Revue de presse
Steven Jezo-Vannier était l’invité du jour de Chrystelle André dans son émission culturelle (tous les jours, du lundi au vendredi, de 9h à 12h).
“Dans les seventies, en France, la presse underground explose dans le sillage de mai 68.
Interview de Steven Jezo-Vannier, auteur de “Presse parallèle” chez l’éditeur marseillais Le Mot et le Reste. Sauvage, alternatif, révolutionnaire!”
Prix Arthur Cravan
Presse parallèle, de Steven Jezo-Vannier, Le Mot et le reste. Par le frigousseur du formidable San Francisco, l’utopie libertaire des sixties (Le Mot et le reste aussi), la radiographie festive de « la contre-culture en France dans les années 1970 » appelant à l’émancipation, à la mutinerie, à l’explosion des différences, à la fédération des énergies des marges. Parmi les super-héros de l’aventure : Hara-Kiri, L’Idiot international, Le torchon brûle, La Gueule ouverte, Le Sauvage, Le Parapluie, Zinc, Tout et, bien sûr, L’Enragé de Siné qui ouvrit le feu : « Nous ne sommes ni étudiants ni ouvriers ni paysans mais nous tenons à apporter notre pavé à toutes leurs barricades. »
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Spécialiste de la contre-culture outre atlantique, l’auteur a publié un ouvrage sur San Francisco comme symbole de la rupture culturelle aux Etats-Unis. Il s’attaque aujourd’hui à son homologue française. Il présente un panorama général de la presse française publiée dans la foulée de mai 1968, proposant donc sous une forme de catalogue les différents journaux ayant participé de cette volonté de rupture avec les normes établies. En tant que catalogue, l’ouvrage est intéressant par les monographies présentées, les généalogies rappelées et les découpages effectués. Si parfois la construction historique ne convient pas parfaitement et bien que l’empathie affichée entache quelque peu la lecture, il n’en demeure pas moins que Steven Jezo-Vannier a construit un outil utile pour appréhender les différentes évolutions de cette presse underground.
L’OURS – L’Office universitaire de recherche socialiste
Les sixties & seventies, âge d’or d’une presse hexagonale libre, intelligente et méchamment irrévérencieuse blablabla, Actuel blablabla, vaches sacrées blablabla, ce journal est un pavé… Yep, c’est lu et relu, battu et rebattu. Pourtant, derrière le poncif se cache une réalité souvent méconnue. Et à trop ramener la période à quelques figures tutélaires un tantinet momifiées (Hara-Kiri et Choron, L’Enragé et Siné, Actuel et Bizot), on passe à côté des composantes essentielles dudit âge d’or : diversité, vitalité et virulence généralisées.
Dans un paysage médiatique contemporain largement dominé (en matière de presse papier, en tout cas) par un journalisme de révérence, mou et fade comme une endive, il est toujours utile (et un peu triste) de rappeler qu’un autre rapport à la presse a existé, que cette dernière était massivement distribuée (en comparaison des journaux dissidents contemporains) et que cette réappropriation de la parole n’était pas uniquement le fait de quelques locomotives isolées mais l’expression d’une époque (plus) enflammée.
C’est là tout l’intérêt du très récent livre de Steven Jezo-Vannier, Presse parallèle, la contre-culture en France dans les années 1970, publié aux éditions Le Mot et le reste1, qui livre un panorama détaillé et vivant des différents acteurs de l’explosion d’une presse libre en France. Tout, Le Parapluie, Zinc, Le Torchon brûle, La Gueule ouverte, Le Petit Mickey qui n’a pas peur des gros, Interaction, Sauvage… une myriade de titres, en grande partie éphémères, ouverts à des thématiques diverses (féminisme, écologie politique, bande-dessinée, rock, sexualité), mais se retrouvant dans une même pratique de la presse : libre, urgente et débridée.
