“Un roman fort, écrit d’une plume incandescente qui raconte la vie de personnages en proie à de douloureuses aventures intérieures et qui affrontent leurs démons en un huis clos fascinant.”
Alain Bosmans, Le Dauphiné libéré
Revue de presse
«Un roman à l’architecture qui tient debout»
André Bucher de Montfroc (26) vient de sortir son dernier roman chez Le mot et le reste. L’architecture de «Tordre la douleur» ressemble à un arbre et déploie les branches de son histoire
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La nature est un personnage à part entière et puissant dans vos romans. Quel rôle lui attribuezvous dans « Tordre la douleur » ?
Dans mon livre précédent « Un court instant de grâce » la nature était en danger à cause d’un projet de centrale à bio masse,mon roman était plus militant. Là, il se situe en 2018 mais j’anticipe la tempête de 2019, la forêt est menacée par les dégâts de la neige, et ses conséquences, sur les arbres. Pour moi, c’est intimement lié entre les êtres et les éléments naturels, je ne veux pas dissocier.
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Votre écriture si poétique donne de la chair aux éléments. D’où vous vient cette faculté de traduire les paysages ?
Étant installé depuis 1975 dans la vallée du Jabron, j’ai eu tout loisir de les parcourir en y vivant, travaillant, plantant… De ressentir aussi, et de développer l’imaginaire. J’écris dans la nature et non pas sur la nature. Je fais un gros travail sur les métaphores. Avec la nature, on peut sombrer dans les clichés, même Giono parfois, il faut faire très attention. C’est un travail contemplatif, sensoriel avec pour enjeu ensuite d’arriver à retransmettre.
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Comprenez-vous qu’on dise que vous êtes l’une des voix les plus singulières de la littératu re française ?
Ce n’est pas complètement faux, et c’est plutôt un compliment. Il faut se méfier des étiquettes, mais ce n’est pas simplement un argument éditorial ni du marketing, je ne le ressens pas comme ça. Et les lecteurs me disent qu’ils ne trouvent pas ailleurs des romans comme les miens, c’est la meilleure récompense.
Une interview parue dans La Tribune
Ce 10e roman d’André Bucher rompt avec les précédents, tout en gardant la prose poétique de l’auteur pour chanter la nature.
Le ton du livre est donné par le titre, renforcé par le tronc noueux de la couverture teintée de vert, et confirmé par le résumé de l’éditeur.
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Le destin de ces personnages va tisser des rencontres entre regrets et espoirs, douleur et résilience.
Cette fois-ci, André Bucher « descend de sa montagne » pour aborder la situation sociale et politique, égratignant au passage nos dirigeants et le système actuel. Il aborde ici plusieurs sujets sociaux, tels que la révolte des gilets jaunes, le deuil prématuré et la maltraitance des femmes. Il ne s’arrête pas au malheur, mais poursuit vers la reconstruction et sa réussite grâce aux rencontres, à l’acceptation, à l’entraide.
En lisant le résumé, j’avais peur de tomber dans le glauque dont pas grand monde n’a envie en ce moment… mais l’auteur a su éviter le piège du pathos. Chaque personnage est bien planté (normal pour un forestier) et le jeu d’assemblage des caractères est finement ciselé dans leur évolution. Le titre est un peu fort et risque de repousser, alors qu’en réalité, cette histoire est lumineuse, partant du quotidien, malheureusement ordinaire pour certains, pour s’ouvrir, offrant à chaque personnage un peu de lumière.
Par certains aspects, j’ai trouvé ce roman plus ouvert que les autres où jalousie, rancœur, sournoiseries, secrets de famille et règlements de comptes habitaient les montagnes, et ayant sur moi une tendance à me sentir enfermé dans la forêt et les comportements ancestraux de paysans bourrus.
Cela ne m’empêchait pas d’apprécier l’écriture poétique d’André que l’on retrouve ici beaucoup plus aérienne, plus fluide encore, comme dépouillée malgré le poids de l’histoire.
Derrière un aspect sombre, une histoire lumineuse et très humaine… un nouvel André Bucher à découvrir.
Une chronique à retrouver sur le blog de Dominique Lin
Ma première lecture d’André Bucher, ce fut « Le cabaret des oiseaux », un pur enchantement d’une intense poésie. Ce fut un gros coup de cœur, et j’ai aimé ensuite « Le pays qui vient de loin » et « Pays à vendre ». Ce dernier je lui ai acheté lors d’une dédicace à la Maison de la Presse de St Chély d’Apcher, pour une foire dans le village. Comme lui, j’aime ces régions propices à la poésie, à la contemplation de paysages; il vit dans la vallée du Jabron. Vous trouverez facilement des topos sur son parcours atypique et sur sa vie.
