obsédés Textuels 13 avril 2016

- Nico. Femme fatale

Le Velvet n’aurait sans doute pas été le même sans la présence de cette femme fatale, comme l’indique si justement le titre. La mode, le cinéma, la musique, les goths et Alain Delon non plus, assurément. Nous avions déjà eu un aperçu intime de la vie tragique de cette légende à travers l’autobiographie saisissante de son fils Ari (L’amour n’oublie jamais), il nous manquait un versant plus désincarné, pour savoir ce qu’elle recelait véritablement et pourquoi son parcours est passé du glamour au sordide. C’est aujourd’hui chose faite grâce à Serge Féray, dont le style romanesque et empathique nous rapproche à chaque page un peu plus de la femme fragile qu’était Nico. Il commence son récit dans les rues de Berlin, là où tout a commencé et où tout finira pour elle, qui aime tant « l’image de l’empire déchu » de son pays et de sa propre existence, cet autre champ de bataille. Néanmoins, Féray réussit à se concentrer sur l’essentiel : l’art et l’héritage de la chanteuse, sans jamais pencher du côté pathétique que la vie peut revêtir par moments.

Retrouvez cette chronique sur le site silence-is-sexy.com

François Girodineau
Silence is sexy 6 avril 2016

- Nico. Femme fatale

Jean Rouzaud parle du livre de Serge Féray dans le Nova Club de David Blot.

Pour écouter cette chronique, c’est à partir de 8,50min en cliquant sur ce lien

Jean Rouzaud
Novaplanet.com 31 mars 2016

- Tout savoir sur le Velvet Underground

Un style un peu fleuri et une évidente fascination pour son sujet ne nuisent pas. Une toute nouvelle bio, très documentée, sur l’ex-mannequin allemande brièvement propulsée au sein du Velvet Underground, puis devenue musicienne culte, glaçante et fascinante. Une femme torturée, dont la vie est un sombre roman, décédée en 1988 dans un accident de vélo à Ibiza, l’île dont elle était tombée sous le charme dès le début des années 1960.

Niveau de fan requis : 3/5
Retrouvez cette chronique sur le site de Ouest-France

Philippe Richard
Ouest-France 31 mar 2016

- L’univers du Velvet Underground à la Philarmonie de Paris

Plusieurs livres accompagnent le 50ème anniversaire du célèbre “album à la banane”, qui suscite, au Musée de la Musique du 30 mars au 21 août, une exposition “immersive” retraçant le parcours du mythique groupe de rock américain, The Velvet Underground.

“Comment un groupe boudé par le succès durant sa brève existence (1965–1970) s’est il progressivement révélé jusqu’à devenir la légende rock par excellence ?” C’est à cette question que se propose de répondre l’exposition “The Velvet Underground – New York Extravaganza” qui s’ouvre mercredi 30 mars, et jusqu’au 21 août, à la Philharmonie de Paris. Pour ce faire, le Musée de la Musique propose aux visiteurs un parcours en six étapes, autant chronologique que thématique, permettant d’appréhender l’univers d’un groupe mais aussi d’une époque. Une exposition immersive tant elle s’appuie sur de multiples supports : photos, musique, films, œuvres d’artistes contemporains, archives télévisuelles, etc.

Pour accompagner cet événement et pousser plus loin l’immersion, plusieurs livres permettent aux fans comme aux néophytes d’appréhender les multiples facettes du groupe. Le très beau catalogue de l’exposition est une coédition La Découverte-Dominique Carré-Philharmonie de Paris, signée par ses deux commissaires, Christian Fevret et Carole Mirabello. En librairie depuis le 24 mars, il sera suivi d’une version album disponible le 14 avril.

Chez Actes Sud, avec The Velvet underground, Philippe Azoury et Joseph Ghosn, signent une histoire du groupe qui se mêle à celle du New York des années 60, parue le 26 mars. C’est sur la personnalité d’une de ses figures emblématique que se concentre Philippe Margotin dans Lou Reed et le Velvet underground, un beau livre richement illustré prévu le 20 mai chez Chronique.