(reprise de l’interview d’article XI)
Pour lire l’intégralité de l’article : OWNI
INTERVIEW FLEUVE DE STEVEN JEZO-VANNIER DANS ARTICLE 11, REJOUISSANT TITRE PARALLELE. EXTRAITS :
Soyons francs : il est à la fois réjouissant et un peu déprimant de se pencher sur l’histoire de la presse alternative dans les années 1970. C’est que le paysage médiatique actuel semble – en comparaison – terriblement morne. Retour sur une époque où les kiosques étaient explosifs – avec Steven Jezo-Vannier, auteur de Presse Parallèle, la contre-culture en France dans les années 1970.
Les sixties & seventies, âge d’or d’une presse hexagonale libre, intelligente et méchamment irrévérencieuse blablabla Actuel blablabla vaches sacrées blablabla ce journal est un pavé... Yep, c’est lu et relu, battu et rebattu. Pourtant, derrière le poncif se cache une réalité souvent méconnue. Et à trop ramener la période à quelques figures tutélaires un tantinet momifiées (Hara-Kiri et Choron, L’Enragé et Siné, Actuel et Bizot), on passe à côté des composantes essentielles dudit âge d’or : diversité, vitalité et virulence généralisées. Dans un paysage médiatique contemporain largement dominé (en matière de presse papier, en tout cas) par un journalisme de révérence, mou et fade comme une endive, il est toujours utile (et un peu triste) de rappeler qu’un autre rapport à la presse a existé, que cette dernière était massivement distribuée (en comparaison des journaux dissidents contemporains) et que cette réappropriation de la parole n’était pas uniquement le fait de quelques locomotives isolées mais l’expression d’une époque (plus) enflammée.
C’est là tout l’intérêt du très récent livre de Steven Jezo-Vannier, Presse parallèle, la contre-culture en France dans les années 1970, publié aux éditions Le Mot et le reste [1], qui livre un panorama détaillé et vivant des différents acteurs de l’explosion d’une presse libre en France. Tout, Le Parapluie, Zinc, Le Torchon brûle, La Gueule ouverte, Le Petit Mickey qui n’a pas peur des gros, Interaction, Sauvage… une myriade de titres, en grande partie éphémères, ouverts à des thématiques diverses (féminisme, écologie politique, bande-dessinée, rock, sexualité), mais se retrouvant dans une même pratique de la presse : libre, urgente et débridée [2].
ART. 11 : Derrière les titres emblématiques (Hara-Kiri, Actuel, L’Enragé), légendaires, on découvre dans votre ouvrage une foule de canards plus méconnus : Tout, Politicon, Le Parapluie, Geranonymo… Avec également une presse dissidente locale très active [3] et un nombre de fanzines impressionnant. Pourquoi une telle effervescence ? Et pourquoi n’a-t-elle pas tenu la distance ?
Il y a effectivement à cette époque énormément de titres, la plupart bien moins connus que Tout ou Le Parapluie [4] : quelques petites centaines de journaux, témoignages d’une effervescence rare, elle-même reflétant la diversité des voix libérées durant ces années. La fin des années soixante est marquée par le combat pour l’existence en tant qu’individualité propre, chacun affirmant son unicité. II y a évidemment une jeunesse unie et cohérente qui aspire à gagner en liberté et surtout en reconnaissance, mais cette jeunesse est tout sauf uniforme, elle revendique haut et fort son hétérogénéité. Le mouvement underground qui fait naître la presse parallèle affirme la pluralité de ses composantes. Chacun souhaite y faire entendre sa différence, sa sensibilité, et utilise la presse libre pour le faire, d’où la multiplicité des titres.
Avant le premier choc pétrolier, réaliser un journal est facile et peu onéreux : les modes de fabrication en série se sont extraordinairement démocratisés, et le prix du papier et des encres reste faible. D’ailleurs, lorsque la crise de 1973 entraîne une flambée des coûts de la matière première, plus d’un journal cesse de paraître.
