Parution : 14/04/2016
ISBN : 9782360542017
176 pages (148 x 210)

17.00 €

Passages

Cela fait trois heures que l’on parle ainsi
Dans la cuisine
Personne n’allume la lumière
On ne doit plus pouvoir se voir
On ne peut plus se voir
(Je suis très mal assis)

Pour meubler son trajet de métro quotidien, Pascal Bouaziz s’offre un jour un recueil de haïkus, Natsume Sôseki, Kenshin Sumitaku, Kobayashi Issa, Masaoka Chiki : il n’en reviendra pas. Passages, le livre témoin de cette période, en porte la trace marquante. Inspiré par leur liberté, l’auteur en propose sa version : humour noir, débris de souvenir, petite morale désespérée. Au fil d’une centaine de formes brèves, un couple se brise, une histoire prend fin et la lumière disparaît avant de renaître timidement au contact d’une nouvelle rencontre et une année s’écoule, en trois « passages ». Comment écrire un haïku, un tanka en français aujourd’hui ? Ces vieilles formes ont déjà été bousculées et réinventées au XXe siècle par toute une génération de poètes qui, s’éloignant des codes contraignants, n’ont voulu en garder que l’esprit, la vitesse, la force, la fulgurance et c’est dans cette lignée que s’inscrit le recueil incisif de Pascal Bouaziz.

En parallèle de la sortie de Passages, Pascal Bouaziz a composé son premier disque solo Haïkus.
Entre les deux objets, la résonance est forte et les textes, souvent, se retrouvent et se croisent.
Vous pouvez découvrir l’univers de Haïkus et pré-commander le disque sur le site de Ici d’ailleurs…

Lire un extrait

Revue de presse

- Passages Alexis Alvarez Culture, journal de l'université de Liège 22 juin 2016
- Passages (en force) pour Pascal Bouaziz Karine Grouhel Gonzaï 15 juin 2016
- Interview de Pascal Bouaziz - "Les gens trop bien assis sont dangereux" Nicolas Clément Focus Vif 7 juin 2016

- Passages

Tête pensante de Mendelson et Bruit Noir, deux des projets les plus excitants de la scène rock hexagonale, Pascal Bouaziz signe avec Passages son entrée en poésie. Une poésie à l’image des textes de ses chansons : lapidaire, péremptoire et presque vénéneuse.

La forme ramassée, proche du haïku, distille une souffrance nue, celle du deuil amoureux : d’abord un choc, qui plonge dans l’hébétude (Gestes amputés/ Mots blanchis/ Langue coupée/ Tête pourrie/ À nettoyer de l’intérieur), ensuite l’apathie (Être moi/ Moins souvent/ Je passerais bien ma vie/ À mi-temps). Pour parer les coups, Bouaziz dégaine sa misanthropie presque proverbiale: Une fourmi/ Il est simple de savoir à quoi elle sert : ça se voit/ Mais toi ?/ Accrochée à ton téléphone. C’est dans ce registre ironique et délicieusement désabusé qu’il excelle, et qu’on jubile. Au zoo avec mon fils/ Je regarde les gens/ Quelle espèce.

Petit à petit, à mesure qu’on avance dans le livre, le ton s’éclaircit (Maintenant tu sais/ C’est bête à dire/ Mais je suis mieux), à la faveur d’une nouvelle rencontre (Je me laisse aller avec toi/ Tu me ferais presque croire/ En l’être humain). Tout en retenue, le texte laisse place sur la fin à un peu de lyrisme (Excuse-moi/ Je ne t’écoute plus/ J’enregistre des souvenirs), salutaire au terme d’une traversée secouée.

Notons pour terminer que la parution du livre s’accompagne d’un excellent disque (logiquement) intitulé Haïkus, sur le label Ici d’Ailleurs.

Lire la chronique sur le site du magazine de l’université de Liège

Alexis Alvarez
Culture, journal de l'université de Liège 22 juin 2016

- Passages (en force) pour Pascal Bouaziz

Dans son recueil ’Passages’ paru aux Éditions du Mot et le reste, Pascal Bouaziz s’inspire de la lecture d’Haïku pour filer des kicks à la neurasthénie. Résultat de kilomètres de métro quotidiennement avalés pour se rendre à son vrai boulot, le livre est cette alternative poétique à Candy Crush Saga qui devrait ravir le misanthrope qui sommeille en vous sur la ligne 13.
Comme avec Mendelson ou encore son projet Bruit Noir, Pascal Bouaziz manie le verbe avec simplicité et incision pour déployer ses états d’âme et étouffer avec force l’allégresse. Entrer dans un morceau comme dans un livre de Bouaziz, c’est retrouver la brutalité de l’impuissance et de l’absurde avec son habituel humour noir et son sarcasme. Extraits :

« Bizarre
Aucun syndicat n’a jamais réclamé
Le droit à l’hibernation »

