Parution : 16/03/2017
ISBN : 9782360542697
80 pages (14,8 x 21 cm)

10.00 €

Demain c’est le beau monde

Un texte dense sur le partage, l’amour et la (re)découverte face à la maladie et à l’oubli.
« Demain c’est le beau monde, nous allons partir tous les deux sur les routes comme avant. Longer les lacs, les rivières, regarder le ciel comme celui qui nous troublait certaines nuits. Je suis émue à cette idée. Tu m’as appris à voir. Si tu pouvais, tu me dirais qu’une histoire, ça ne se raconte pas par la fin. » Confrontée à la maladie qui emporte doucement l’homme qui a partagé sa vie, une femme part sur les routes qu’elle a autrefois empruntées avec lui. Elle s’offre une ultime tentative de renouer avec les souvenirs en suivant la trace d’un passé qui tend à disparaître. Une escapade dans leurs souvenirs, qu’elle lui dédie, dans l’espoir illusoire mais nécessaire qu’à travers elle il pourra assembler les bribes de sa mémoire et lutter, encore un peu, contre la fugue de son esprit.

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Revue de presse

- Demain c'est le beau monde Brigitte Aubonnet Encres vagabondes 10 avril 2017

- Demain c'est le beau monde

Une femme dont le compagnon perd la mémoire – tout leur passé commun s’efface pour lui de jour en jour – est partie seule sur les traces de leurs souvenirs, des lieux où ils se sont aimés pour tenter de survivre à l’angoisse de l’avenir. Il est toujours là mais il ne parle plus, il ne sait plus, il perd ses mots, ses gestes, ses liens au monde : « Au début de ton silence, tu avais punaisé une phrase, dans le couloir d’entrée, une ligne d’un poème de Paul Éluard. “Je fête l’essentiel, je fête ta présence.” Quelques mots sauvés avant la haute mer, le naufrage promis. Le poème dit aussi que rien n’est passé, la vie a des feuilles nouvelles. Ma promenade n’est pas une épreuve, une preuve plutôt de ce qui a vécu et ce qui peut se présenter à nous, durer encore un peu. Une poignée de saisons avant que mes cheveux ne se teintent d’argent et de neige, que ta voix et tes mots ne soient plus qu’une suite de sons où il manque l’essentiel, le sens. Sens et justesse des mots. »

Elle l’a laissé quelques jours dans une maison médicalisée pour tenter de reconstituer un peu d’énergie face au désastre qui les attend. Elle retrouve une amie ainsi que son professeur de violoncelle, instrument de musique qui l’accompagne toujours. La nature lui permet de jouer dans la sérénité et l’harmonie du lieu : « J’ai écouté les sifflements des oiseaux, les cris des corbeaux ou des corneilles. Pour les accompagner, j’ai sorti le violoncelle que j’ai emporté dans le coffre de la voiture. Avec eux et pour nous, j’ai joué, le temps qu’a duré le miracle. Sans toi, je vais continuer à regarder le ciel, me battre contre ta mémoire mitée sans que tu n’y puisses rien. Au début, elle s’est faite capricieuse, puis elle s’est éloignée, comme s’en vont les mots. L’air et les pages deviennent vides de sens. Quand il n’y a plus de voix, il n’y a plus de langue. »

La lecture est aussi présente que la musique : « Lire, c’était ton bonheur autant que la musique. » De nombreuses références littéraires enrichissent le texte.

C’est un superbe poème d’amour pour l’être aimé qui se retire du monde peu à peu au fur et à mesure de l’évolution de la maladie qui engloutit sa mémoire et ne laisse qu’un corps vidé de toute la richesse qui l’a constitué.

Cette prose poétique relate un moment de répit qui permet à l’héroïne de se ressourcer. C’est beau et terrifiant d’accompagner ces instants d’amour et de tendresse où cette femme demeure seule dans la nostalgie de ce qu’elle a vécu avec son compagnon.

Retrouvez cette chronique sur le site d’Encres Vagabondes

Brigitte Aubonnet
Encres vagabondes 10 avril 2017
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