Deux ouvrages ont par ailleurs été consacrés au groupe par les éditions Le Mot et le reste : la réédition, en novembre 2015, de White light, white heat : le Velvet Underground au jour le jour de Richie Unterberger, biographie parue initialement en 2012 mais épuisée depuis lors ; et Nico : femme fatale, en librairie depuis le 19 février, un portrait de la chanteuse du Velvet Underground que l’auteur, Serge Féray, a plusieurs fois rencontré avant sa mort.

Retrouvez cet article sur le site Livreshebdo.fr

Pauline Leduc
Livreshebdo.fr 29 mars 2016

- Livre du mois

L’équipe de Easy Rider vous parle de bandes-dessinées, de bière et de livres dont celui de Serge Féray.

À réécouter ICI

Olivier Valerio
Radio P.FM // Easy Rider 13 mars 2016

- Nico, inusable icône

Dans une biographie détaillée et analytique, Serge Féray nous raconte les scintillements et les ombres de Christa Päffgen, la future NICO, enfant de la guerre, top model en Allemagne, future Star de l’Underground…

Son aura , son physique de Valkyrie va d’abord attirer l’œil en Europe. Federico Fellini lui demande de jouer dans sa Dolce vita, Paris lui offre un autre film et un essai de disque, Gainsbourg la croise… C’est Nico Papatakis* qui la baptise de son prénom, Brian Jones (Stones) et Andrew Loog Oldham la produisent sur vinyle.

L’Amérique va la révéler, Bob Dylan va l’inspirer, Jim Morrisson l’aimer, puis Iggy Pop et les Stooges l’auront pour groupie…( on raconte qu’elle tricotait pendant les sessions de Raw Power). Andy Warhol en fait la star de la Factory, puis la chanteuse du Velvet Underground. Un tourbillon ascensionnel !

Malgré ces succès répétés, déjà son originalité, son indépendance et ses exigences la conduisent ailleurs. Lassé de l’Amérique et du rock, elle ne gardera que JOHN CALE , le gallois du Velvet, féru comme elle de musique savante, orientale et médiévale ! Il va contribuer à faire d’elle l’auteur et interprète d’une œuvre musicale à part.

Elle était partout à la fois, et ou il fallait être dans la Jet Set Pop des sixties et chaque fois les stars flashaient sur elle. (Elle aura un enfant de Alain Delon, Ari, qu’il ne reconnaitra pas).

À l’aube des années 1970 elle a 30 ans, et elle engendre déjà un culte. Philippe Garrel, – comme Warhol avec Chelsea Girls ou _Imitation of Christ_–, ne va cesser de la filmer. Des heures de pellicule ou elle ne joue qu’elle-même.

Avec Garrel , La Cicatrice intérieure_, Le Berceau de cristal sont des odes à sa présence, filmés dans des déserts ou des bouts du monde, véritable trips d’acide esthétisants, accompagnés par sa voix grave de Diva germanique…

[…]

Lisez l’intégralité de la chronique sur Novaplanet.fr

Jean Rouzaud
Novaplanet 14 mars 2016

- Litt List : 10 histoires de style

Blonde, puis rousse, parfois brune. Peu loquace, élancée, le visage parfait et la voix grave. Un regard triste, lointain… Personne n’a pu oublier l’actrice et chanteuse allemande, qui a irradié des films comme La dolce vita, et, surtout, fait du premier album du Velvet Underground, le fameux ”à la banane” un concentré de sensualité désespérée et vénéneuse. Elle est née Christa Päffgen le 16 octobre 1938. Issu d’une famille aisée de Cologne, son père divorce de sa mère avant son arrivée afin de mettre court à la mésalliance… Le début d’une longue série de déceptions. Trente ans plus tard, c’est la reine de la scène arty de New York, la chouchoute d’Andy Warhol. Parmi ses amants : Bob Dylan, Jim Morrison, Lou Reed, Philippe Garrel ou Alain Delon, qui ne reconnaîtra jamais leur fils Ari. En juillet, elle meurt d’une insolation à Ibiza. Avec cette biographie précise et passionnante, Serge Feray nous fait aimer plus encore cette “Femme Fatale”.

Retrouvez la liste proposée par Sophie Rosemont sur le site de Glamour

Sophie Rosemont
Glamour.fr 1 mars 2016
Réalisation : William Dodé - www.flibuste.net - Mentions légales