« Le nombre de fois où tu croyais que je te méprisais
Alors que je pensais tout simplement
à autre chose »

« Sur la route
Je fais toujours attention aux motards
Ce n’est pas tellement eux que je protège
Je ne pourrai pas supporter un gramme en plus
De culpabilité »

Lire la chronique sur le site de Gonzaï

Karine Grouhel
Gonzaï 15 juin 2016

- Interview de Pascal Bouaziz - "Les gens trop bien assis sont dangereux"

Après une échappée grinçante et en tandem sous le nom de Bruit Noir, le chanteur lettré et faussement misanthrope de Mendelson publie un recueil de haïkus doublé d’un premier disque solo. Avant un album de reprises très personnelles de son groupe aussi culte qu’éhontément infréquenté attendu pour la rentrée. 2016, l’année Pascal Bouaziz.

Laissez la prose de Pascal Bouaziz infiltrer un jour les recoins les plus impénétrables de votre quotidien et vous trouverez là le compagnon de toute une vie. Pas moins. Depuis plus de 20 ans, il est sans doute en effet le secret le mieux gardé de ce que l’on a un peu paresseusement appelé, au mitan des années 90 et dans la foulée des tout premiers disques de Dominique A, la “nouvelle scène française”. Alors compagnon de label, chez Lithium, du Nantais, mais aussi de Diabologum, Françoiz Breut, Jérôme Minière ou Bertrand Betsch, Bouaziz pose avec son groupe, Mendelson, les bases d’une musique inconfortable et radicale qui se donne comme horizon des sujets malaimés, difficiles et d’évidence fort peu arpentés dans le paysage résolument attentiste de la chanson: le poids de l’existence, la dureté du travail, l’aliénation, la honte, le désamour, l’ennui, l’échec, les ratés, les résidus frustes de souvenirs blessés arrosés d’humour noir et d’une implacable lucidité. Comme dans ce petit Himalaya “tudesque”, ou presque, qui intervient en 2007: 1983 (Barbara), flambée de désespérance crève-coeur à la fulgurance sans doute jamais égalée dans l’histoire récente de la chanson française.

Au fond, ce fan transi de Pialat pratique la chanson du réel comme d’autres le cinéma du réel. Avec lui, chaque disque est une nouvelle proposition. Il n’y a pas de système Pascal Bouaziz. “Tu me ferais presque croire en l’être humain”, chante-t-il ainsi aujourd’hui dans un splendide élan de renaissance à lui-même sur son premier disque solo, Haïkus, objet frère d’un recueil de haïkus, Passages, qu’il publie chez Le mot et le reste et qui chronique en jaillissements parfois cruels, toujours vivaces, la fin d’une histoire, puis le début de quelque chose.
Autant de bonnes raisons pour aller rendre visite à l’animal dans sa tanière un après-midi d’avril. Au pied de son appartement du XXe arrondissement, la sonnette indique sobrement “Monsieur Bouaziz”. “On va prendre un café?” Certes. Puis la conversation, passionnée, se prolonge au parc. Morceaux choisis.

Chaque jour, tu prends le métro pour aller travailler. Et c’est là qu’un matin, tu te piques de curiosité pour la forme poétique du haïku…

Oui, sur le cinquième album de Mendelson, en 2013, il y avait cette chanson-fleuve qui s’intitule Les Heures et que j’ai mis plusieurs années à écrire. Avec ces 54 minutes de texte ininterrompu, j’ai vraiment eu le sentiment d’aller au bout de quelque chose en termes d’écriture. A la sortie du disque, j’ai ressenti une espèce de vide et j’ai pensé: “Qu’est-ce que je vais faire à présent?” Ecrire un autre texte de 58 minutes, ça n’avait aucun sens. Alors, par esprit de contradiction et dans l’idée de me trouver une nouvelle rampe de lancement, je me suis dit qu’il fallait que j’aille vers le plus court possible. Le déclic est venu d’un bouquin du Japonais Natsume Sôseki où le récit de sa propre convalescence est traversé de surgissements poétiques très soudains. Il raconte par exemple qu’il s’est levé, qu’il a eu une nuit atroce et puis, pouf, il se fend d’un poème comme tombé du ciel, avec tous les effets de fulgurance, de saisissement et de beauté que cela suppose. C’est là que je voulais aller. Je ne vis pas de ma musique. Je prends le métro deux heures par jour pour le boulot, une heure le matin et une autre le soir, avec mon petit carnet: la contrainte de vie trouvait là une contrainte formelle d’écriture idoine. L’idée du haïku, au départ, c’est une saison, un état d’esprit et une sorte de retournement, de petite surprise. Je voulais raconter tout autant qu’en 54 minutes, mais en trois lignes. Ou, pour la version chanson, en 1 minute 30.

[…]

Découvrez l’intégralité de l’interview sur le site de Focus Vif

Nicolas Clément
Focus Vif 7 juin 2016
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