Parution : 03/06/2019
ISBN : 9782361390068
96 pages (11 x 17,6 cm)

3.00 €

Le paradis à reconquérir

La nature procure déjà à celui qui accepte d’être servi par elle tous les usages que la science met lentement au point et cela à une plus grande échelle.
traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicole Mallet

introduction, postface et notes de Michel Granger
Ironiquement intitulé Le paradis à reconquérir, ce texte est une recension du livre de John A Etzler The Paradise within the Reach of all Men dans laquelle Thoreau critique l’utopie technique de l’auteur en y déplorant l’extravagance et l’antihumanisme. Selon Etzler, les machines dompteront bientôt les forces de la nature pour rendre possible le bonheur de tous ; or, rien n’est plus éloigné de l’idéal de vie naturelle du jeune Thoreau. Cet article anticipateur au ton acerbe n’est pas sans rapport avec les critiques actuelles de la technoscience et de l’ingénierie du climat et propose une réflexion pertinente pour notre temps.

Revue de presse

- Le paradis à reconquérir Noé Gaillard Daily Passions 26 septembre 2019
- Le paradis à reconquérir Didier Ayres La cause littéraire 3 juillet 2019

- Le paradis à reconquérir

Si j’étais quelque part ministre de l’éducation, j’exigerais sur le champ que ce petit livre soit au programme de cours soit de physique, soit de sciences de la vie de la Terre, qu’il donne lieu à des exposés d’élèves et que les professeurs sachent démontrer l’absurdité de certains propos qui y sont révélés. Je ne vous présente plus Thoreau, vous n’avez qu’à rechercher mes chroniques à son propos. Là, entre l’introduction, les notes et la postface de Michel Granger, nous avons droit à un texte court qui est une recension de livre. Le texte de Thoreau « analyse » cite et commente un livre de John Adolphus Etzler paru en 1833 et réédité en 1842. Je vais faire un anachronisme pour parler du livre d’Etzler. Ce monsieur se propose de « terraformer » notre planète. De la rendre propre à notre consommation, d’en faire un paradis. Pour cela il prétend utiliser les énergies que la terre elle-même nous dispense : vent, marée, etc. Il imagine des machines capables d’araser des sols, de transplanter de la terre arable et de faire pousser des récoltes là où il n’y avait rien, il imagine de construire des îles pour échapper à l’hiver. Comment ?

[…]

Bien sûr, Thoreau, l’homme de la nature, a beau jeu de démontrer l’inanité de cette « fabrication » de ce qui existe déjà. Et de se moquer des prétentions d’Etzler à vouloir régenter le monde et ses habitants. On me permettra de regretter qu’aujourd’hui les moyens techniques autorisent presque (?) l’homme à faire ce qu’il veut de la planète. On peut penser que Thoreau est un doux rêveur mais je crois qu’en ce cas on commet une erreur grossière. Thoreau ne rêve pas, il mesure et apprivoise la nature pour s’y intégrer et non pour « en vivre » mais vivre avec.

A lire absolument et cela d’autant plus que le rapport prix-qualité intellectuelle du livre est ce qui se fait de mieux sur le marché.

Bonne lecture.

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Noé Gaillard
Daily Passions 26 septembre 2019

- Le paradis à reconquérir

C’est à une certaine expérience de lecture que nous convie ce petit livre de Thoreau que publient les éditions Le Mot et le Reste. Intéressante expérience dans la mesure où cet ouvrage nous permet d’étendre notre connaissance du philosophe et poète américain. Intéressante aussi car le livre est un texte qui sert un texte, dernier texte lui-même qui lui aussi augmente en valeur un autre livre. Ainsi, nous avons là une préface à un livre qui s’inspire de la philosophie de Charles Fourier. Cette littérature à étage nous fournit un Thoreau jeune et altier, écrivain qui pressent peut-être son utopie, et son livre Walden. Donc, j’ai vu ici une sorte de proposition visionnaire, le travail d’approche à la fois de la lecture – de ce livre de J.A. Etzler que préface Thoreau – et de l’écriture – car l’auteur américain semble essayer sa langue, chercher sa matière.
Cela dit, il faut quand même que j’en vienne au sujet propre du livre, qui est un éclairage sur des thèmes d’une contemporanéité stupéfiante. On voit le philosophe débattre des énergies renouvelables, de la protection de la nature, de l’avenir de l’homme, ou encore discuter des modes de transport, allégations qui confinent à des paramètres de la postmodernité ; ainsi on a bel et bien une lecture au carré, vision moderne d’une postmodernité qui va avoir à affronter ces questions.
Nous n’avons pas idée de ce que nous pourrions faire pour améliorer notre rapport à la nature inanimée ; de quelle bonté et de quel raffinement de courtoisie il nous faudrait faire preuve.
Il y a certaines activités qui, sans être totalement poétiques et justes, proposent au moins une relation plus belle et plus noble avec la nature que celle que nous connaissons.
De plus, au regard de l’intelligence du poète de la nature, qui en un sens rappelle le philosophe français Alain, pensée pleine et positive, on voit que la relation à la nature est sujette à une sorte d’urgence – urgence qui se prête bien à notre siècle d’aujourd’hui, tétanisé par des phénomènes résumés par le concept d’anthropocène. Et que l’homme soit, à l’image de Hobbes, un loup pour son espèce, l’homme que détoure cette préface reste un homme de grande conscience et de grande lucidité.
Le jour viendra où la volonté de l’homme régira les lois du monde physique ; l’homme ne sera plus contraint par diverses abstractions : temps et espace, hauteur et profondeur, poids et dureté. Il sera en vérité le seigneur de la création.

La chronique intégrale sur La cause littéraire

Didier Ayres
La cause littéraire 3 juillet 2019
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