En tous cas, j’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver dans ce court roman ce qui m’a tant plu chez lui, à savoir son talent à parler de la nature ( et j’éviterai de parler de « nature writing », même si on retrouve chez cet écrivain les thèmes de cette veine littéraire américaine, l’échelle et les points de vue diffèrent ), c’est ce que je préfère dans ses livres. Je crois que j’aimerai lire un texte de lui sans présence humaine – s’il en existe un, je suis preneuse ! -. Néanmoins, André Bucher sait faire de très beaux portraits et ici j’adore Bernie; il est pour moi, humainement, le résultat du chagrin et de l’amour, amour vécu, perdu, chagrin installé mais pansé vaille que vaille par une vie dans les montagnes, entouré de nature; Bernie donne vie aux pages que j’ai préférées.
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Tous ces personnages vont interagir de près ou de loin, jusqu’à une fin lumineuse et réconfortante. Une fin qui laisse se dégager l’horizon des personnages, une autre vie, un autre lieu et d’autres espoirs.
Il en faut, du réconfort, car l’histoire se déroule en hiver, l’auteur évite ainsi l’image prévisible de la Haute Provence en été, la présentant plutôt dans sa réalité nue et crue de la mauvaise saison.
Et puis ça met en phase le décor et les humeurs des personnages, touchés par le chagrin, le deuil, la colère, le désir de vengeance, mais aussi la soif d’amour et de réconfort. Bernie sait donner de la compassion et de l’amitié autant aux êtres qu’aux arbres en souffrance, c’est en cela qu’il est mon préféré. Il offre un répit, une attention désintéressée. J’aime Bernie. Il fait à lui seul de ce livre un livre plein d’amour.
C’est un très beau livre, rugueux parfois et en même temps très sensuel, André Bucher traite ses personnages avec respect, tendresse et tient à distance les malfaisants d’une plume ferme sans haine stérile.
Lecture qui enveloppe la lectrice, ça se lit d’une traite.
La chronique est à retrouver en intégralité sur La livrophage
En 2015, après 43 ans de vie commune, Annie et Bernie se séparent. Leur mariage n’a pas résisté à la terrible épreuve du décès de leur fils un an auparavant. En 2018, quelque part dans les Alpes-de-Haute-Provence, alors que commence en France le mouvement social des Gilets Jaunes, Bernie croise par hasard Sylvain, un trentenaire militant dévasté par la mort de sa mère tuée accidentellement, sur un rond-point occupé, par Élodie. Édith, enfin, fuyant son compagnon violent, va, elle aussi, trouver Bernie sur son chemin.
Est-il possible de survivre à des événements aussi douloureux ? Le roman, inspiré de faits réels, dissèque différentes manières de souffrir puis de « tordre » la douleur. Peut-être aurait-il pu aller plus loin dans l’analyse du chagrin et de ses corollaires, la révolte ou la rancœur. Il use de quelques facilités aussi dans le lien tissé entre les personnages et dans les considérations sociétales qui les accompagnent sans évidente nécessité. Adouci par la douceur poétique de ses descriptions, au risque parfois de la « jolie phrase », le récit reste néanmoins poignant, faisant vibrer à l’unisson la nature et les personnages humains. Sombre au premier abord, ce roman se révèle finalement porteur d’un message lumineux et cicatrisant ! (C.H. et C.B.)
Une chronique à retrouver sur Les notes
Écrivain-paysan des moyennes montagnes, du sud de la Drôme où il a pris voilà 10 ans sa retraite d’agriculteur, André Bucher poursuit à Montfroc une brillante carrière d'écrivain en publiant aujourd’hui un dixième roman « Tordre la douleur », aux éditions « Le mot et le reste ».
Ce dernier opus est un de ces romans noirs, mélancoliques et douloureux que l’auteur nous a
habitués à aimer. Un roman fort, écrit d’une plume incandescente qui raconte la vie de personnages en proie à de douloureuses aventures intérieures et qui affrontent leurs démons en un huis clos fascinant.
Bernie et sa femme ne se remettront pas de la mort soudaine de leur fils. Sylvain et Élodie jouent de malchance lors des premiers remous du mouvement des gilets jaunes. Édith fuit vers l’inconnu,
après que son compagnon ait levé une fois de trop la main sur elle. Le hasard la mènera sur la route de Bernie, ermite devenu sauveur à travers lequel on croit reconnaitre l’auteur.
*Une fois de plus, avec sa langue rocailleuse et sonore, André Bucher nous envoûte d’une
dramaturgie particulièrement sombre.* En mettant à l’épreuve, lors d’une redoutable période
hivernale des êtres que rassemblent le chagrin, la solitude et la tendresse, l’auteur nous offre un roman sur la résilience. L’affliction des êtres fait écho à la nature sauvage, rude et belle des chemins de haute Provence, leur offrant un espoir de guérison, une chance de tordre la douleur.
« Tordre la douleur » est un roman qui se lit d’une traite, comme un polar, comme on écoute un morceau de blues. A déguster sans modération !
Cette chronique est à retrouver dans Le Dauphiné libéré