Mais le fait que la presse parallèle ne soit pas parvenue à s’inscrire dans la durée résulte d’une combinaison de facteurs : à la hausse des prix, il faut ajouter que la plupart des titres ne sont pas rentables et ne cherchent pas nécessairement à l’être ; sur le plan financier, les journaux underground étaient voués à une existence cyclique. La quantité de titres est impressionnante sur toute la période, mais la plupart sont extrêmement éphémères et se limitent à une ou deux parutions. Des journaux meurent à un endroit, d’autres naissent ailleurs. Autre raison de poids : tous les jeunes qui font vivre cette presse sont tôt ou tard contraints d’effectuer leur service militaire, qui les éloigne du front de la contestation et de l’activité culturelle pendant un an (à partir de 1970). Enfin, et je pense que c’est là la raison majeure : les acteurs de la presse parallèle n’ont pas pour objectif de durer, à de rares exceptions près (en l’occurrence, Actuel et Hara-Kiri/Charlie, qui y sont parvenus grâce au professionnalisme). Une majorité souhaite simplement dire ce qu’elle a à dire, vivre une expérience avant de passer à autre chose. Le Parapluie s’est arrêté alors qu’il était parvenu à s’installer et s’affirmer à la proue du mouvement, avec une relative stabilité financière. Pour ses fondateurs, le tour de la question avait été fait.
Il faut bien comprendre également qu’une large partie des artisans de la presse parallèle cherchent à s’investir hors des sentiers battus. Cinq ans après 1968, la presse parallèle n’a plus rien de nouveau, elle ne représente plus un enjeu pour la liberté, elle fait partie des acquis. Elle est donc moins vivace.
(...)
Pour lire l’intégralité de l’article : ARTICLE 11
On se souvient de la une de Hara-Kiri hebdo lorsque le général de Gaulle meurt le 9 novembre 1970 : “Bal tragique à Colombey – 1 mort” titre alors le journal satirique. Ce crime de lèse-général vaudra à la publication du professeur Choron d’être interdite à la vente aux mineurs. Qu’importe ! Charlie hebdo lui succèdera. C’est l’un des rares rescapés d’une free press à la française sous de Gaulle et Pompidou dont Steven Jezo-Vannier retrace l’histoire avec rigueur et érudition.
Sous de Gaulle, le ministère de l’information contrôle la totalité de l’audiovisuel public. Mais dans cette “société rigide fondée sur l’ordre et la discipline”, tout le monde ne se tait pas. En 1958, l’Internationale Situationniste tirent la première suivie par des publications d’obédiences diverses : Clarté, Action, Vive la révolution. Malgré des points communs, la contre-culture française n’est pas l’américaine. La lutte contre la guerre d’Algérie et pour l’avortement la façonnent. Puis mai 68 libère les énergies et donne un coup de vieux aux idéologies dans un pays où les moins de vingt ans représentent un tiers de la population.
Précurseurs, Actuel et Rock et Folk sont vite suivis par Libération, L’Idiot International, L’Enragé, Tout !, Le Parapluie. Les femmes et les homosexuels s’émancipent avec Le Torchon brûle, L’Antinorm, Le Fléau social, la pop et le rock ont droit de cité avec Best, Le Pop, Extra, la BD voit naître Zinc, Fluide Glacial, L’Echo des savanes, l’écologie trouve dans La Gueule ouverte son premier organe. Tous participent de ce mouvement underground que Steven Jezo-Vannier analyse sans nostalgie, mais qui avertit : “La contre-culture des années 70 a bravé les interdits; aujourd’hui, il est temps de résister contre leur retour.”
Entre plusieurs morceaux de rock et une actu BD, Sex Pistols, l’aventure intérieure et Presse parallèle étaient les 2 livres de la semaine de l’émission Easy Rider.
Extrait : “Et puis un excellent bouquin aussi pour vous sur les plages cet été : Presse Parallèle de Steven Jezo-Vannier, qui avait déjà signé un San Francisco, l’utopie libertaire des sixties, également chez le mot et le reste. Alors ça raconte quoi ? ça raconte la contre-culture en France, dans les années 1970, la naissance de la presse parallèle sur les cendres de Mai 68, des titres les plus connus (Hara-Kiri, Libé...) aux moins connus (Le Sauvage…). On parle d’Actuel, bien sûr, et nous sommes, à radio PFM, un peu les enfants d’Actuel. C’est très, très bien fait (...).
Pour écouter l’intégralité de l’émission :